La commission du
commerce international a adopté le rapport dinitiative
de Miloslav RANSDORF (GUE/NGL, CZ) sur les aspects commerciaux du
partenariat oriental.
Les
députés soulignent que la conclusion et la mise en
uvre des accords d'association comprenant des zones de
libre-échange approfondi et complet sont une priorité
et un objectif de la politique européenne de voisinage
révisée. Ils rappellent également quà la
suite du Printemps arabe, les intérêts de l'Union ont
été centrés sur les voisins du Sud. Or, les pays du
partenariat oriental et les relations commerciales de l'UE avec les
pays de cette zone, méritent l'attention de lUE.
Considérations générales : cest
dans ce contexte général, que les députés
soulignent que la perspective de créer des zones de
libre-échange entre les pays du partenariat oriental et
l'Union européenne est essentielle et permettra de parvenir
à un environnement économique stable, transparent et
prévisible qui respecte la démocratie, les droits
fondamentaux et l'état de droit avec ces pays. Cela leur
permettra également de parvenir à une intégration
économique accrue, à la convergence réglementaire
dans les domaines ayant une incidence sur le commerce des biens et
services, et à réduire les obstacles techniques et autres
barrières non tarifaires au commerce. Dune manière
générale, les députés considèrent qu'il
est fondamental de conclure des zones de libre-échange afin de
lutter contre la tendance en faveur du protectionnisme au niveau
mondial.
Les
députés soulignent, en particulier :
- l'influence des
zones de libre-échange pour renforcer l'état de la
démocratie, l'état de droit et d'autres normes communes
dans ces pays ;
- la
nécessité de parvenir à un accord politique plus
vaste (accord d'association) avec les pays de la zone ou à
défaut, un accord commercial adéquat incluant la mise en
place dune zone de libre-échange afin de poursuivre
efficacement les objectifs économiques et commerciaux de
l'Union ;
- l'importance du
soutien et de la participation de la société civile
locale et des ONG à la promotion des bénéfices
à long terme des réformes dans les pays en question
;
- la
nécessité dun renforcement de la coopération
entre l'Union et ses partenaires orientaux dans un certain nombre
de secteurs, comme l'industrie, les PME, la recherche, le
développement et l'innovation, les technologies de
l'information et de la communication et le tourisme.
Les
députés mettent également en évidence deux
grands principes à respecter dans le traitement des pays
concernés :
La question du
budget : les députés se félicitent de la
proposition de la Commission relative au cadre financier
pluriannuel 2014-2020, qui propose une augmentation de 40% du
financement de la politique européenne de voisinage. Ils
appellent le Conseil à maintenir les fonds proposés par
la Commission.
Questions
sectorielles : les députés appellent encore
à : i) renforcer lassociation des parlements
nationaux des partenaires orientaux de l'Union dans le
rapprochement de la législation commerciale avec l'acquis de
l'UE; ii) renforcer les initiatives phares de la Commission
concernant les PME, notamment la facilité en faveur des PME du
partenariat oriental, les marchés régionaux de
l'énergie et l'efficacité énergétique; iii)
développer davantage la stratégie pour la mer Noire, vu
son rôle géostratégique pour la diversification de
l'approvisionnement en énergie de lUE ; iv)
rapprocher les efforts de proximité avec l'Assemblée
parlementaire Euronest.
Les
députés insistent également sur le fait que la
création dune zone de libre-échange ne
représente pas une assistance apportée aux partenaires
orientaux, mais qu'il s'agit d'un accord commercial
entraînant des avantages et des obligations réciproques
pour les deux parties. En ce sens, ils regrettent que la
révision de la politique européenne de voisinage ne
précise toujours pas comment la poursuite d'une telle
politique commerciale pourrait stimuler les intérêts
économiques de l'Union en apportant des avantages
significatifs aux consommateurs, aux entreprises et aux
travailleurs européens. Pour les députés, les zones
de libre-échange doivent contribuer non seulement à
introduire des avantages économiques pour les partenaires
orientaux, mais accélérer les réformes
institutionnelles, la modernisation et le développement.
Les
députés font également les commentaires suivants sur
les négociations en cours :
- ils prennent acte
que la Russie a conclu une union douanière avec le
Kazakhstan et la Biélorussie ce qui compromet les
négociations commerciales entre l'UE et plusieurs partenaires
orientaux (en particulier, l'Ukraine) en proposant une autre
possibilité, basée sur des solutions à court terme,
comme une baisse du prix du gaz ;
- ils soulignent
quen dépit des progrès accomplis par la
Géorgie et la Moldavie, ces deux pays doivent toujours
garantir le caractère à long terme de leur engagement
dans le processus de réforme, et garantir qu'ils lanceront un
processus de réforme durable tout au long des
négociations; or, des progrès considérables sont
attendus en ce qui concerne les obstacles techniques au commerce,
les mesures sanitaires et phytosanitaires, les droits de
propriété intellectuelle et le droit de la concurrence
;
- la
nécessité de mesures efficaces en matière de
concurrence et contre la corruption dans les accords de
libre-échange ainsi que le respect des droits fondamentaux du
travail approuvés par l'OIT ainsi quun chapitre
contraignant sur le développement durable et la protection de
l'environnement ;
- la
nécessité de ne pas permettre que certains les
conflits dit «gelés» au niveau régional
ne puissent compromettre la réussite et le développement
du commerce transfrontalier et maintiennent ainsi certains pays
dans un isolement économique total.
Les
députés reviennent ensuite sur chacun des pays
concernés de la zone orientale :
-
Arménie : les députés se félicitent
du lancement des négociations sur la zone de
libre-échange avec ce pays depuis 2012 et soulignent qu'une
intégration économique plus approfondie avec l'UE doit
contribuer à renforcer la stabilité politique et la
sécurité de la région. Dans ce contexte, ils
attendent des progrès concrets dans la poursuite des
réformes visant à mettre en place un environnement
économique stable et transparent qui attirera les
investissements étrangers et favorisera le développement
et la création d'emplois. Ils regrettent au passage que le
conflit du Haut-Karabakh résonne encore autour des
frontières toujours fermées de l'Arménie avec
l'Azerbaïdjan et la Turquie et soulignent que l'ouverture des
frontières constitue une condition importante pour attirer les
investissements étrangers. Ils demandent en
particulier le renforcement : i) du système de protection
des investissements; ii) du cadre institutionnel pour les
marchés publics et la politique de concurrence ; iii) de
la réglementation en matière de lutte contre la
corruption ; iv) du droit de la concurrence, en particulier dans
les secteurs de la construction et de l'énergie; v) de la
réglementation en matière sanitaire et phytosanitaire et
son harmonisation avec celle de l'Union ; vi) de
lindépendance de lArménie vis-à-vis du
soutien commercial et gouvernemental de la Russie ;
-
Azerbaïdjan : les députés insistent sur
le fait que l'adhésion de l'Azerbaïdjan à l'OMC est
une condition préalable à l'ouverture d'une zone de
libre-échange avec l'Union. Or, la structure de
l'économie azerbaïdjanaise n'encourage pas le
gouvernement à adhérer à l'OMC ni à mettre en
place une zone de libre-échange approfondi et complet avec
l'UE. Il convient dès lors daider ce pays à
adhérer à lOMC et de lui fournir une aide à
cet effet. Si les députés se félicitent de la
croissance économique remarquable de l'Azerbaïdjan,
ils soulignent le caractère extrêmement
vulnérable de son économie, uniquement concentrée
sur les exportations dénergie. Ils appellent donc le
gouvernement azerbaïdjanais à diversifier son
économie, par exemple dans le domaine agricole et dans le
respect des prescriptions sanitaires et phytosanitaires de
lUE. Le pays devrait en outre sengager dans une lutte
résolue contre la corruption et les inégalités
sociales ;
-
Biélorussie : dune manière
générale, les députés regrettent que la
Biélorussie, en dépit de son potentiel indéniable,
s'éloigne de plus en plus de l'Union européenne en
ce qui concerne ses normes politiques et économiques
générales et son modèle économique. Or, ce pays
possède une position stratégique indéniable en tant
que pays de transit de l'énergie (gaz naturel) pour l'UE. Les
députés appellent dès lors à loctroi
dune assistance européenne accrue en vue
d'améliorer les performances des structures administratives
dans ce pays en vue de : i) lutter contre la corruption; ii)
réduire la pauvreté (20% de la population biélorusse
vivrait sous le seuil de pauvreté alimentaire) ; iii)
renforcer la concurrence (80% des entreprises sont publiques et le
développement du secteur privé est entravé par des
mesures discriminatoires et arbitraires) ; iv) ouvrir son
marché aux investisseurs étrangers (actuellement 1%
à peine du PIB du pays) ; iv) renforcer la
société civile ; v) permettre au pays de
sengager dans le processus dadhésion à
lOMC ; vi) encourager les réformes indispensables
pour la population biélorusse. Les députés
constatent au passage les mesures économiques restrictives
que l'Union applique actuellement à la Biélorussie.
Ils estiment que l'Union devrait maintenir ces mesures ciblées
tout en continuant à soutenir la société civile et
les chefs d'entreprise, afin non seulement d'améliorer le
climat économique, mais aussi de renforcer l'état de
droit, la transparence et la lutte contre la corruption ;
-
Géorgie : constatant les progrès
économiques fulgurants de ce pays (qui se classe
aujourdhui au 16ème rang des régions les
plus économiquement propices au monde), les députés
regrettent que ce pays soit aussi celui où les droits de
propriété intellectuelle sont très peu
respectés (ce pays détient le plus grand nombre de
logiciels piratés). Le gouvernement géorgien est donc
appelé à adopter des lois afin d'assurer le respect des
droits de propriété intellectuelle. Dautres
mesures sont attendues comme lamélioration de la
législation et de l'efficacité de ses institutions pour
le contrôle des produits. Les députés soulignent au
passage la très grande ouverture du système de passation
de marchés en Géorgie qui autorise les enchères en
ligne pour tous les types de contrats, indépendamment de leur
taille ou de leur nature. Pour les députés, ce pays
devrait servir dexemple à tous les États membres de
lUE, dans ce domaine ;
-
Moldavie : malgré la fragilité de son
économie, les députés constatent les efforts
entrepris pour réformer léconomie du pays. Ils
estiment que la future zone de libre-échange avec ce pays
devrait s'appliquer à l'ensemble du territoire de la Moldavie
qui reconnaît officiellement son adhésion à
l'État moldave. Les députés constatent que, pour
l'instant, la plupart des exportations moldaves sont de nature
agricole et sont donc confrontées à une concurrence
féroce et à des exigences strictes sur le marché de
l'Union. Il faut donc que la zone de libre-échange contribue
à diversifier les exportations moldaves et à rendre le
pays plus compétitif, en vue dattirer des
investissements étrangers. Des avancées significatives
sont également attendues dans le domaine de la protection des
services. Les députés invitent également les
autorités européennes à participer davantage à
la recherche d'une solution pacifique aux problèmes de
réintégration territoriale de la Moldavie ;
-
Ukraine : les députés se félicitent de
la conclusion des négociations relatives à la zone de
libre-échange approfondi et complet entre l'Union et
l'Ukraine (tout premier accord de libre-échange entre l'UE
et un partenaire oriental). Celui-ci ouvre un nouveau marché
de 46 millions de consommateurs. Ils se réjouissent
également de constater que la Commission a exclu la
possibilité d'une application provisoire de l'accord sur la
zone de libre-échange avant la signature de l'accord
d'association et son approbation par le Parlement
européen. Ils attendent maintenant la bonne mise en
uvre de la zone de libre-échange ainsi que les avantages
qui en découlent et appellent à la poursuite des
réformes économiques entreprises dans les domaines de
l'agriculture, de l'énergie et du transport. Dune
manière générale toutefois, les députés
sinquiètent du climat des affaires et des
investissements en Ukraine qui découlent de diverses
défaillances institutionnelles et systémiques, telles que
les barrières à lentrée sur le marché,
les permis administratifs, le nombre excessif de contrôles
administratifs ou encore de la protection insuffisante des droits
de la propriété intellectuelle. Ils demandent au
gouvernement ukrainien de répondre plus efficacement aux
préoccupations des milieux économiques, en particulier en
ce qui concerne l'accès au crédit et à la
propriété foncière, aux prêts
hypothécaires
et invitent l'Ukraine à adapter sa
législation nationale afin de faciliter un transit libre et
continu du gaz à destination des États membres de
l'UE. Ils font observer que ce processus devrait prévoir
la restructuration du secteur gazier et l'introduction d'une
réglementation équitable des infrastructures
énergétiques afin de traiter de manière égale
les fournisseurs étrangers. Ils appellent en outre à une
coopération accrue entre l'Union et l'Ukraine dans le domaine
de l'énergie.
Enfin, les
députés invitent le Conseil, la Commission et le Service
européen pour l'action extérieure à prendre
dûment en compte les considérations et recommandations
incluses dans la présente proposition de résolution et
à informer régulièrement et en détail le
Parlement européen des avancées des négociations et,
après leur entrée en vigueur, des avancées de la
mise en uvre de chaque zone de libre-échange
conclue.