AVIS DU CONTRÔLEUR EUROPÉEN DE LA PROTECTION DES DONNÉES sur la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social et au Comité des régions intitulée «Une approche globale de la protection des données à caractère personnel dans l’Union européenne».
Le CEPD est favorable sans réserve à l’approche globale de la protection des données. Il déplore cependant que la communication exclue certains domaines, tels que le traitement de données par les institutions et organes de l’UE, de l’instrument juridique général. Si la Commission décidait de ne pas inclure ces domaines, le CEPD l’invite à adopter une proposition au niveau européen aussi rapidement que possible, de préférence au plus tard fin 2011.
Le CEPD approuve dans l’ensemble la communication de la Commission. Il estime que la révision du cadre juridique actuel pour la protection des données est nécessaire pour garantir une protection efficace dans une société de l’information en constant développement et de plus en plus mondialisée. Il partage l’avis de la Commission selon lequel un solide système de protection des données restera nécessaire à l’avenir, étant admis que les principes généraux existants de protection des données restent valables dans une société en profonde mutation.
Dans la perspective d’un nouveau cadre pour la protection des données, le CEPD appelle à une approche plus ambitieuse sur un certain nombre de points :
1) Harmonisation et simplification : le CEPD estime qu’une harmonisation améliorée et renforcée est urgente dans les domaines suivants: définitions, motifs de traitement des données, droits des personnes concernées, transferts internationaux et autorités chargées de la protection des données.
Le CEPD suggère d’envisager les options suivantes pour simplifier et/ou réduire la portée des obligations de notification:
Selon le CEPD, un règlement, un instrument unique directement applicable dans les États membres, est le meilleur moyen de protéger le droit fondamental à la protection des données et de parvenir à une meilleure convergence au sein du marché intérieur.
2) Renforcer les droits des personnes : tout en soutenant la proposition de la communication de renforcer les droits des personnes, le CEPD formule les suggestions suivantes:
3) Renforcer les obligations des responsables de traitement : le nouveau cadre doit contenir des mesures incitant les responsables du traitement à inclure à titre préventif des mesures de protection des données dans leurs processus opérationnels. Le CEPD propose i) l’introduction de dispositions générales sur la responsabilité («accountability») et la prise en compte du principe de respect de la vie privée dès la conception («privacy by design») ; ii) l’introduction d’une disposition sur les systèmes de certification du respect de la vie privée.
4) La mondialisation et le droit applicable : un nouvel instrument juridique doit préciser les critères qui déterminent le droit applicable. Il convient de s’assurer que les données traitées dans des pays tiers n’échappent pas à la juridiction de l’UE lorsqu’il existe une demande justifiée d’appliquer le droit de l’UE. Le CEPD soutient l’objectif visant à garantir une approche plus uniforme et plus cohérente vis-à-vis des pays tiers et des organisations internationales. Des règles d’entreprise contraignantes devraient être incluses dans l’instrument juridique.
5) Le secteur de la police et de la justice : un instrument général englobant le secteur de la police et de la justice pourrait autoriser l’inclusion de règles spéciales, qui prennent dûment en compte les spécificités de ce secteur, conformément à la déclaration 21 annexée au traité de Lisbonne. Des garanties spécifiques doivent être mises en place afin d’offrir une compensation aux personnes concernées en leur assurant une protection supplémentaire dans un domaine où le traitement de données à caractère personnel est par essence plus intrusif.
6) Les autorités chargées de la protection des données (APD) et la coopération entre les APD : le CEPD soutient pleinement l’objectif de la Commission de trancher la question du statut des APD, et plus explicitement de renforcer leur indépendance, leurs ressources et leurs pouvoirs de mise en œuvre de la législation.
Le CEPD suggère de renforcer le rôle consultatif du groupe de travail «Article 29», en introduisant une obligation, pour les APD et la Commission, de tenir le plus grand compte des avis et positions communes adoptés par le groupe du groupe de travail. Il invite en outre la Commission à se positionner aussi rapidement que possible sur la question de la supervision des organes de l’UE et de systèmes d’informations européens à grande échelle. Il soutient à cet égard le modèle de «supervision coordonnée».
Le CEPD suggère également les améliorations suivantes dans le cadre du système actuel: