Instrument international sur les marchés publics
OBJECTIF : améliorer les conditions dans lesquelles les entreprises de lUE participent à des marchés publics dans les pays tiers.
ACTE PROPOSÉ : Règlement du Parlement européen et du Conseil.
CONTEXTE : dans le cadre des négociations relatives à la révision de lAccord sur les marchés publics (AMP) conduites au sein de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) et de négociations bilatérales avec des pays tiers, lUE a plaidé pour une ouverture ambitieuse des marchés publics au niveau international. Les marchés publics de lUE sont ainsi ouverts, pour un montant de quelque 352 milliards deuros, aux soumissionnaires originaires des pays parties à lAMP.
De nombreux pays tiers répugnent toutefois à ouvrir leurs marchés publics à la concurrence internationale. Á lheure actuelle, les entreprises de lUE confrontées à maintes pratiques restrictives dans bon nombre des pays comptant parmi les principaux partenaires commerciaux de lUE. La valeur des marchés publics ouverts aux soumissionnaires étrangers nest ainsi que de 178 milliards deuros aux États-Unis et de 27 milliards deuros au Japon, et, en Chine, seule une fraction minime des marchés publics leur est accessible.
Globalement, plus de la moitié des marchés publics au niveau mondial est actuellement verrouillée par des mesures protectionnistes, et cette proportion ne cesse de croître. En conséquence, seulement 10 milliards deuros dexportations en provenance de lUE (représentant 0,08% de son PIB) trouvent actuellement un débouché sur les marchés publics au niveau mondial, alors que lon estime à 12 milliards deuros les exportations qui ne se réalisent pas en raison des restrictions appliquées.
À linverse, lUE a gardé ses marchés publics largement ouverts à la concurrence internationale, en dépit de pressions croissantes sur son marché intérieur, quexercent en particulier les économies émergentes dans certains secteurs clés (chemins de fer, construction, services informatiques). À lexception de certaines dispositions applicables uniquement aux marchés de fournitures et de services dans le secteur des services dutilité publique, lUE na pas usé de son pouvoir pour réglementer laccès des entreprises étrangères et de leurs produits et services à ses marchés publics.
Avec le poids croissant des économies émergentes, linégalité des conditions de concurrence génère de nombreux problèmes. La présente initiative vise à résoudre ces problème, i) en renforçant la position de lUE dans les négociations visant à obtenir de nos partenaires commerciaux quils ouvrent leurs marchés publics à nos entreprises, ii) en clarifiant, à cet effet, les règles régissant laccès des entreprises des pays tiers et de leurs produits et services aux marchés publics de lUE.
La proposition met en uvre la stratégie Europe 2020, ainsi que linitiative phare intitulée «Une politique industrielle intégrée à lère de la mondialisation». Elle met également en uvre lActe pour le marché unique et la communication «Commerce, croissance et affaires mondiales».
ANALYSE DIMPACT : la Commission a examiné plusieurs options :
- Option 1 : ne prendre aucune mesure nouvelle et poursuivre comme avant les négociations internationales relatives à laccès au marché avec les partenaires commerciaux de lUE (éventuellement, en renforçant la position de lUE).
- Option 2 : renforcer la mise en uvre des outils créés par la directive 2004/17/CE (articles 58 et 59), sur la base de meilleures lignes directrices ou dune extension de la portée de ces outils, qui couvriraient désormais tout le champ dapplication des directives 2004/17/CE et 2004/18/CE.
- Option 3 : fermer les marchés publics de lUE, soit dune manière générale, soit par secteur, aux fournisseurs, produits et services des pays tiers, sous réserve des obligations internationales incombant à lUE dans ce domaine.
- Option 4 : créer un instrument autonome réalisant un juste équilibre entre la nécessité, dune part, de renforcer la position de lUE dans les négociations relatives à laccès au marché et, dautre part, celle de conserver à lUE un régime de passation de marchés qui soit concurrentiel. La Commission est favorable à cette quatrième option.
BASE JURIDIQUE : article 207 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE).
CONTENU : la proposition prévoit de doter lUE dune politique extérieure globale en matière de marchés publics, qui, dune part, régirait laccès des produits et services étrangers aux marchés publics de lUE et, dautre part, inclurait des mécanismes pour engager ses partenaires commerciaux à la discussion sur laccès au marché.
Les principaux éléments de la proposition sont les suivants :
Produits et services étrangers bénéficiant dengagements de lUE : la proposition ancre dans la législation de lUE le principe selon lequel, sur le marché intérieur de lUE, les produits et services étrangers bénéficiant dengagements de lUE en matière daccès au marché sont traités de la même manière que les produits et services originaires de lUE dans les procédures de passation de marchés et elle étend en outre ce traitement aux produits et services originaires des pays les moins développés.
Produits et services ne bénéficiant pas dengagements en matière daccès au marché : pour les marchés dont la valeur estimée est supérieure ou égale à plus de 5 millions EUR, la Commission pourra approuver lexclusion, par les pouvoirs adjudicateurs et les entités adjudicatrices, des offres dans lesquelles la valeur des produits et services non couverts par des engagements internationaux représente plus de 50% de la valeur totale des produits et services inclus dans loffre.
Après avoir informé les soumissionnaires potentiels, via lavis de marché, de son intention dexclure ce type doffres, le pouvoir adjudicateur sera tenu, quand il recevra des offres susceptibles dexclusion, de le notifier à la Commission. La Commission donnera son approbation si, en termes douverture du marché, il existe un manque substantiel de réciprocité entre lUE et le pays dont les produits et services sont originaires. Elle approuvera également lexclusion lorsque les produits et services concernés tombent sous le coup dune réserve concernant laccès au marché exprimée par lUE dans le cadre dun accord international.
Mécanisme permettant de restreindre laccès au marché de lUE : en vertu de ce mécanisme, la Commission pourra :i) conduire des enquêtes pour vérifier lexistence de pratiques restrictives en matière de passation de marchés, ii) se concerter avec le pays concerné en vue de résoudre ce problème et daméliorer les conditions daccès des entreprises de lUE à son marché ; iii) imposer des mesures restrictives de caractère temporaire si le pays concerné nest pas disposé à négocier ou à proposer des solutions satisfaisantes pour mettre un terme à ses pratiques restrictives.
Ces mesures restrictives peuvent, en principe, consister i) à exclure certaines offres composées à plus de 50% de produits ou services originaires du pays tiers en cause; et/ou ii) à appliquer une pénalité de prix obligatoire aux produits et services proposés qui sont originaires du pays tiers en cause.
Offres anormalement basses : dans un souci de transparence, les pouvoirs adjudicateurs seront tenus dinformer les autres soumissionnaires de leur intention daccepter des offres anormalement basses dans lesquelles la valeur des produits et services non couverts par des engagements internationaux représente plus de 50% de la valeur totale des produits et services inclus dans loffre.
INCIDENCE BUDGÉTAIRE : la proposition na pas dincidence budgétaire. Le surcroît de tâches incombant à la Commission peut être mené à bien avec les ressources existantes.
ACTES DÉLÉGUÉS : la proposition contient des dispositions habilitant la Commission à adopter des actes délégués conformément à larticle 290 du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne.