Le Parlement européen a adopté par 495 voix pour, 96 voix contre et 69 abstentions, une résolution sur les répercussions de la crise économique sur l'égalité entre les hommes et les femmes et les droits des femmes.
Le Parlement rappelle que, même si les femmes n'ont pas été les premières victimes de la crise, elles sont aujourd'hui les plus affectées par ses conséquences (en raison de leur présence plus marquée dans les emplois précaires et de leur plus grande vulnérabilité, etc.). Elles en subissent donc plus durablement les répercussions. Il indique également qu'en 2010, environ 23% des citoyens de l'Union étaient confrontés au risque de pauvreté ou d'exclusion sociale, et que cette paupérisation touchait majoritairement les femmes.
Le Parlement estime par ailleurs que les coupes budgétaires réalisées par les gouvernements à l'occasion de la mise en uvre des plans d'austérité touchent en priorité le secteur public et ses services sociaux, dont les femmes sont les principales bénéficiaires et où elles sont les plus présentes représentant près de 70% des employés du secteur. Les femmes deviennent donc les principales victimes des mesures d'austérité.
Il convient dès lors de répondre de manière adaptée à la crise touchant les femmes en demandant lintégration de la dimension de genre dans toutes les politiques y compris dans les directives macroéconomiques et dans les politiques de l'emploi ainsi que dans les mesures daustérité, de relance après la crise, de violence liée au genre, de dégradation de leur santé et de pauvreté à long terme.
Un taux de chômage en progression : le Parlement rappelle qu'après avoir atteint un taux de 62,8% en 2008, le taux demploi des femmes sest établi à 62,3% en 2011. Il considère dès lors que des mesures simposent pour améliorer lemploi des femmes, y compris en mobilisant des programmes et des Fonds européens. La crise a en outre des effets différents sur les femmes qui subissent une précarisation plus importante de leurs conditions de travail, en particulier en raison du développement de formes de contrats atypiques, et de la persistance des inégalités de salaires (près de 17%) entre hommes et femmes. En conséquence, la Commission est appelée à présenter, dès que possible, une proposition de directive prévoyant des mesures visant à supprimer les écarts de rémunération entre hommes et femmes à travail égal.
Le Parlement met également en évidence les écarts de taux d'emploi des femmes dans les États membres (notamment chez les jeunes femmes et dans certains groupes défavorisés), impliquant une réponse différenciée. Il plaide en outre pour le respect du droit au travail comme condition préalable essentielle à l'indépendance économique et à l'épanouissement professionnel des femmes.
Lutter contre le travail au noir : le Parlement déplore la trop grande proportion de femmes dans l'économie souterraine en raison du fait que le travail au noir touche surtout des secteurs traditionnellement liés aux emplois féminins (services domestiques, soins aux personnes, etc.). Il constate par ailleurs que la crise a profité à l'économie parallèle, bien qu'il soit très difficile d'en avoir une image très claire. Il insiste dès lors pour que les droits des femmes soient défendus, notamment dans le cadre domestique, en répartissant mieux les rôles des hommes et des femmes en matière de conciliation familiale.
Réformer les politiques macroéconomiques, sociales et du marché du travail : pour favoriser lemploi des femmes, le Parlement envisage une série de mesures dont :
Sachant que les budgets nationaux ne sont pas neutres dun point de vue du genre, le Parlement demande une augmentation des crédits qui sont affectés aux femmes dans les emplois publics où elles sont surreprésentées.
Dune manière générale, il appelle les États membres à intégrer la dimension du genre dans le processus budgétaire, y compris dans le cadre financier 2014-2020.
Dautres mesures sont envisagées comme :
Mieux évaluer les implications de certaines coupes budgétaires sur les femmes : le Parlement insiste sur le fait que les décisions prises par certains États membres de couper dans les budgets d'aide à l'enfance, d'encadrement scolaire et périscolaire, des bourses pour les cantines et le transport scolaire, et d'aide à la prise en charge des personnes dépendantes ont des conséquences directes sur les femmes, qui assument la majorité de ces tâches supplémentaires. Il souligne notamment que les réductions de dépenses dans les services publics d'aide à l'enfance ont une incidence directe sur l'indépendance économique des femmes. Ainsi, en 2010, 28,3% de l'inactivité et du travail à temps partiel des femmes s'expliquait par le manque de services de garde, contre 27,9% en 2009. Il appelle dès lors les États membres à investir dans les prestations sociales et familiales et appelle à laccroissement de l'offre publique de jardins d'enfants, de crèches et d'activités de loisirs pour enfants, ainsi que le développement dun réseau public d'aide aux personnes âgées.
Le Parlement revient sur la question des écarts de rémunération liés au genre, dans le sens visé par sa résolution du 24 mai 2012 et invite les États membres et la Commission à proposer des solutions pour aider les femmes à poursuivre leurs carrières.
Le Parlement déplore en outre les réductions des dépenses dans le secteur des soins de santé qui se répercutent sur le travail dévolu aux femmes. Il invite tous les États membres à élaborer des plans pour la prestation de services de soins aptes à favoriser la justice sociale et l'égalité des genres.
Lutter contre la violence faite aux femmes : le Parlement constate enfin que la crise économique a favorisé le harcèlement, les mauvais traitements et la violence sous toutes ses formes à l'égard des femmes. De nouveaux moyens publics, financiers et humains sont donc demandés pour lutter contre ce phénomène social en progression et pour continuer de financer les refuges et les organisations de défense des droits des femmes.