Le Parlement européen a adopté
par 416 voix pour, 75 voix contre et 164 abstentions une résolution sur les
femmes et les sciences.
Le rapport d’initiative avait été
déposé en vue de son examen en séance plénière par Mme Britta THOMSEN
(PSE, DK) au nom de la commission des droits de la femme et de l'égalité des
genres.
Le Parlement rappelle que la
recherche est un secteur essentiel pour le développement économique de
l'Union mais que les femmes constitue la proportion la plus faible de ce
secteur avec seulement 35% des chercheurs féminins dans le secteur public et à
peine 18% de femmes dans le secteur privé.
Face à ce constat, le Parlement
appelle les États membres à promouvoir la science comme un domaine
intéressant les deux sexes et notamment les femmes dès leur plus jeune âge.
Il estime qu’il est impératif de lutter fermement contre les stéréotypes
sexistes qui ont toujours cours dans le secteur de la recherche. Il encourage
les universités et les établissements d'enseignement supérieur à identifier
toutes les formes de discrimination dont seraient victimes implicitement les
femmes et d'y remédier.
Pour favoriser une meilleure
intégration des femmes dans le secteur de la recherche et de la science en
général, toute une série de mesures sont envisagées.
Ces mesures peuvent se résumer
comme suit :
- lutter contre les
stéréotypes : révision du modèle du "bon chercheur"
en identifiant des différences entres les carrières scientifiques des
hommes et des femmes et en soulignant que les chercheuses apportent une
contribution certaine au monde de la recherche ;
- mieux concilier vie
familiale et vie professionnelle : des mesures sont réclamées
pour leur proposer des horaires de travail flexibles, de meilleures
infrastructures de garde d'enfants, des conditions d'exercice améliorées
pour l’obtention d’un congé parental,… ;
- bourses d'études :
il faut que l’octroi des bourses d’études de doctorat respectent mieux
les dispositions nationales régissant le congé de maternité (en effet,
les conditions d'âge pour l'octroi de bourses désavantagent les jeunes
femmes qui sont mères ou qui ont à leur charge des personnes
dépendantes ; il faut donc prévoir que chaque année passée avec une
personne dépendante puisse donner droit à un délai supplémentaire pour
le dépôt d’une demande de bourse) ;
- recrutement de femmes aux
postes de décision : il faut revoir les procédures de
recrutement afin de favoriser la présence des femmes aux postes
supérieurs dans les universités et dans les rectorats (la Plénière suggère à cet égard que l'objectif européen de 25% de femmes aux postes à
responsabilité dans le secteur public de la recherche est trop peu
ambitieux et insuffisant : il faut donc que la parité entre les
sexes implique un taux de représentation des femmes d'au moins
40%) ; de même, il est suggéré d'opter pour des procédures de
recrutement plus transparentes et d'imposer une obligation de
participation équilibrée entre les hommes et les femmes dans les groupes
d'évaluation, les comités de sélection et tous les autres groupes et
comités désignés en matière de recherche, en retenant un objectif non
contraignant d'au moins 40% de femmes (et de 40% d’hommes) ;
- sensibilisation :
il faut sensibiliser la communauté scientifique et les décideurs
politiques à l'égalité des chances dans la science et la recherche (un
engagement des plus hauts responsables est considéré comme essentiel
pour réaliser l'égalité hommes/femmes dans la recherche, cet engagement
devant être exprimé sur les plans national et institutionnel) ; il
importe également que les universités, les établissements de recherche
et les entreprises privées mettent en œuvre des stratégies en faveur de
l'égalité ; il faut également engager les États membres à conduire des
actions de sensibilisation visant à informer les jeunes filles et à les
encourager à suivre des études universitaires et à obtenir des diplômes
scientifiques ;
- participation des femmes
aux programmes de recherche scientifique : la Commission est
appelée à veiller à ce que les programmes de recherche scientifique
tiennent compte de la participation des femmes en assurant une sensibilisation
ciblée aux questions de l'égalité entre les sexes pour les décideurs,
les membres des conseils consultatifs et des groupes d'évaluation ainsi
que les personnes qui rédigent les appels d'offres et les marchés ou
négocient les contrats ; il est également suggéré à la Commission
de s’assurer d'une représentation équilibrée d'hommes et de femmes dans
les soumissions présentées au titre du 7ème programme-cadre
et que les plans d'action en matière d'égalité hommes/femmes soient
élaborés au stade de la proposition et de l'évaluation du 7ème
programme-cadre ;
- promotion des carrières
professionnelles féminines dans les filières scientifiques : il
est proposé d'encourager les chercheuses à poursuivre les programmes
d'aide et de tutorat dans la mesure où le développement de structures d'aide
axées sur l'orientation de la carrière professionnelle et la fourniture
de conseils qui s'adressent aux femmes scientifiques, donnerait des
résultats très satisfaisants ; il faut en outre encourager une plus
grande participation des femmes dans des domaines tels que les
technologies, les sciences physiques, l'ingénierie, l'informatique ou
d'autres domaines ;
- politique salariale :
il faut favoriser une politique salariale plus juste vis-à-vis des
femmes scientifiques et octroyer des fonds de recherche spécifiquement
consacrés aux femmes afin de compenser le sous-financement des femmes
travaillant dans la recherche (cette même politique devant s’appliquer
aux subventions et aux bourses d'études) ;
- mise en réseau de femmes
scientifiques que ce soit aux niveaux national, régional et de
l'Union européenne ; des réseaux devraient être mis en place pour
renforcer la position des femmes et les inciter à participer au débat
politique en la matière.