67e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Recommandation au Conseil
Le Parlement européen a adopté sans vote une résolution contenant une proposition de recommandation du Parlement européen à lintention du Conseil sur la 67e session de lAssemblée générale des Nations unies.
Les députés considèrent que lUnion européenne (UE) doit renforcer sa cohésion si elle veut conserver sa place de premier plan dans un monde de plus en plus multipolaire et nécessitant des actions concertées au niveau mondial. LUE est très attachée à la cause dun multilatéralisme performant sarticulant autour de Nations unies solides, comme lexigent les défis mondiaux. Un partenariat UE-ONU solide et stable est donc vital pour les travaux accomplis par lONU sous les trois piliers que sont la paix et la sécurité, les droits de lhomme et le développement.
Sur la base de ce constat, le Parlement européen adresse au Conseil les principales recommandations suivantes:
1) LUnion européenne aux Nations unies. Les députés suggèrent de : i) coordonner le plus possible laction de lUnion, dafficher des positions unifiées et de renforcer la cohérence et la visibilité de lUE en tant quacteur mondial au sein de lONU; ii) renforcer la contribution de lUE aux travaux de lONU ; iii) collaborer avec les États membres et la délégation de lUE à lONU pour améliorer la coordination, la transparence et léchange dinformations au Conseil de sécurité des Nations unies et y défendre les positions et intérêts de lUE ; iv) assurer une forte représentation de lUE dans toutes les institutions et agences spécialisées de lONU.
2) LUE et la gouvernance mondiale : i) faire progresser le multilatéralisme effectif en tant que préoccupation stratégique primordiale de lUE, en renforçant la représentativité, la transparence, la responsabilité et lefficacité de lONU ; ii) soutenir une réforme complète et consensuelle du Conseil de sécurité des Nations unies en vue de renforcer sa légitimité, sa représentation régionale, sa responsabilité et son efficacité; iii) rappeler que lobjectif dun siège permanent pour lUE au sein dun Conseil de sécurité élargi demeure un objectif essentiel à long terme de lUnion et demander à la haute représentante damener les États membres à élaborer une position commune à cette fin.
Paix et sécurité. Les recommandations sarticulent autour des points suivants :
- Maintien et consolidation de la paix: i) renforcer le partenariat opérationnel, promouvoir la cohérence stratégique et lefficacité des efforts collectifs de consolidation de la paix; ii) accroître la coopération et bâtir des partenariats dans le domaine de la prévention des conflits, de la gestion des crises civiles et militaires et de la résolution des conflits ; iii) contribuer à lexamen des capacités civiles réalisé par lONU en élaborant des solutions pratiques permettant de faire correspondre loffre et la demande dans les domaines essentiels pour les capacités civiles; iv) étudier les différentes options denvoi commun déquipes dintervention dans le cadre dune opération de lONU nécessitant des capacités de déploiement rapide; v) coopérer avec lONU pour combattre les menaces globales actuelles telles que le changement climatique, la prolifération des armes nucléaires, la criminalité organisée, le terrorisme et les pandémies.
- Responsabilité de protéger : i) aider les États à assumer leur responsabilité de protéger leurs populations afin dempêcher ou de faire cesser les génocides, lépuration ethnique, les crimes de guerre et les crimes contre lhumanité; ii) réaffirmer lengagement de lUE en faveur du concept de responsabilité de protéger et lancer, entre le Parlement européen, le service européen pour laction extérieure (SEAE) et les États membres de lUE, lélaboration dun consensus interinstitutionnel sur la responsabilité de protéger.
- Médiation : i) promouvoir la médiation en tant quoutil rentable de prévention pacifique et de résolution des conflits, contribuant en outre à empêcher les pays de retomber dans le conflit une fois quil est terminé; ii) élaborer des lignes directrices plus efficaces en matière de médiation dans le domaine de lÉtat de droit et de la responsabilité démocratique.
- Justice internationale : i) renforcer le système international de justice pénale; ii) mettre en valeur le rôle de la CPI dans la lutte contre limpunité et la renforcer en lui apportant un soutien politique, diplomatique, financier et logistique; iii) continuer à promouvoir la CPI en tant que seule juridiction permanente compétente contre les personnes physiques coupables de génocide, crime contre lhumanité ou crime de guerre, lorsque les tribunaux nationaux ne peuvent ou ne veulent exercer de poursuites.
3) Droits de lhomme. Le Parlement appelle à :
- renforcer les efforts internationaux visant à garantir que tous les droits de lhomme reconnus par des conventions de lONU sont jugés universels, indissociables, interdépendants et intimement liés;
- promouvoir lintégration des droits de lhomme dans chaque aspect des travaux de lONU et participer pro-activement aux travaux du Conseil des droits de lhomme (CDH) des Nations unies ;
- améliorer la capacité dalerte rapide des procédures spéciales en prévoyant un mécanisme leur permettant de déclencher automatiquement lexamen dune situation par le CDH ;
- poursuivre ses efforts, au sein de lAssemblée générale des Nations unies, pour promouvoir lappel en faveur dun moratoire sur le recours à la peine de mort, ainsi que les appels en faveur des droits de lenfant, de la liberté des médias et de la tolérance religieuse;
- soutenir toutes les actions visant à éradiquer la torture et encourager en particulier ladoption du protocole facultatif à la convention des Nations unies sur la torture;
- soutenir activement linitiative lancée par les pays dAfrique et la recommandation de la Commission de la condition de la femme en travaillant à ladoption en 2012 dune résolution de lAssemblée générale des Nations unies préconisant dinterdire les mutilations génitales féminines (MGF) dans le monde entier; la HR/VP et la Commission est invitée à accorder la plus haute priorité à la réussite de ce processus.
4) Soutien démocratique : les députés souhaitent que lUE contribue à garantir lappropriation du processus démocratique par les populations locales et le développement dune culture de la démocratie et de lÉtat de droit. Ce faisant, il conviendrait de se focaliser sur : i) linclusion sociale et économique, ii) la transition démocratique et les processus politiques/électoraux, iii) le renforcement des capacités, iv) la consolidation de la société civile, v) la participation des jeunes à la démocratie parlementaire et vi) la protection de la liberté dexpression, de la liberté de conscience et de la liberté de religion ainsi que des droits des femmes.
5) Développement. Les objectifs devraient être les suivants :
- intégrer systématiquement les politiques européennes liées au développement à tous les niveaux et accorder une attention particulière aux droits de lhomme et aux conséquences en termes de développement dans les accords de libre-échange et lors des négociations au niveau de lOrganisation mondiale du commerce (OMC);
- veiller à ce que la part de laide européenne globale véhiculée par le budget européen ne soit pas réduite et conserve laccent mis sur la pauvreté et la faim;
- envisager la possibilité daffecter 20% de laide européenne totale aux services sociaux de base définis par lONU, en accordant une attention particulière à laccès gratuit et universel aux soins de santé de base et à léducation fondamentale ;
- tout en conservant lengagement de mettre fin à la pauvreté, contribuer à la définition dun programme ambitieux dOMD pour laprès-2015 ;
- assurer le suivi de la mise en uvre intégrale des résultats de la conférence Rio + 20 des Nations unies sur le développement durable, notamment en promouvant le développement durable en tant que principe directeur du développement global à long terme ;
- apporter une contribution décisive à la lutte contre la spéculation sur les prix alimentaires;
- donner la priorité à la sécurité alimentaire, à la capacité de production de lagriculture, aux infrastructures, au développement des capacités, à une croissance économique inclusive, aux marchés favorables et aux nouvelles entreprises, à laccès aux technologies ainsi quau développement humain et social dans les pays les moins avancés.
6) Changement climatique et environnement: le Parlement recommande que lUE joue un rôle moteur dans la gouvernance climatique mondiale et dans la coopération internationale en matière de changement climatique. Á cette fin, elle doit notamment :
- contribuer à létablissement dune structure institutionnelle dont les organes de gouvernance compétents laissent la place à une représentation équilibrée des pays développés et des pays en développement;
- dialoguer davantage avec des acteurs majeurs, tels que le Brésil, la Russie, lInde, la Chine et lAfrique du Sud ou les pays en développement et continuer de développer les capacités du SEAE à édifier une politique du climat pour la diplomatie de lUE;
- soutenir la protection de la biodiversité et du climat dans les pays en développement et faire des mers et des océans un des piliers-clés du cadre de Rio, aux côtés du climat et de la protection de la biodiversité;
- participer activement au débat sur le terme «réfugié climatique», notamment sur une éventuelle définition juridique de ce terme qui nest pas encore reconnu en droit international, ni par aucun accord international juridiquement contraignant.
Le Parlement encourage le débat sur le rôle mondial des parlements. Il appelle à renforcer la nature démocratique, la responsabilité et la transparence de la gouvernance mondiale et à permettre une plus grande participation publique et parlementaire aux activités de l'ONU.