Recommandations au Conseil, à la Commission et au SEAE sur les négociations concernant l'accord d'association UE-Ukraine
2011/2132(INI)
La commission des
affaires étrangères a adopté le rapport
dinitiative de Ryszard Antoni LEGUTKO (ECR, PL) contenant les
recommandations du Parlement européen au Conseil, à la
Commission et au SEAE sur les négociations concernant l'accord
d'association UE-Ukraine.
Les
députés rappellent que le futur accord d'association avec
l'Ukraine annonce une nouvelle génération d'accords,
conformément à l'article 217 du traité sur le
fonctionnement de l'Union européenne, offrant ainsi un niveau
d'intégration inédit entre l'Union européenne et un
pays tiers.
Les
députés indiquent au passage que la situation politique
actuelle en Ukraine, en particulier dans le domaine des
libertés civiles et de l'état de droit, est contraire
à l'esprit de l'accord d'association UE-Ukraine en cours de
négociation. Ainsi, la sentence du 11 octobre 2011, condamnant
Ioulia Timochenko, ancienne première ministre de l'Ukraine,
à 7 ans d'emprisonnement, et les procès intentés
à d'autres ministres ont suscité de vives
inquiétudes au sein de l'Union et sont généralement
considérés comme des actes de représailles ou comme
participant d'une tentative dempêcher ces personnes de
se présenter aux élections à venir. Cest la
raison pour laquelle, les députés réclament de
claires balises en vue dorienter le futur accord vers des
avancées notables en matière de droits de
lhomme.
En
conséquence, ils appellent le Parlement européen à
faire les recommandations suivantes au Conseil, à la
Commission et au SEAE:
accomplir les
progrès nécessaires pour parapher rapidement un accord
d'association UE-Ukraine, de préférence, et si possible,
d'ici la fin 2011 ; garantir par ailleurs, conformément
aux demandes formulées par le Parlement dans sa résolution
du 27 octobre 2011, que cette initiative majeure du partenariat
oriental aille de pair avec des engagements de l'Ukraine quant
à la conduite des réformes indispensables et au
renforcement des valeurs démocratiques, des droits de l'homme
et de l'état de droit ;
reprogrammer la
rencontre avec le président Ianoukovitch, récemment
reportée, avant le sommet UE-Ukraine prévu en
décembre 2011, et s'attacher à ce que le Conseil signe
l'accord au cours du premier semestre 2012 ; mettre à la
disposition du Parlement européen et des parlements nationaux
toutes les pièces nécessaires au processus de
ratification, au plus tard fin 2012.
Aspects
institutionnels/dialogue politique : dans ce domaine, les
députés demandent :
des mesures de
sauvegarde claires et un mécanisme de suspension temporaire
éventuel s'appliquant à l'ensemble de l'accord
d'association dans le cas où ses principes essentiels et
fondamentaux ne seraient pas observés ou seraient violés
délibérément ;
que les
autorités de ce pays mettent la situation politique, juridique
et administrative du pays en conformité avec ce qui a
été convenu dans le cadre du programme d'association,
respectent de l'état de droit en tant que principes
fondamentaux dans les relations entre l'Union et l'Ukraine et
sassurent que Ioulia Timochenko et les autres responsables
de l'opposition soient autorisés à exercer leur droit
à participer pleinement au processus politique;
une
réforme globale du système judiciaire,
conformément aux normes européennes, pour empêcher
l'utilisation sélective de la justice et garantir que les
procédures soient menées en toute indépendance,
équité, impartialité et transparence et dans le
respect des règles de l'état de droit afin qu'elles ne
puissent pas être utilisées à des fins
politiques;
que les
autorités ukrainiennes bénéficient dune aide,
dans le processus de réforme de la Constitution et de la loi
électorale du pays, conformément aux propositions
formulées par la Commission de Venise et l'OSCE/BIDDH;
un mécanisme
global entre le Parlement et le SEAE dans l'accord d'association,
de manière à disposer d'informations exhaustives et
régulières sur l'état d'avancement de la mise en
uvre de l'accord, et notamment de ses objectifs principaux.
Ce mécanisme devrait comporter les éléments
suivants: i) des informations sur les actions et les positions de
l'Union en ce qui concerne la mise en uvre de l'accord; ii)
des rapports d'avancement élaborés par le SEAE
présentant les résultats des mesures mises en uvre
par l'Union et l'Ukraine et mettant l'accent sur la situation des
droits de l'homme, de la démocratie et de l'état de droit
dans le pays;
des dispositions
en matière de conditionnalité sur la protection et la
promotion des droits de l'homme, qui reflètent les normes
internationales et européennes les plus élevées, en
faisant pleinement usage du cadre de l'OSCE.
Coopération
économique et sectorielle : dune manière
générale, les députés demandent le
renforcement de la coopération énergétique entre
l'Ukraine et l'UE dans le cadre de l'accord. Ils appellent
notamment à la conclusion de nouveaux accords UE-Ukraine pour
sécuriser l'approvisionnement en énergie des deux
partenaires, notamment par un système d'acheminement du
pétrole et du gaz fiable et diversifié et un
mécanisme commun de réaction permettant de parer aux
éventuelles perturbations ou aux ruptures d'approvisionnement
en gaz et en pétrole en provenance de la Russie. Ils notent
toutefois que, si la libéralisation des services et des
investissements dans le secteur de l'énergie profite à
l'Union, il peut se révéler risqué de prendre des
engagements à l'égard de certains services
énergétiques dans la mesure où les gros
opérateurs du secteur contrôlant les entreprises
ukrainiennes pourraient utiliser l'accord de libre-échange
pour prendre le contrôle des réseaux de transmission de
l'UE. Ils demandent dès lors l'adoption de mesures visant
à renforcer la sécurité énergétique de
l'Union et de l'Ukraine par la mise en place de mécanismes
bilatéraux d'alerte précoce et de prévention des
interruptions dans l'approvisionnement en énergie et en
matières premières. Ils demandent également que
l'accord d'association reflète les normes environnementales
les plus exigeantes, en se fondant sur la stratégie pour la
région du Danube et en appelant l'Ukraine à participer
à la stratégie de l'UE pour la mer Noire.
Parallèlement, ils appellent lUE à fournir
l'assistance technique nécessaire dans le secteur
énergétique, afin d'aider l'Ukraine à sensiblement
améliorer et moderniser son réseau électrique et son
efficacité énergétique.
Questions
commerciales : les députés reconnaissent les
efforts substantiels accomplis par le gouvernement ukrainien dans
la réduction générale des obstacles, l'adaptation
des indications géographiques, l'application des mesures
sanitaires et phytosanitaires (SPS), la concurrence et les
obstacles techniques au commerce (OTC). Ils estiment cependant que
les résultats sont très limités dans le cadre des
négociations sur la zone de libre-échange approfondi et
complet dans des domaines comme l'investissement, les services,
l'agriculture, l'énergie et les barrières à
l'exportation. Ils appellent dès lors à une série de
mesure dans des domaines tels que le bien-être animal, le
démantèlement tarifaire complet dans tous les secteurs
industriels, sans listes négatives ni quotas à
l'importation, la modernisation des infrastructures, en particulier
dans les secteurs de l'énergie et des transports, des
améliorations en ce qui concerne le remboursement de la TVA
aux exportateurs, les opérations de dédouanement et les
procédures d'autorisation à l'importation,
lélimination de la bureaucratie et la lutte contre la
corruption, la mise en uvre de procédures fiables,
notamment pour les PME, lamélioration des règles de
propriété intellectuelle, lamélioration du
climat des investissements en Ukraine pour les investisseurs
étrangers, le renforcement de la protection des normes du
travail, etc. Les députés demandent également
l'adoption d'une décision autorisant l'application
provisoire des dispositions de l'accord de libre-échange,
élément fondamental de l'accord d'association, avant son
entrée en vigueur.
Justice,
liberté et sécurité : les députés
appellent à l'instauration d'un régime d'exemption de
visas entre l'Ukraine et l'UE. En tant que mesure
intermédiaire, ils appellent à la suppression des frais
de visas notamment dans la perspective du championnat d'Europe de
football (en profitant par exemple de cette occasion pour tester un
régime sans visas). Ils demandent en outre le renforcement du
potentiel de l'Ukraine en tant que partenaire clé pour la
gestion des flux migratoires et appellent à
lintégration d'urgence, dans l'accord d'association, de
dispositions en matière de lutte contre la fraude et la
contrebande de produits soumis à accises, en vue de lutter
contre le commerce illicite des produits du tabac.