La commission de lenvironnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire a adopté un rapport dinitiative de Richard SEEBER (PPE, AT) sur la mise en uvre de la législation de lUnion européenne relative à leau avant ladoption dune approche générale nécessaire pour relever les défis qui se présentent à lEurope dans le domaine de leau.
Le rapport reconnaît que la directive 2000/60/CE (directive-cadre sur leau ou DCE) constitue une base législative solide et ambitieuse pour une gestion de leau intégrée à long terme dans lUnion européenne. Il souligne cependant que la mise en uvre a été lente et inégale dans les États membres et les régions et que lapplication de la DCE doit être considérablement améliorée pour parvenir à un «bon état» de toutes les eaux européennes d'ici 2015.
Selon le rapport, il existe encore des lacunes spécifiques qui doivent être comblées en adaptant la législation existante aux priorités liées à leau et en adoptant de nouveaux textes législatifs afin datténuer les effets de certains secteurs et de certaines activités spécifiques. Les députés réitèrent leur position selon laquelle la Commission doit présenter une proposition législative favorisant ladoption dune politique de lUnion en matière de pénurie deau, de sécheresses et dadaptation au changement climatique. Ils prennent acte du «plan de sauvegarde des eaux européennes» qui sera prochainement élaboré par la Commission.
1) Utilisation rationnelle de leau et gestion des ressources : le rapport demande que lutilisation de leau soit plus efficace en particulier dans des secteurs tels que l'énergie et l'agriculture, qui sont les plus grands consommateurs deau. Il insiste sur le fait que lutilisation de leau devrait être prise en considération dans lévaluation de la durabilité des sources dénergie traditionnelles ainsi que des sources à faible émission de carbone, en particulier de la bioénergie et de lénergie hydraulique. Il met tout particulièrement laccent, à cet égard, sur les risques de lextraction non conventionnelle de gaz naturel.
Les députés estiment que lefficacité et la durabilité de lutilisation de leau par le secteur de lagriculture peuvent être accrues grâce à lintroduction de technologies et de pratiques innovantes et grâce à une meilleure information et à une meilleure sensibilisation des agriculteurs et des utilisateurs finals. Ils soulignent par ailleurs que, face aux défis du changement climatique et de la sécurité alimentaire, il convient de mobiliser des ressources hydriques suffisantes pour lagriculture, par exemple en développant le stockage de leau.
Le rapport demande que la législation européenne relative à leau soit mise à jour, le cas échéant, afin de tenir compte des progrès technologiques dans la réutilisation et le recyclage de leau. Soulignant que la réduction de la consommation deau doit être une priorité, il insiste sur limportance de léco-conception et des dispositifs permettant léconomie deau et demande que le mesurage de lutilisation de leau soit obligatoire dans tous les secteurs et pour tous les utilisateurs dans lensemble des pays de lUnion. La Commission est invitée à réglementer les dispositifs à usage domestique et à usage agricole permettant lutilisation rationnelle de leau.
2) Leau et les écosystèmes : notant que leau est au cur de la plupart des services écosystémiques, le rapport souligne limportance dune bonne gestion de leau pour atteindre les objectifs en matière de biodiversité. Il insiste sur la nécessité dadopter des mesures en faveur de la reforestation et du rétablissement des zones humides dans le cadre de la gestion des ressources hydriques. Il appelle à mieux aligner les objectifs de la DCE sur Natura 2000. Il souligne encore que la base de connaissances devrait intégrer le concept de «débits environnementaux» et tenir compte des services écosystémiques sappuyant sur leau.
Les députés soulignent limpact que le changement climatique pourrait avoir sur les écosystèmes aquatiques et la nécessité dadopter des mesures rigoureuses et systématiques visant la préservation de la nature et de la biodiversité et imposant létablissement de règles précises pour la gestion des masses deau transformées. Au vu des risques considérables que posent la prospection et lextraction de gaz de schiste pour les eaux de surface et les eaux souterraines, la Commission est invitée faire en sorte que ces activités soient couvertes par la directive sur lévaluation des incidences sur lenvironnement.
Rappelant que la protection des sols est cruciale pour préserver la qualité de leau, le rapport invite tous les États membres à remplir leurs obligations pour garantir la qualité des sols et maintenir ceux-ci en bon état et demande aux États membres qui nont pas de législation sur la protection des sols dassumer leurs responsabilités.
Les députés appellent à mettre en place des mesures incitatives plus ciblées pour gérer l'eau efficacement et permettre à tous, notamment aux populations pauvres et rurales, d'avoir accès à l'eau et d'assurer sa distribution dans les régions souffrant de sécheresse, en particulier les régions éloignées des grandes agglomérations équipées en infrastructures hydrauliques.
La Commission est invitée à intensifier la lutte contre les rejets de plus en plus fréquents de substances polluantes, telles que les résidus d'antibiotiques, de médicaments et d'hormones issus des pilules contraceptives, dans l'eau, étant donné que ces résidus ont des effets négatifs sur la santé humaine et l'environnement.
3) La connaissance et linnovation : tout en reconnaissant que le cadre stratégique européen a permis de collecter des données moins fragmentaires sur leau ainsi quune meilleure surveillance, le rapport note cependant le manque de données fiables concernant les quantités deau, notamment pour ce qui est des extractions et des fuites. Il prend note du potentiel damélioration de la gestion des données, sur la base dune amélioration des informations statistiques et de lutilisation de stations de collecte de données, du Système d'Information sur l'Eau pour l'Europe (WISE) ainsi que de la surveillance GMES de l'état des ressources en eau. La Commission est invitée à mettre en place une nouvelle série dindicateurs fiables pour la comptabilité de leau, en collaboration avec lAgence européenne pour lenvironnement.
Les députés jugent important de favoriser la recherche et l'innovation sur le thème de l'eau et d'accompagner le développement de clusters européens dans ce domaine. Ils invitent la Commission, les États membres et les autres parties intéressées à soutenir le partenariat européen dinnovation sur leau. Ils soulignent également la nécessité d'accorder de l'importance aux activités et aux objectifs spécifiques du programme «Horizon 2020» en termes de meilleure gestion durable des ressources en eau.
4) Intégration de la problématique de leau : le rapport souligne la nécessité dune meilleure cohérence et dune meilleure intégration des objectifs relatifs à leau dans la législation au niveau européen, national, régional et local. Il demande quune évaluation complète des effets sur les ressources en eau soit prise en considération dans la conception des politiques globales relatives à la gouvernance économique telles que la stratégie UE 2020 et les cadres des différentes politiques communes de lUnion comme la politique agricole commune et la politique de cohésion.
5) Leau et léconomie : la Commission et les États membres devraient veiller à lapplication des principes du «pollueur-payeur» et de l«utilisateur-payeur» grâce à lapplication, dans tous les secteurs utilisant de leau, de systèmes de tarification transparents et efficaces visant la récupération des coûts des services liés à l'eau, y compris les coûts environnementaux et les coûts en ressources, comme le prévoit la directive-cadre sur leau.
Le rapport souligne néanmoins que les questions sociales devraient être prises en considération dans la fixation des tarifs et quune eau salubre devrait être disponible à un prix abordable pour subvenir aux besoins de lhomme. Il demande à la Commission et aux États membres danalyser et de revoir les subventions préjudiciables pour leau et délaborer et dintroduire de nouveaux instruments économiques, comme des taxes, pour réduire les activités qui nuisent à lenvironnement et encourager lutilisation plus durable des ressources en eau.
6) Leau et la société : les députés exhortent la Commission, les États membres et les autorités régionales à stimuler le dialogue intersectoriel ainsi que le dialogue entre les acteurs économiques et les citoyens sur les questions liées à leau, ainsi qu'entre ces derniers et la commission des pétitions lorsqu'elle aborde les préoccupations directes des citoyens européens concernant les questions liées à l'eau. La Commission devrait aussi favoriser la participation totale et transparente des communautés locales et parties prenantes à tous les niveaux dans lélaboration de la politique relative à leau. Léchange de bonnes pratiques devrait être encouragé en vue daméliorer la gouvernance dans le domaine de leau.
Le rapport appelle en outre à mieux sensibiliser et éduquer le public à la question de leau, afin que les consommateurs, les professionnels de santé, les décideurs et les responsables politiques comprennent mieux les liens existant entre leau, les écosystèmes, lassainissement, lhygiène, la santé, la sûreté et la sécurité alimentaires ainsi que la prévention des catastrophes.
Les députés demandent :
7) Leau dans le monde : le rapport se félicite de latteinte précoce de lobjectif du Millénaire pour le développement des Nations unies en matière de sûreté de laccès durable à leau potable. Les députés invitent la Commission, les États membres et les autorités compétentes à tous niveaux à renforcer leur engagement, à jouer un rôle actif dans la réalisation de lOMD relatif à lassainissement de base et à tenir compte des conclusions en la matière de la Conférence Rio+20 sur le développement durable, afin que laccès à leau potable et aux services d'assainissement puisse être garanti comme un droit fondamental de lhumanité.