OBJECTIF : lutter contre
l’abandon scolaire dans le cadre de la stratégie
Europe 2020.
CONTEXTE : en 2009, plus
de 6 millions de jeunes (14,4% de tous les jeunes de 18 à 24 ans en Europe)
ont quitté l’éducation ou la formation en n’ayant accompli que le premier
cycle de l’enseignement secondaire ou un niveau inférieur. Plus inquiétant
encore, 17,4% n’ont suivi qu’un enseignement primaire.
L’abandon scolaire est synonyme
de chances perdues pour les jeunes et de perte de potentiel pour la société
et l’économie de l’Union européenne dans son ensemble :
- au niveau des individus,
les conséquences de l’abandon scolaire influent sur les personnes tout
au long de leur vie et réduisent leurs chances de participer à la vie
sociale, culturelle et économique de la société. Elles augmentent le
risque de chômage et se répercutent sur les rémunérations perçues au
cours de leur carrière et sur leur santé ainsi que sur celle de leurs
enfants (la Commission indique qu’en 2009, 52% des jeunes ayant
abandonné l’école prématurément dans l’Union étaient sans emploi ou
exclus du marché de l’emploi) ;
- pour l’économie et la
société dans leur ensemble, des taux élevés d’abandon scolaire ont
des effets à long terme sur l’évolution de la société et sur la
croissance économique. Les personnes ayant abandonné l’école
prématurément ont tendance à moins participer aux processus
démocratiques et sont des citoyens moins actifs. La Commission précise à
cet effet que le fait de réduire de 1% le taux européen moyen
d’abandon scolaire permettrait à l’économie européenne de disposer
chaque année de presque un demi-million supplémentaire de jeunes
travailleurs qualifiés potentiels.
Il convient donc de réagir au
niveau approprié. C’est la raison pour laquelle la Commission propose une
stratégie destinée à lutter contre l’abandon scolaire, en tant que
contribution à la stratégie «Europe 2020».
CONTENU : la présente
communication analyse les répercussions de l’abandon scolaire sur les
personnes, la société et les économies, en décrit les causes et donne un
aperçu des mesures qui sont ou seront prises au niveau de l’UE pour traiter
le problème. Elle est accompagnée d’une proposition de recommandation du
Conseil et d’un document de travail de la Commission qui présentent un cadre
pour des stratégies globales que les États membres pourront utiliser dans
l’élaboration de politiques efficaces de réduction de l’abandon scolaire,
ainsi que des exemples détaillés des mesures existantes.
Les causes de l’abandon
scolaire : les raisons pour lesquelles les jeunes quittent
prématurément l’école dépendent fortement des individus. Certains groupes
dans la société sont particulièrement touchés par l’abandon scolaire,
notamment les personnes issues des milieux socioéconomiques les plus pauvres
et des groupes vulnérables (jeunes provenant de l’assistance publique,
personnes souffrant de handicaps physiques ou mentaux et jeunes issus de
l’immigration). L’abandon scolaire est influencé par des facteurs éducatifs,
des situations individuelles et des conditions socioéconomiques. Plutôt que
d’un événement isolé, il s’agit d’un processus. Celui-ci débute souvent dès
l’enseignement primaire, avec les premiers échecs scolaires et une
distanciation croissante vis-à-vis de l’école. Les transitions entre écoles
et entre différents niveaux d’éducation sont particulièrement difficiles pour
les élèves menacés de décrochage scolaire. Souvent, les systèmes d’éducation
et de formation ne fournissent pas un soutien suffisamment ciblé pour que les
élèves puissent surmonter leurs difficultés émotionnelles, sociales ou
éducatives et poursuivent leur éducation ou leur formation. L’abandon
scolaire soulève par ailleurs des questions d’égalité des sexes qui
requièrent plus d’attention (dans l’UE, 16,3% des garçons quittent l’école
prématurément, contre 12,5% des filles). L’abandon scolaire est aussi lié à
des problèmes géographiques : dans certains États membres, il s’agit d’un
phénomène majoritairement rural alors que dans d’autres, il touche surtout
les zones défavorisées des grandes villes.
Face à ces différentes causes,
des stratégies de lutte contre l’abandon scolaire doivent s’appuyer sur une
analyse des spécificités nationales, régionales et locales du phénomène. De
fortes disparités entre les niveaux de décrochage scolaire peuvent révéler
des problèmes structurels dans certaines zones géographiques ou certaines
filières éducatives.
Stratégie de lutte contre
l’abandon scolaire : pour la Commission, des politiques globales de
lutte contre l’abandon scolaire devraient mettre l’accent sur la
prévention, l’intervention et la compensation :
- la prévention a pour
but d’éviter l’instauration de conditions susceptibles de favoriser le
déclenchement de processus aboutissant au décrochage scolaire. Un
renforcement de la participation à une éducation et un accueil
préscolaires de bonne qualité a été reconnu comme l’une des mesures les
plus efficaces pour fournir un bon départ aux enfants. Toutefois, il
convient d’améliorer l’accès à l’éducation et aux services d’accueil
préscolaires de qualité. D’autres mesures préventives concernent le soutien
linguistique systématique des élèves issus de l’immigration, une
politique de déségrégation active qui améliore la diversité sociale,
ethnique et culturelle dans les écoles, permet un meilleur apprentissage
par les pairs et favorise l’intégration, ou encore le soutien ciblé aux
écoles défavorisées. D’autres obstacles potentiels à la réussite du
parcours scolaire peuvent être éliminés par l’amélioration de la qualité
et du statut des filières d’enseignement professionnel ;
- l’intervention
s’attaque aux difficultés émergentes à un stade précoce et vise à
empêcher ces dernières de provoquer un décrochage scolaire. Les mesures
d’intervention peuvent être centrées sur l’ensemble de l’école ou de
l’organisme de formation ou peuvent s’adresser individuellement à des
élèves. Les mesures concernant l’ensemble de l’école visent à améliorer
le climat scolaire et la création d’environnements d’apprentissage
favorables. Des systèmes d’alerte rapide et une meilleure coopération
avec les parents peuvent constituer une forme efficace d’aide aux élèves
à risque. En outre, la mise en réseau avec des intervenants en dehors de
l’école et l’accès aux réseaux d’aide locaux s’avèrent hautement
efficaces pour apporter les soutiens adéquats. Les mesures centrées sur
les élèves sont axées sur le parrainage et le tutorat, les méthodes
d’apprentissage personnalisées, une meilleure orientation et un soutien
financier, par exemple des allocations scolaires ;
- les mesures de
compensation offrent des opportunités d’éducation et de formation
aux élèves qui sont sortis du système scolaire. Elles peuvent prendre la
forme d’aides financières ou d'autres types de soutiens et visent à
favoriser la réinsertion des jeunes dans l’enseignement ordinaire ou à
proposer une «seconde chance». Les approches fructueuses dans les
dispositifs de la deuxième chance diffèrent considérablement de celles
des écoles ordinaires en s’attaquant aux difficultés rencontrées par les
élèves dans l’enseignement général. Toutefois, il a été démontré que la
prévention de l’abandon scolaire a de meilleurs résultats que la
compensation des effets négatifs liés à cet abandon. L’expérience de
l’échec, le manque de confiance en soi en matière d’apprentissage et la
multiplication des problèmes sociaux, émotionnels et éducatifs
qu’entraîne un abandon scolaire réduisent les chances d’obtenir une
qualification et d’achever ses études.
Afin de mieux soutenir les
États membres dans l’élaboration de politiques nationales efficientes pour
lutter contre l’abandon scolaire, plusieurs mesures et instruments, offrant
une approche globale face à ce défi à multiples facettes, sont proposées :
- une proposition de recommandation
du Conseil concernant les politiques de réduction de l’abandon scolaire,
accompagnée d’un document de travail des services de la Commission, qui
vise à aider les États membres à innover et à mettre au point des
stratégies ayant un impact important et un rapport coûts-bénéfices
satisfaisant. Il est proposé que la recommandation fixe un cadre
européen commun pour des politiques performantes et efficaces de lutte
contre l’abandon scolaire et que les États membres adoptent des stratégies
nationales globales de lutte contre l’abandon scolaire d’ici à 2012,
conformément à leurs objectifs nationaux ;
- une communication de la
Commission sur l’éducation et l’accueil de la petite enfance, qui
sera adoptée en 2011, soulignera le fait que les systèmes d’éducation et
d’accueil des jeunes enfants peuvent contribuer à poser les bases de
l’apprentissage tout au long de la vie comme meilleur moyen de lutter
contre les inégalités par l’éducation, et donc à prévenir efficacement
l’abandon scolaire ;
- une communication sur une
nouvelle stratégie européenne pour l'intégration destinée à appuyer
les politiques des États membres en matière d’intégration. Afin
d’améliorer les résultats scolaires des élèves issus de l’immigration,
la nécessité de lutter contre l'abandon scolaire devrait également être
prise en compte dans ce contexte ;
- l’enseignement et la
formation professionnels (EFP) peuvent constituer des instruments de
choix pour éviter la sortie précoce des jeunes du système
d'enseignement. Les ministres de l’éducation se sont entendus sur une
stratégie ambitieuse de modernisation de l’EFP, qui inclut une action
spécifique visant à réduire la sortie prématurée de l’éducation ou de la
formation professionnelle ;
- un critère de référence
pour mesurer l’employabilité des jeunes sera proposé par la
Commission début 2011. L’augmentation de l’employabilité des jeunes est
essentielle à l’amélioration de leurs perspectives d’emploi et de leur
future carrière, et donc à leur totale implication dans l’éducation et la
formation ;
- un groupe de décideurs au
niveau européen, représentant différents États membres, accompagnera
la mise en œuvre de la recommandation du Conseil et soutiendra la
Commission et le Conseil dans le suivi des évolutions dans les États
membres et au niveau européen. Le groupe aidera à déterminer des mesures
et pratiques efficaces pour faire face aux défis communs des États
membres, soutenir l’échange d’expériences et contribuer à la formulation
de recommandations politiques mieux ciblées ;
- des débats ministériels et
les discussions officielles de haut niveau se poursuivront et des
événements à haute visibilité tels que les conférences de la
Commission ou de la présidence continueront à être organisés.Ils
contribueront de manière importante aux discussions en cours et
favoriseront l’adoption de nouvelles stratégies et mesures
efficaces ;
- le programme pour
l’éducation et la formation tout au long de la vie et les programmes
connexes pour la recherche et l’innovation seront plus intensivement
utilisés pour soutenir l’expérimentation et les approches innovantes en
matière de réduction de l’abandon scolaire. Cela permettra l’échange
d’expériences et de bonnes pratiques au niveau des organismes
d’enseignement et de formation en matière de décrochage scolaire. Les
priorités de financement pour 2011 comprennent la réduction de l’abandon
scolaire, l’amélioration de l’apprentissage des élèves issus de
l’immigration et la valorisation de l’égalité des sexes et des méthodes
d’enseignement inclusives ;
- les Fonds structurels
européens, notamment le Fonds social européen et le Fonds européen
de développement régional, constituent de très importantes
sources de financement des mesures prises au niveau national et régional
pour la réduction de l’abandon scolaire. Le cadre politique européen
commun contenu dans la recommandation du Conseil rendra les
investissements au titre des Fonds structurels européens plus précis et
plus rigoureux et renforcera donc leur rapport coût-efficacité dans la
lutte contre l’abandon scolaire.