La commission des affaires étrangères a adopté un rapport dinitiative dIndrek TARAND (Verts/ALE, EE) sur le rôle de la politique de sécurité et de défense commune en cas de crises climatiques et de catastrophes naturelles.
Dune manière générale, les députés constatent les effets du changement climatique sur la sécurité, la paix et la stabilité dans le monde. Or, ces quatre dernières années, la question du changement climatique sest retrouvée oblitérée par la crise économique et financière.
Force est toutefois de constater que l'intensification des phénomènes météorologiques extrêmes représente un coût croissant pour l'économie mondiale, non seulement pour les pays en développement, mais aussi pour le monde. Les catastrophes naturelles, exacerbées par le changement climatique, ont des effets déstabilisants, surtout dans les États vulnérables.
Les députés soulignent que jusquici aucun conflit na pu être attribué uniquement au changement climatique.
Ils reconnaissent toutefois que les crises complexes peuvent être prédites et prévenues en adoptant une approche globale qui intègre les domaines politiques qui font plein usage des outils de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et des politiques en faveur de l'aide au développement et de l'aide humanitaire.
Les députés soulignent également que, dans ses stratégies, politiques et instruments d'action extérieure, l'Union devrait prendre en considération les effets sur la sécurité internationale des catastrophes naturelles et du changement climatique, en prêtant attention à la très grande vulnérabilité des femmes et des enfants.
Réaffirmant l'importance de la réduction des risques de catastrophe, les députés appellent à lintégration danalyses de l'incidence des crises d'origine climatique et des catastrophes naturelles dans les stratégies et les plans opérationnels de la PSDC avant, pendant et après les crises, et à concevoir des plans de secours d'atténuation destinés aux régions courant le plus de risques. Ils en appellent également à la coopération dans la pratique, comme, par exemple, des exercices de coopération.
Même sils se réjouissent des nouveaux outils prévus par le traité de Lisbonne en matière de prévention des conflits (missions de prévention des conflits, missions humanitaires et de secours, missions de conseil et d'assistance en matière militaire, missions de maintien de la paix ), les députés soulignent quil faut éviter la redondance des instruments et opérer une distinction claire entre ceux qui relèvent de la PSDC et ceux qui sont hors de son champ d'application. Ils se disent plutôt favorables à des synergies entre civils et militaires lors de crises comme celles survenues à Haïti, au Pakistan ou à la Nouvelle-Orléans.
Besoin de volonté politique et d'action : les députés demandent à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) :
L'UE doit ainsi présenter une liste énumérant les défis auxquels elle est confrontée dans des régions telles que l'Arctique, l'Afrique, le monde arabe et le troisième pôle (l'Himalaya et le plateau tibétain), et notamment les conflits potentiels pour les ressources hydriques. Dans ce contexte, les députés appellent tous les niveaux institutionnels (SEAE, DG ECHO, et Europe Aid) à élaborer, en étroite concertation et coordination, une liste de tous les pays et régions qui seront particulièrement vulnérables au changement climatique au cours des décennies à venir.
Dans lattente, il convient de poursuivre et d'intensifier, au niveau de l'Union, l'aide humanitaire et l'aide au développement et duvrer avec les régions-clés à risque pour renforcer leur capacité de réponse (par exemple, dans le cadre de la stratégie UE-Afrique, du processus de Barcelone, de la synergie de la mer Noire, de la stratégie UE-Asie centrale et du plan d'action au Proche-Orient).
Les députés appellent en outre la VP/HR et la Commission à :
Les députés attirent encore l'attention sur le fait que la sécurité énergétique est étroitement liée au changement climatique. Ils rappellent à cet égard que les pipelines russes seront menacés de rupture par la fonte du permafrost et que la transformation de l'Arctique constitue un des effets majeurs du changement climatique sur la sécurité de l'Union.
Au passage, ils accueillent favorablement les tentatives récentes visant à renforcer la coordination entre l'OTAN et l'Union européenne dans le domaine du renforcement des capacités.
Besoin d'un nouveau souffle: défis stratégiques et conceptuels : pour répondre aux crises, les députés suggèrent :
Sils se félicitent des mesures prises jusquici en matière de diplomatie du climat, les députés estiment quil ne sagit là que d'une seule dimension de l'action extérieure possible et qu'il existe un besoin important d'anticipation des crises climatiques dans le cadre de la PDSC par l'intégration des besoins.
Des modifications stratégiques sont ainsi proposées dans le cadre de la PDSC comme une meilleure planification militaire au niveau politique et stratégique de l'Union mais aussi la mise en place dun concept de l'Union pour le commandement, la constitution des forces, et la réaction rapide militaire de l'Union. Sur le plan civil, les députés demandent également que des mesures de planification, de commandement et de contrôle des opérations menées par l'Union soient prévues.
Pour développer les capacités civiles et militaires de façon à permettre leur déploiement en réponse aux catastrophes naturelles et aux crises climatiques, les députés préconisent la mutualisation des moyens et un renforcement du rôle accordé à l'Agence européenne de défense (AED).
Nécessité d'une créativité institutionnelle: les députés réitèrent leur position selon laquelle, pour être efficaces, les réponses aux crises comme les catastrophes naturelles nécessitent de pouvoir faire appel aussi bien à des moyens civils que militaires. Ils appellent dès lors à la mise en place dune liste spécifique de capacités militaires et civiles de la PDSCE particulièrement pertinentes tant pour répondre au changement climatique et aux catastrophes naturelles que dans le cadre des missions relevant de la PDSC. Les ressources répertoriées devraient inclure les capacités d'ingénierie, comme la construction et l'exploitation ad hoc d'infrastructures portuaires ou aéroportuaires, les transports maritimes et aériens et leur gestion opérationnelle, les hôpitaux mobiles, les infrastructures de communication, l'assainissement des eaux et la gestion des combustibles. Ils invitent le Conseil et l'AED, dans le cadre de l'examen du programme de développement des capacités de 2013, à faire concorder les catalogues actuels des capacités civiles et militaires avec les capacités requises pour relever les défis liés au changement climatique et à présenter les propositions nécessaires pour combler toute lacune potentielle.
Il convient également dexplorer :
Enfin, les députés demandent que l'Union examine les implications de sécurité du changement climatique dans son dialogue avec les pays tiers, notamment avec l'Inde, la Chine et la Russie afin denvisager une approche multilatérale sur cette question.
Á noter enfin, quune opinion minoritaire sest dégagée dans le cadre du présent rapport par plusieurs députés du groupe GUE/NGL qui récusent le postulat défendu dans le rapport selon lequel, pour répondre aux crises dues au changement climatique, il convient de répondre par des contre-mesures répressives et militaires, en plaidant notamment pour une militarisation accrue de l'Union européenne. Ces députés défendent au contraire plus d'équité en matière de répartition mondiale des ressources, la conduite de toutes les activités dans le cadre strict de la charte des Nations unies et du droit international, une action centrée sur Union européenne civile, et une stricte séparation entre lUE et lOTAN et entre les capacités civiles et militaires.