AVIS DE LA
BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE sur le renforcement de la
gouvernance économique de la zone euro (Paquet de deux).
Le 21 décembre
2011, la BCE a reçu une demande de consultation de la part du
Conseil de lUnion européenne portant sur :
- une
proposition de règlement du Parlement européen et du
Conseil établissant des dispositions communes pour le suivi et
lévaluation des projets de plans budgétaires et
pour la correction des déficits excessifs dans les États
membres de la zone euro, et
- une proposition
de règlement du Parlement européen et du Conseil
relatif au renforcement de la surveillance économique et
budgétaire des États membres connaissant ou risquant de
connaître de sérieuses difficultés du point de vue
de leur stabilité financière au sein de la zone
euro.
La BCE accueille
favorablement les règlements proposés et suggère
quelques modifications visant à: a) renforcer la
discipline budgétaire des États membres de la zone euro;
et b) améliorer la surveillance des États membres de la
zone euro connaissant ou risquant de connaître de
sérieuses difficultés du point de vue de leur
stabilité financière, quils bénéficient
ou non dune assistance financière, ou quils
puissent avoir besoin ou non de bénéficier dune
telle assistance.
La BCE
considère que les règlements proposés sont
compatibles avec le nouveau traité sur la stabilité, la
coordination et la gouvernance dans lUnion économique et
monétaire, arrêté par le Conseil européen
à lissue de sa réunion du 30 janvier 2012, et
quils le complètent. Elle insiste sur la mise en
uvre par les États membres, en temps opportun et avec
vigueur, de leurs obligations définies dans le traité sur
la stabilité, la coordination et la gouvernance, ainsi que des
règlements proposés une fois adoptés.
Règlement
proposé relatif au renforcement des procédures de
surveillance : la BCE accueille favorablement le règlement
proposé. Elle se félicite aussi du rôle qui lui est
conféré, ainsi que du rôle conféré aux
autorités européennes de surveillance. La BCE a toutefois
plusieurs observations :
- La BCE est
favorable au fait que, même si un État membre ne
bénéficie daucun soutien financier, la Commission
puisse décider de le soumettre à une surveillance
renforcée sil est confronté à de
sérieuses difficultés financières. De plus, la
compréhension du règlement proposé serait
facilitée par la fourniture dexemples de
difficultés sérieuses, et non par lélaboration
dune définition exhaustive.
- Étant
donné que les causes des difficultés des États
membres faisant lobjet dune surveillance renforcée
pourraient aisément comprendre ou entraîner des risques
systémiques, il serait utile dinformer le Comité
européen du risque systémique (CERS), le cas
échéant, des résultats de la surveillance
renforcée.
- Un
élément déterminant du règlement proposé
est le fait que le Conseil peut recommander à un État
membre soumis à une surveillance renforcée de rechercher
une assistance financière et de préparer un programme
dajustement macroéconomique sil est constaté
que des mesures supplémentaires sont nécessaires et que
la situation financière de lÉtat membre
concerné a des effets négatifs importants sur la
stabilité financière de lensemble de la zone euro.
Cette disposition pourrait être renforcée en obligeant le
Conseil à émettre une recommandation de cette
nature.
- Il convient
dencourager les États membres à ne pas se
soustraire à un programme dajustement plus ambitieux en
demandant une assistance à titre de précaution au lieu
dune assistance financière directe.
- Les obligations
des États membres de la zone euro, souhaitant obtenir une
assistance financière, devraient comporter davantage
quun simple partage dinformations. En effet, ces
États membres devraient étudier les possibilités
offertes dans le cadre des instruments financiers de lUnion
ou de la zone euro et des facilités des institutions
financières internationales et des prêteurs
internationaux. La procédure de surveillance renforcée
proposée pourrait être rendue plus stricte de plusieurs
manières.
- La surveillance
continue de la Commission à légard des
critères déligibilité prévus dans le
cadre des instruments dassistance financière de
lUnion et intergouvernementaux devrait aussi sappliquer
aux États membres auxquels une assistance financière
à titre de précaution est accordée.
- La BCE recommande
de conserver la possibilité dévaluer la
soutenabilité de la dette publique pour les États membres
soumis à un programme mis en uvre à titre de
précaution. Lexemption de préparation dun
programme dajustement macroéconomique ne devrait pas
exclure la fourniture dune assistance technique et la
participation des parlements.
- Il est primordial
de donner également au Conseil le pouvoir dinitier et de
poursuivre les procédures de surveillance renforcée, en
demandant à la Commission dinitier la surveillance
renforcée, de demander des informations supplémentaires
sur la situation des institutions financières,
deffectuer des tests de résistance supplémentaires
ou de demander que des mesures supplémentaires soient
prises.
- Le règlement
proposé impose à un État membre soumis à un
programme dajustement dont la capacité administrative
est insuffisante, de rechercher lassistance technique de la
Commission. Il serait utile de prévoir aussi pour
dautres institutions et États membres de lUnion la
possibilité de fournir cette assistance et dapporter
leur contribution en termes dexpertise.
- Il serait utile
dimplanter sur place, dans lÉtat membre
concerné, un conseiller permanent résident qui
conseillerait les autorités de cet État membre sur la
mise en uvre du programme dajustement et agirait en
coordination avec les institutions et les États membres de
lUnion.