Moderniser les systèmes d'enseignement supérieur en Europe
La commission de la culture et de l'éducation adopté le rapport dinitiative de László TŐKÉS (PPE, RO) sur la modernisation des systèmes d'enseignement supérieur en Europe.
Les députés rappellent que la stratégie Europe 2020 prévoit quà lhorizon 2020, 40% des 30 à 34 ans en Europe devraient être titulaires dun diplôme de lenseignement supérieur ou dune qualification équivalente. Toutefois, seulement 26% seulement de la main-duvre européenne a atteint ce niveau de qualification en 2010.
Les députés soulignent également quen Europe, le chômage chez les diplômés de l'enseignement supérieur est de 5,4%, contre plus de 15% chez les diplômés de l'enseignement secondaire inférieur, démontrant que la possession dun diplôme universitaire permet dobtenir un emploi (même, sil est vrai, de plus en plus tard).
Pour former ces jeunes, il convient donc de disposer détablissements denseignement de qualité. Or, si 75 des meilleures universités à l'échelle mondiale sont situées dans les États membres de l'UE, seulement 200 établissements européens denseignement supérieur sur 4.000 figurent dans les 500 premiers mondiaux. Loffre en matière déducation doit donc être impérativement améliorée.
Le nouveau rôle des établissements d'enseignement supérieur : les députés demandent aux établissements denseignement supérieur dintégrer lapprentissage tout au long de la vie dans leurs programmes et de sadapter à une population estudiantine composée dadultes, dapprenants non traditionnels et détudiants à temps plein devant combiner études et travail. Il convient dès lors que les établissements denseignement supérieur mettent en uvre des programmes visant à éliminer les obstacles et les barrières existants.
Les établissements d'enseignement supérieur devraient par ailleurs prendre en considération les besoins des travailleurs qui doivent, en tant qu'apprenants tout au long de la vie, mettre à jour et élargir leurs compétences à intervalles réguliers, notamment pour mieux coller au marché du travail. Ils devraient également préserver leur autonomie didactique et de recherche.
Pour favoriser une éducation pour tous, les députés invitent les États membres, les autorités régionales et locales et les établissements d'enseignement supérieur à intensifier leurs efforts pour faciliter un accès équitable à l'éducation sans distinction de genre, d'ethnie, de religion, de handicap ou de milieu social. Des mesures particulières sont attendues pour accueillir des minorités traditionnelles nationales, ethniques ou linguistiques mais aussi pour encourager la participation des étudiants aux activités sportives.
Les établissements denseignement devraient par ailleurs :
- promouvoir les valeurs démocratiques, favoriser une connaissance approfondie de l'intégration européenne et veiller à ce que les anciens régimes totalitaires en Europe soient conçus comme faisant partie de son histoire commune ;
- ne pas subordonner la totalité du système éducatif au marché du travail, en raison du besoin de façonner des valeurs éthiques et morales chez les étudiants ;
- instaurer un cadre général couvrant les règles, les responsabilités, les objectifs politiques, etc. permettant de promouvoir les meilleures pratiques ;
- impliquer le personnel universitaire, les étudiants, les organisations et les associations détudiants à la modernisation des établissements denseignement supérieur.
Informations relatives aux établissements d'enseignement supérieur : les députés proposent lintroduction de critères clairs et homogènes permettant de créer un classement paneuropéen des établissements denseignement supérieur, ce qui permettra aux futurs étudiants de choisir en connaissance de cause leur université. Ils soutiennent en particulier l'initiative de la Commission visant à lancer, en coopération avec toutes les institutions, les étudiants et autres acteurs concernés, un outil pluridimensionnel de classification différenciée et de classement des établissements d'enseignement supérieur fondé sur des données telles que la longue tradition européenne en matière d'enseignement supérieur, la qualité de l'enseignement, le soutien aux étudiants (bourses, orientation et assistance, logement, etc.), Ils rejettent toutefois tout classement fondé sur la base d'indicateurs de performance non homogènes qui ne prendraient pas en compte la diversité des parcours de formation, les programmes et la diversité linguistique qui prévaut dans les universités européennes.
Le financement des systèmes d'enseignement supérieur : les députés soulignent que lenseignement supérieur est un bien public qui favorise la culture, la diversité et les valeurs démocratiques. Il faut donc que les États membres atteignent l'objectif consistant à investir 2% du PIB dans le secteur de l'éducation. Pour les députés, les financements privés, mais surtout publics, revêtent une importance cruciale pour la modernisation des systèmes d'enseignement supérieur. Il est donc essentiel dinvestir dans lenseignement supérieur en Europe pour surmonter lactuelle crise.
Dune manière générale, les députés demandent aux États membres et aux établissements d'enseignement d'étendre les bourses et autres programmes de financement à ces institutions et d'élaborer des mécanismes de financement innovants pour compléter le financement public sans accroître la pression sur les étudiants et leurs familles. Les députés déplorent notamment les coupes significatives opérées dans les budgets de l'éducation dans plusieurs États membres, ainsi que la hausse constante des frais de scolarité, qui se traduit par une hausse notable du nombre détudiants vulnérables.
Au plan européen, les députés invitent à intégrer au budget de lUnion pour les années 2014-2020, dans le cadre du Fonds européen de développement régional et du Fonds social européen, les dépenses de lenseignement supérieur liées aux investissements dans le développement des infrastructures universitaires et dans les personnels enseignants.
La transition entre les études supérieures et le marché du travail : les députés demandent aux établissements denseignement supérieur de sadapter aux nouveaux défis en créant de nouveaux cursus détudes qui reflètent les besoins du marché du travail et tiennent compte des évolutions scientifiques et technologiques. Ils demandent en outre à la Commission de présenter la proposition de cadre de qualité pour les stages.
Dune manière générale, les établissements denseignement supérieur, de même que les institutions responsables de lenseignement supérieur devraient suivre lévolution des besoins du marché du travail afin de la refléter au mieux dans loffre éducative. Pour améliorer la connaissance des besoins en formation, les députés suggèrent que lon propose aux établissements universitaires et de recherche les informations nécessaires afin quils repèrent et mettent sur pied des parcours de formation axés sur les connaissances générales et des compétences professionnelles spécifiques tout au long de la vie.
Dautres mesures sont réclamées, comme :
- collecter des données statistiques concernant la corrélation entre les différents diplômes de lenseignement supérieur et les perspectives demploi ;
- créer une banque de données internationale, sur le modèle de lAlmaLaurea, pour permettre aux diplômés de trouver des offres demploi, de formation, détudes et de recherche ;
- apporter une aide et des conseils aux étudiants qui entrent sur le marché du travail.
Présence équilibrée d'hommes et de femmes dans l'enseignement supérieur : face aux inégalités persistantes entre les hommes et les femmes dans les systèmes éducatifs européens, les députés appellent à des mesures destinées à lutter contre les stéréotypes encore existants en matière de formation. Constatant que les femmes sont plus fréquemment surqualifiées et sous-payées pour leur emploi et qu'elles obtiennent souvent des emplois précaires ou se retrouvent au chômage, les députés appellent à des mesures résolues pour mettre fin aux inégalités.
Ils suggèrent notamment :
- une formation spécifique sur le thème de l'égalité hommes-femmes à destination des enseignants;
- le renforcement du partage des responsabilités domestiques et familiales entre les hommes et les femmes ;
- la possibilité pour les universités d'offrir aux parents et notamment aux femmes des services de qualité en quantité suffisante, abordables et accessibles en matière de garde d'enfants ;
- l'introduction d'une plus grande variété de formes d'études, notamment l'apprentissage à temps partiel et à distance.
L'engagement des établissements d'enseignement supérieur : les députés encouragent les établissements denseignement supérieur à sengager plus intensivement auprès des régions et à proposer des actions de coopération avec les gouvernements régionaux, les conseils, les organismes publics, les ONG et les PME au niveau local afin de soutenir le développement régional, renforçant dès lors léchange entre les écoles supérieures et les employeurs.
Ils demandent spécifiquement aux États membres, aux autorités centrales et régionales, à la Commission ou au monde de lentreprise, selon le cas, de :
- soutenir les établissements denseignement supérieur dans la coopération transfrontalière ;
- renforcer linteraction entre les trois côtés du triangle de la connaissance (instruction, recherche, innovation), en tenant compte des besoins du marché du travail ;
- mettre au point des partenariats actifs avec les établissements denseignement supérieur, en proposant des stages de haute qualité aux étudiants et aux enseignants universitaires sans altérer le contenu culturel élargi de lenseignement universitaire.
Les députés réclament en outre des engagements en faveur d'approches plus flexibles et innovantes en matière d'enseignement axées sur les besoins des étudiants.
En ce qui concerne le lien avec le monde de lentreprises, les députés appellent les établissements denseignement supérieur : i) à coopérer avec les entreprises dans un cadre transfrontalier en ce qui concerne les programmes pratiques et la préparation du parcours professionnel ; ii) à élaborer des mécanismes et des stratégies de gestion pour faciliter le transfert des idées innovantes et des résultats de la recherche vers la société et les entreprises.
Les députés mettent également laccent sur la gouvernance et insistent pour promouvoir la participation active des étudiants à la vie dun établissement denseignement supérieur. De même, ils insistent sur le maintien du principe de la démocratie et de lautogestion des écoles supérieures et de leurs membres dans le cadre de toute collaboration. Ils rappellent en outre que les universités doivent promouvoir le civisme et le travail avec les ONG.
Les députés demandent également aux États membres de soutenir et dencourager :
- les activités sportives pour tous les étudiants ;
- lintroduction de critères spéciaux pour les sciences humaines dans les domaines de linnovation et de la recherche ;
- lengagement des établissements denseignement supérieur à soutenir les initiatives étudiantes.
Reconnaissance mutuelle des qualifications : les États membres et les établissements denseignement sont appelés à proposer des parcours clairs et intégrés permettant aux apprenants issus dautres types denseignement de se lancer dans lenseignement supérieur. Les députés soulignent cependant la nécessité de préserver la diversité des filières, des enseignements, des méthodes pédagogiques et des systèmes universitaires au sein de lUnion européenne. Par conséquent, les députés demandent la mise en place dun cadre national de certification tout en promouvant la reconnaissance mutuelle des diplômes et qualifications professionnelles dans tous les États membres.
Reconnaissant la nécessité de mettre en place un cadre des certifications au sein l'EEES (Espace européen de lenseignement supérieur), les députés demandent :
- le renforcement de la mobilité des étudiants via Erasmus ;
- la reconnaissance des qualifications acquises dans le cadre d'études dans d'autres universités.
Ils soutiennent pleinement dans ce contexte la proposition de la Commission consistant à améliorer la reconnaissance des études effectuées à létranger.
Renforcer la mobilité au sein de l'Espace européen de l'enseignement supérieur : les députés soulignent quune meilleure coordination entre les États membres dans le domaine de lenseignement supérieur y compris au travers dun solide soutien financier et politique est une condition préalable à la réalisation des objectifs en matière demployabilité et de croissance en Europe. Ils soulignent par ailleurs la nécessité dune collaboration entre lEspace européen de lenseignement supérieur et lEspace européen de la recherche (EER), afin de soutenir les programmes de recherche universitaire dans les domaines de la science et des sciences humaines. Cette collaboration devrait en particulier profiter aux chercheurs, y compris à l'échelle mondiale.
Les députés insistent également sur les questions de mobilité du personnel enseignant et des étudiants au sein de lEEES, notamment avec les pays couverts par la Politique européenne de voisinage (PEV). Á cet effet, ils demandent à la Commission de proposer la création de programmes Erasmus et Leonardo da Vinci euroméditerranéens visant à promouvoir la mobilité internationale des étudiants des deux rives de la Méditerranée. Ils suggèrent en outre le lancement de programmes de mobilité, déchanges, de recherche et de stages pour les étudiants des pays associés au partenariat oriental. Dans le même temps, les députés insistent pour que cette politique naboutisse pas à la "fuite des cerveaux".
Enfin, les députés demandent :
- des mesures pour abolir les différences de systèmes denseignement supérieur entre les pays de louest de lEurope et ceux situés au centre et à lest, en encourageant et en soutenant la coopération transfrontalière ;
- le principe dune période de formation obligatoire au sein dune université dun autre État membre que celui où vit létudiant;
- le renforcement des programmes de prêts aux étudiants même si ces derniers ne peuvent en aucun cas remplacer les systèmes de bourses mis en place pour faciliter laccès à lenseignement pour tous les étudiants, quel que soit leur milieu social.