OBJECTIF :
présenter un plan d'action pour l'Europe en vue de permettre de tirer profit
de l’évolution dans le domaine de l’internet des objets (IdO).
CONTEXTE :
l'internet ne cesse de se développer: alors qu'il y a 25 ans seulement on
comptait un millier d'internautes, aujourd'hui des milliards de personnes se
connectent à l'aide d'ordinateurs et de dispositifs portables. Une des étapes
décisives à présent est d'évoluer progressivement d'un réseau d'ordinateurs
interconnectés à un réseau d'objets interconnectés pour créer ainsi un
«internet des objets» (IdO), allant des livres aux voitures et des appareils
électriques à l'alimentation. Ces objets disposeront parfois de leur propre
adresse IP (Internet Protocol), seront intégrés dans des systèmes complexes
et utiliseront des capteurs pour obtenir des informations dans leur
environnement (par exemple, produits alimentaires enregistrant la température
tout au long de la chaîne d'approvisionnement) ou des actionneurs pour
interagir avec celui-ci (tels que des valves à air conditionné détectant la
présence humaine).
Comme le
décrit la présente communication, l'IdO n'est pas encore une réalité
tangible, mais plutôt une idée des possibilités offertes par un certain
nombre de technologies qui, ensemble, pourraient, dans les 5 à 15 prochaines
années, modifier en profondeur le mode de fonctionnement de nos sociétés.
Les applications IdO, de par leur étendue, devraient grandement contribuer à
répondre aux problèmes sociétaux d'aujourd'hui: à titre d’exemple, les
systèmes de surveillance de la santé apporteront des solutions en matière de
vieillissement de la population; les arbres connectés aideront à combattre la
déforestation; les voitures connectées aideront à réduire l'encombrement du
trafic et seront plus faciles à recycler, ce qui réduira leur empreinte
carbone. Cette interconnexion des objets physiques devrait accentuer l'impact
considérable déjà produit sur notre société par les communications en réseau
à grande échelle, et entraîner ainsi peu à peu un véritable changement de
modèle.
Le document
montre que l'IdO peut contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes,
en créant de nouveaux emplois plus qualifiés pour les travailleurs, des
débouchés et de la croissance pour les entreprises, et un élan pour la
compétitivité de l'Europe. Il est donc conforme aux initiatives plus
générales liées à la stratégie de Lisbonne et à l'optique actuelle en matière
d'initiatives pour l'après i2010. L'idée était apparue pour la première fois
dans la communication sur la RFID (Identification par radiofréquences) (COM(2007)0096).
Elle fait suite à l'invitation du Conseil à approfondir la réflexion sur la
mise au point d'architectures décentralisées, et à encourager une gouvernance
du réseau partagée et décentralisée, pour ce qui est de l'internet des objets.
CONTENU : la
Commission estime qu’en adoptant une approche volontaire, l'Europe pourrait
jouer un rôle de premier plan pour définir les modalités de fonctionnement de
l'IdO et qu’elle pourrait retirer les bénéfices qui en découlent en termes de
croissance économique et de bien-être individuel, faisant ainsi de l'internet
des objets un internet des objets pour les individus.
Le plan
d'action publié par la Commission se développe à
partir de ce constat et propose 14 étapes pour exploiter pleinement le potentiel
de cette nouvelle évolution :
- Gouvernance : la Commission sera à l'origine, dans toutes les instances
pertinentes, de débats et de décisions, qu'elle promouvra, sur: i) la
définition d'un ensemble de principes fondateurs de la gouvernance de
l'IdO; ii) la mise en place d'une «architecture» avec un niveau
suffisant de gestion décentralisée, qui permette aux pouvoirs publics du
monde entier d'exercer leurs responsabilités en matière de transparence,
de concurrence.
- Suivi
continu des questions relatives à la vie privée et à la protection des
données personnelles : la Commission a
récemment adopté une recommandation qui donne des orientations sur la
manière d'utiliser les applications RFID conformément aux principes de
respect de la vie privée et de protection des données. Elle a
l'intention de publier, en 2010, une communication plus générale sur le
respect de la vie privée et la confiance dans la société de
l'information omniprésente.
- Le
«silence des puces» : la Commission lancera
un débat sur les aspects techniques et juridiques du «droit au silence
des puces», mentionné par différents auteurs sous divers noms pour
exprimer l'idée que les individus devront pouvoir se déconnecter de leur
environnement réseau à tout moment.
- Définition
des risques émergents : la Commission
prendra des mesures, réglementaires ou non, pour fournir un cadre et
permettre à l'IdO d'apporter des solutions aux questions de confiance,
d'acceptation et de sécurité.
- Ressource
vitale pour l'économie et la société : la
Commission suivra attentivement l'évolution des infrastructures de l'IdO
et sa transformation en une ressource vitale pour l'Europe, notamment en
lien avec ses activités concernant la protection des infrastructures
stratégiques de l'information.
- Normalisation : la Commission examinera dans quelle mesure les mandats de
normalisation existants peuvent couvrir d'autres aspects liés à l'IdO ,
ou elle établira d'autres mandats, le cas échéant.
- Recherche
et développement : la Commission continuera
à financer des projets de recherche au titre du 7e PC dans le domaine de
l'IdO en mettant l'accent sur des domaines technologiques importants (ex
: microélectronique, composants sans silicium, technologies de
récupération de l'énergie, positionnement permanent, réseaux sans fil de
systèmes intelligents communicants, prise en compte du respect de la vie
privée et de la sécurité dans la conception et les logiciels d'émulation
du raisonnement humain).
- Partenariat
public-privé : la Commission constitue
actuellement quatre partenariats public-privé (PPP) dans lesquels l'IdO
peut jouer un grand rôle. Trois d'entre eux, les «voitures vertes», les
«bâtiments économes en énergie» et les «usines du futur», ont été
présentés par la Commission dans le cadre du plan
de relance. Le quatrième, «l'internet du futur», vise à continuer à
rassembler les efforts de recherche existants en matière de TIC en
relation avec l'évolution de l'internet.
- Innovation
et projets pilotes : la Commission cherchera
à promouvoir le déploiement d'applications IdO en lançant des projets
pilotes dans le cadre du PIC (ex : santé en ligne, accessibilité
numérique, changement climatique, aide à la réduction de la fracture
numérique).
- Sensibilisation
des institutions : la Commission informera
régulièrement le Parlement européen, le Conseil, le Comité économique et
social européen, le Comité des régions, le Groupe article 29 sur la
protection des données et toutes les autres parties concernées sur
l'évolution de l'IdO.
- Dialogue
international : la Commission entend
intensifier le dialogue avec ses partenaires internationaux sur tous les
aspects de l'IdO, en vue de convenir d'actions communes, de partager les
meilleures pratiques et de promouvoir les lignes d'actions qui figurent
dans la présente communication.
- La RFID dans les chaînes de recyclage : dans le cadre de son suivi régulier des entreprises de
gestion des déchets, la Commission lancera une étude pour évaluer les
difficultés inhérentes au recyclage des marqueurs, ainsi que les
avantages et les inconvénients de la présence de marqueurs pour le
recyclage des objets.
- Mesure de
l'acceptation : le suivi de l'introduction
des technologies IdO fournira des informations sur leur degré de
pénétration et permettra d'évaluer leur impact sur l'économie et sur la
société ainsi que l'efficacité des politiques communautaires en la
matière.
- Évaluation
de l'évolution : il convient de mettre en
place un mécanisme impliquant les différentes parties concernées au
niveau européen afin de: i) suivre l'évolution de l'IdO; ii) soutenir la
Commission dans la mise en œuvre des diverses actions; iii) évaluer les
mesures supplémentaires que les pouvoirs publics européens doivent
prendre. La Commission s'appuiera sur le 7e PC pour mener ces travaux,
en constituant un groupe représentatif de parties concernées
européennes, en assurant un dialogue régulier et en partageant les
meilleures pratiques avec d'autres régions du monde.
La Commission
entend jouer un rôle moteur dans cet effort et elle invite le Parlement
européen, le Conseil et toutes les parties concernées à travailler de concert
pour atteindre ces objectifs ambitieux, mais non moins réalisables.