Moderniser les systèmes d'enseignement supérieur en Europe
OBJECTIF : proposer un cadre général pour assurer la modernisation des systèmes denseignement supérieur en Europe.
CONTEXTE : la stratégie Europe 2020, ses initiatives phares et les nouvelles lignes directrices intégrées placent la connaissance au cur des efforts de lUnion pour atteindre une croissance intelligente, durable et inclusive. Á cet effet, léducation, et notamment lenseignement supérieur et ses liens avec la recherche et linnovation, joue un rôle fondamental dans les progrès des individus et de la société, et dans la formation du capital humain hautement qualifié. Les établissements denseignement supérieur sont donc des partenaires essentiels dans la mise en uvre de la stratégie de lUnion européenne pour stimuler et préserver la croissance.
En dépit dun contexte difficile pour lemploi, consécutif à la crise économique, lenseignement supérieur représente un choix judicieux. Toutefois, la capacité des établissements européens denseignement supérieur à remplir leur rôle dans la société et à contribuer à la prospérité de lEurope demeure sous-exploitée. Alors quà lhorizon 2020, 35% de lensemble des emplois dans lUE exigeront des qualifications élevées, seulement 26% de la main-duvre possède actuellement un titre de lenseignement supérieur. Par ailleurs, lUE accuse toujours un retard en ce qui concerne la part des chercheurs dans la population active totale: 6%, contre 9% aux États-Unis et 11% au Japon.
Pour combler ce déficit, des mesures simposent au niveau tant national et européen, car même si la principale responsabilité de la mise en uvre des réformes dans lenseignement supérieur incombe aux États membres, le processus de Bologne, le projet de modernisation pour les universités de lUE et la création de lEspace européen de la recherche montrent que les défis et les réponses stratégiques transcendent les frontières nationales.
Cest ce que préconise la présente communication.
CONTENU : en vue doptimiser la contribution des systèmes denseignement supérieur européens à une croissance intelligente, durable et inclusive, la Commission estime que des réformes doivent être menées dans les domaines principaux suivants :
- augmentation du nombre de diplômés de lenseignement supérieur à tous les niveaux;
- amélioration de la qualité et de la pertinence du développement du capital humain dans lenseignement supérieur;
- création de mécanismes efficaces de gouvernance et de financement à lappui de lexcellence;
- renforcement du triangle de la connaissance formé de léducation, de la recherche et des entreprises ;
- accroissement de la mobilité internationale des étudiants, des chercheurs et du personnel.
La communication recense dans ce contexte les questions stratégiques clés pour les États membres et les établissements denseignement supérieur qui veulent optimiser leur contribution à la croissance et à lemploi en Europe.
Elle propose également une série de mesures spécifiques européennes en vue de soutenir les efforts de modernisation par les pouvoirs publics et les établissements. Ces mesures sont exposées ci-après :
Mesures proposées au niveau de lUE : lUnion devrait faire un meilleur usage des outils disponibles dans le domaine de lenseignement supérieur, notamment du cadre pour la coopération européenne dans le domaine de léducation et de la formation «Éducation et formation 2020». La Commission peut soutenir la transparence et lexcellence à travers lanalyse des politiques sur la base de données probantes. Elle peut soutenir la mobilité des apprenants, des enseignants et des chercheurs, ainsi que la coopération stratégique entre les établissements européens, et, dans un contexte daccélération de la course mondiale aux talents, offrir un cadre commun de soutien aux relations entre lenseignement supérieur européen et le reste du monde.
En ce qui concerne le financement, le cadre financier pluriannuel 2014-2020 offrira loccasion de sassurer que les instruments et les politiques de lUE en particulier en matière déducation, de recherche, demploi, dentrepreneuriat, de migration et de cohésion interagissent de manière efficace pour soutenir la modernisation de lenseignement supérieur.
Des détails sont exposés dans la communication sur chacune des priorités évoquées ci-avant. Elles peuvent se résumer comme suit :
1) améliorer les données : dans ce domaine, la Commission :
- lancera loutil U-Multirank: un nouvel outil de classement et dinformation fondé sur les performances, dont le but est détablir le classement des établissements denseignement supérieur ;
- améliorera, en coopération avec Eurostat, les données sur la mobilité à des fins dapprentissage et sur laptitude à lemploi associée à lenseignement supérieur en Europe ;
- formulera des orientations et des recommandations spécifiques sur le renforcement des compétences de base et transversales et sur la lutte contre linadéquation des compétences;
- analysera, en coopération avec les États membres et les parties prenantes, limpact de différentes démarches de financement sur la diversification, lefficacité et léquité des systèmes denseignement supérieur, ainsi que sur la mobilité des étudiants.
2) encourager la mobilité : les mesures préconisées visent à :
- améliorer la reconnaissance des études effectuées à létranger, en renforçant le système européen de transfert de crédits denseignement (ECTS) ;
- proposer un programme de mobilité dans le cadre dErasmus au niveau master (Erasmus Masters Degree Mobility Scheme), à travers un instrument de caution pour les prêts étudiants au niveau européen, opérationnel à compter de 2014;
- contribuer, dans le contexte de lEspace européen de lenseignement supérieur, au renforcement des synergies entre les processus de lUE et les processus intergouvernementaux;
- soutenir lanalyse du potentiel de flux de mobilité des étudiants, notamment dans le cadre du processus de Bologne ;
- favoriser le cadre européen pour les carrières scientifiques afin dencourager la mobilité transnationale des chercheurs, daider ces derniers à repérer les offres demploi et daider les employeurs à trouver les candidats appropriés ;
- adopter, dici fin 2011, un programme stratégique en matière dinnovation, dessinant lavenir et les priorités de lEIT ;
- renforcer, au sein des actions Marie Curie, un programme de doctorats industriels européens;
- proposer un cadre de qualité pour les stages afin daider les étudiants et les diplômés à acquérir les connaissances pratiques nécessaires pour le monde du travail.
3) soutenir linternationalisation de lenseignement supérieur européen : la Commission :
- fera en sorte que lUE soit envisagée comme destination détudes et de recherche pour les meilleurs talents du monde entier, en soutenant lélaboration et le déploiement de stratégies dinternationalisation par les établissements denseignement supérieur européens ;
- favorisera les relations en matière denseignement supérieur avec les partenaires extérieurs de lUE;
- fera usage des partenariats pour la mobilité existants afin daméliorer et faciliter les échanges entre étudiants et entre chercheurs ;
- proposera des amendements aux directives relatives aux étudiants et aux chercheurs, afin de rendre lUE plus attrayante pour les ressortissants talentueux des pays tiers ;
- renforcera le suivi des doctorants issus de pays tiers en tant que pourcentage de lensemble des doctorants.
4) renforcer les effets sur le long terme et la complémentarité du financement de lUE : la Commission propose dacheminer linvestissement de lUE dans lenseignement supérieur à travers trois principaux mécanismes de financement du CFP 2014-2020:
1. Europe éducation: le programme unique en faveur de léducation, de la formation et de la Jeunesse : Commission proposera un programme unique pour léducation, la formation et la jeunesse, avec des volets et une gestion simplifiés. Le programme consacrera ses dépenses principalement à des priorités telles que la qualité et linnovation dans lenseignement, le renforcement des liens avec le monde du travail, et une meilleure reconnaissance des compétences acquises grâce à la mobilité. Il contribuera notamment à la réalisation de lobjectif de mobilité de 20% du processus de Bologne.
2. Horizon 2020: le programme-cadre pour la recherche et linnovation : le nouveau programme «Horizon 2020» couvrira lensemble du financement pertinent de la recherche et de linnovation de lUE actuellement apporté à travers le 7e programme-cadre pour la recherche, le programme pour la compétitivité et linnovation et dautres instruments de lUE en faveur de linnovation, tels que lInstitut européen de technologie (IET).
3. Instruments de la politique de cohésion : pour la période de financement 2007-2013, les instruments de financement de la cohésion de lUE alloueront près de 72,5 milliards EUR à léducation et à la formation, tandis que 60 milliards EUR iront à la recherche et à linnovation. Une utilisation stratégique de la politique de cohésion de lUE peut améliorer significativement la contribution de lenseignement supérieur au développement social, économique et territorial. Le Fonds européen de développement régional peut investir dans la construction ou la rénovation détablissements denseignement supérieur, la fourniture déquipements et lencouragement à la numérisation, ainsi que dans le soutien des pépinières dentreprises, des entreprises essaimées et dautres formes de partenariats universités-entreprises. Enfin, le Fonds social européen (FSE) peut financer des processus de modernisation, augmenter la participation et le niveau de qualifications notamment en ce qui concerne les étudiants issus de milieux sous-représentés, améliorer le contenu éducatif et ladéquation entre les programmes et la demande du marché du travail.
La proposition du CFP pour 2014-2020 prévoit dallouer au minimum 84 milliards EUR au FSE, dont 40 milliards EUR au minimum pourraient être mis à la disposition de léducation et de la formation.