Le Conseil a adopté des lignes
directrices relatives à la participation de l'Union européenne à la 4ème
conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés (PMA IV), qui se
tiendra à Istanbul du 9 au 13 mai 2011. En qualité de principal donateur mondial
en faveur des pays les moins avancés, l'UE estime qu'il conviendrait
d'examiner, à Istanbul, les 3 grands objectifs suivants:
- réduire la vulnérabilité et
la fragilité des pays les moins avancés et continuer à améliorer leur
aptitude à résister aux chocs;
- créer un climat propice au
développement durable des pays les moins avancés;
- promouvoir une croissance
économique compatible avec le développement durable et qui profite à
l'ensemble des pays les moins avancés.
Les messages clés du
Conseil pour la PMA IV peuvent se résumer comme suit :
- l'UE est résolue à œuvrer à
la réussite de la PMA IV et souhaite que celle-ci débouche sur des
résultats ambitieux, reposant sur un partenariat mondial pour le
développement, en vue d'accélérer l'élimination de la pauvreté, en
prévoyant des responsabilités et des obligations réciproques pour tous
les partenaires et en tenant dûment compte des enjeux mondiaux actuels
ainsi que des changements intervenus dans l'architecture de l'aide
mondiale depuis 2001 ;
- les résultats des grandes
conférences internationales sur le développement (en particulier réunion
plénière sur les OMD de 2010) constituent un cadre de référence
important pour la 4ème conférence sur les PMA. Le Conseil se
félicite notamment de la présentation par la Commission d’un document de
travail sur la « Position
de l'UE en vue de la 4ème conférence des Nations unies sur
les pays les moins avancés, qui se tiendra du 9 au 13 mai 2011 »,
dans lequel figurent des orientations importantes pour cette position de
l'UE ;
- l'UE est le principal
donateur mondial et a été le partenaire du développement qui a le
mieux réussi à remplir ses engagements, notamment en termes d'accès aux
marchés, de règles d'origine et d'allègement de la dette ; elle a par
ailleurs accompli des progrès notables en ce qui concerne l'aide
publique au développement et la cohérence des politiques en faveur du
développement. L'UE invite maintenant les autres donateurs à porter
leurs engagements à un niveau similaire au sien ;
- certains PMA ont enregistré
une croissance économique satisfaisante et de solides progrès en matière
de développement au cours des 10 dernières années. Il reste toutefois
beaucoup à faire, notamment en Afrique subsaharienne et dans les pays
sortant d'un conflit et connaissant une situation de fragilité. Les
enjeux mondiaux imposent que toutes les parties concernées assument une
responsabilité collective. Les PMA sont les premiers responsables de
leur propre développement. Dans ce contexte, ils doivent donner un
signal fort témoignant de leur détermination à apporter leur
contribution au maintien de taux de croissance élevés et à se départir
rapidement du statut de PMA ;
- l'UE souligne l'interdépendance
existant entre les progrès réalisés dans les PMA et les droits de
l'homme, l'égalité entre les hommes et les femmes, la démocratie et la
bonne gouvernance, la paix et la sécurité, ainsi que les politiques en
matière de climat, d'agriculture et d'énergie. La réduction de la
vulnérabilité de chaque PMA est fondamentalement liée au développement
durable et à une croissance profitant à tous, obtenue par la création
d'emplois, la finance accessible à tous et de véritables régimes de
protection sociale. Le secteur privé a un rôle déterminant à jouer
à cet égard. Les échanges commerciaux recèlent en outre un potentiel
considérable en tant que moteur de la croissance et de l'emploi. La
politique commerciale et l'aide au développement, y compris l'assistance
technique liée au commerce, doivent aller dans le même sens, et tirer
profit des synergies ;
- l'UE réaffirme sa volonté
d'accroître ses dépenses en matière d'aide pour les porter à 0,7% du RNB
d'ici 2015 et d'allouer au moins 50% des augmentations de l'aide
collective à l'Afrique ;
- tous les pays ont la
responsabilité d'aider les pays en développement à se sortir de la
pauvreté et à accomplir des progrès dans la réalisation des OMD. Les
progrès réalisés par les PMA sont étroitement liés à la qualité et à la
cohérence des politiques mises en œuvre par les partenaires du
développement. Il convient par conséquent de déployer des efforts
énergiques pour améliorer l'efficacité des mécanismes d'aide. Si, au
cours des 10 dernières années, l'UE a pour ainsi dire triplé le montant
de l'aide qu'elle alloue aux PMA, elle confirme l'engagement d'atteindre
collectivement l'objectif consistant à fournir entre 0,15 et 0,20% du
PNB aux PMA et invite les autres donateurs à faire de même. Les
économies émergentes devraient également apporter une contribution
équitable à l'aide accordée aux PMA ;
- toutes les autres sources de
financement disponibles pour le développement devraient également être
mobilisées, à commencer par les ressources internes. L'UE examine avec
beaucoup d'intérêt certaines propositions de mécanismes de
financement innovants possédant un important potentiel de génération
de recettes au profit des pays les plus pauvres et les plus
vulnérables ;
- l'UE plaide pour que la PMA
IV mette l'accent sur des domaines et des mesures susceptibles
d'apporter une valeur ajoutée au regard des besoins spécifiques des PMA,
tout en maintenant la cohérence avec les OMD.
Dans cet esprit, l'UE propose
que la priorité soit donnée aux questions suivantes lors de la PMA IV :
Réduction de la
vulnérabilité : l'UE considère que la réduction de la vulnérabilité
et de la fragilité des PMA, l'amélioration de leur aptitude à résister aux
chocs et le renforcement de leurs capacités constituent les éléments clés et
les priorités de leurs processus de développement. Il convient dès lors
d'examiner les questions suivantes:
- la transition de situations
de fragilité vers la paix et la sécurité, l'accent étant mis sur la
prévention et le règlement des conflits, la consolidation de la paix et
la construction de l'État;
- la volatilité excessive des
prix et la sécurité alimentaire, une attention particulière étant
accordée aux prix des denrées alimentaires et de l'énergie;
- la capacité des PMA à
s'adapter aux changements climatiques, notamment à travers une
croissance économique à faible taux d'émission de carbone et le recours
à des financements à mise en œuvre rapide et au Fonds de Copenhague pour
le climat;
- la diversification
économique, notamment par l'amélioration des capacités de production;
- le renforcement des capacités
sur le plan humain et institutionnel;
- la réduction des risques de
catastrophe.
Création d'un climat propice
au développement durable : l'UE est convaincue qu'il faut créer un
climat propice à un développement durable qui passe par le respect des droits
de l'homme, la démocratie et la bonne gouvernance, ainsi que par des
partenariats renforcés pour le développement. Il convient dès lors d'examiner
les 6 grandes questions suivantes:
- la promotion de la démocratie
et de la bonne gouvernance ;
- la mise en place, au niveau
national, de politiques et de conditions favorables à la mobilisation
des ressources internes et à l'exploitation des ressources
internationales en faveur du développement (y compris le renforcement de
régimes fiscaux efficaces et équitables) ;
- la mobilisation, par tous les
partenaires concernés, des ressources internationales en faveur du
développement ;
- le renforcement des effets
des envois de fonds sur le développement économique et social, notamment
par la réduction des frais de transaction et l'amélioration de la
sécurité des transferts ;
- le maintien d’un niveau
d'endettement supportable pour soutenir la croissance et réaliser les
objectifs nationaux de développement ;
- la cohérence des politiques
publiques, tant dans les pays développés que dans les pays en
développement.
Promotion d'une croissance
économique durable qui profite à tous : pour l'UE, une croissance
économique durable et plus diversifiée, créant des emplois et profitant à
l'ensemble de la population constitue un aspect important d'un développement
durable qui bénéficie à tous. Il convient à cet égard d'examiner les 5
grandes questions suivantes:
- le développement de capacités
de production en phase avec les besoins du marché, par l'apport d'un soutien
aux infrastructures, le soutien à l'agriculture, l'accès aux moyens de
production et au crédit, le soutien au régime foncier et le transfert de
technologies;
- l'intégration économique
mondiale et régionale des PMA en particulier l'accès aux marchés ;
- la viabilité environnementale
et une économie verte, y compris une gestion et une gouvernance de bonne
qualité des ressources naturelles et une gestion durable des activités
de pêche ;
- une croissance qui profite à
tous, l'accent étant mis sur les populations les plus vulnérables ;
- des contributions des
secteurs privé et public.
Il sera important de recourir à
des procédures de suivi et d'évaluation légères reposant sur les structures
existantes pour la suite à donner aux résultats de la 4ème
conférence sur les PMA. À cet égard, l'UE engage tous les partenaires de la
communauté internationale à convenir de la création d'un mécanisme
permettant, en cas d'urgence, d'accorder d'une façon plus systématique des
concessions et un soutien aux pays qui viennent de quitter le groupe des PMA,
afin de rendre ce processus plus attrayant et d'encourager les PMA à
redoubler d'efforts pour sortir plus rapidement de ce groupe.