Le rapport présenté par la Commission vise à faire le point sur lapplication de linitiative «Matières premières» et à brosser un tableau des initiatives en cours, tout en mettant en lumière lintérêt commun de lUE et des pays tiers riches en matières premières à travailler en partenariat. Par sa résolution du 13 septembre 2011, le Parlement a demandé à être régulièrement informé de lévolution des matières premières non énergétiques par la voie dun rapport annuel.
Matières premières essentielles : en juin 2010, la Commission a publié un rapport dexperts établissant une méthode de définition des matières premières jugées essentielles pour lUnion européenne. Cette appréciation reposait sur une méthode quantitative faisant intervenir les critères dimportance économique, de risque en matière dapprovisionnement et de risque-pays à caractère environnemental. Quarante et une matières premières ont été évaluées à laide de cette méthode.
La liste des matières premières essentielles sest révélée être un outil efficace pour sensibiliser les décideurs, pour inciter à une plus grande coordination des politiques nationales en matière dapprovisionnement en minerai et de matières premières essentielles, pour sopposer aux mesures favorisant les distorsions des échanges de matières premières essentielles, pour analyser le fonctionnement des marchés, pour encourager la recherche (prospection, substitution, recyclage) et laccès aux gisements dans lUE, pour mettre fin aux exportations illicites de produits en fin de vie contenant des matières premières essentielles et pour adopter des mesures à légard de certains matériaux.
Pour être en mesure de réviser la liste des matières premières essentielles au plus tard au premier semestre 2014, en tenant compte des contributions issues de la consultation publique et du rapport du Parlement européen, les services de la Commission ont passé un contrat en vue de la réalisation dune étude. Le réexamen devrait couvrir : i) les quatorze matières premières essentielles figurant sur la liste actuelle; ii) un nombre choisi de matières premières «quasi essentielles», telles que le rhénium et le tellure ; iii) dautres matières premières telles que le hafnium, le sélénium, létain, ainsi que le bois et le caoutchouc naturel.
La Commission a prévu de transmettre un rapport au Parlement européen et au Conseil sur le réexamen de la liste de matières premières essentielles dici à fin 2013.
Constitution de stocks : les services de la Commission ont fait réaliser une évaluation préliminaire sur la valeur ajoutée et la faisabilité que présenterait un éventuel programme de constitution de stocks de matières premières. Létude a conclu quun programme volontaire de constitution de stocks piloté par les entreprises était une option viable, moyennant des aides financières publiques. Elle a toutefois souligné que les stocks constitués ne pouvaient remédier quaux problèmes conjoncturels, les pénuries de matières premières de longue durée exigeant des solutions dapprovisionnement structurelles (substitution, recyclage, extraction locale). La Commission continuera de suivre la question.
Partenariat dinnovation européen (PIE) sur les matières premières : le PIE, demandé par le Parlement européen et entériné par le Conseil, doit permettre dapporter à lEurope la souplesse et les solutions de remplacement nécessaires pour assurer son approvisionnement en matières premières importantes, dune part, et de répondre à limpératif de limiter les effets environnementaux négatifs de certains matériaux au cours de leur cycle de vie, dautre part.
Le partenariat portera sur toutes les étapes de la chaîne de valeur et sur les innovations dans le domaine de la substitution. Il devra atteindre plusieurs objectifs concrets dici à 2020, notamment la mise sur pied jusquà dix actions pilotes innovantes, lélaboration des produits de substitution pour au moins trois applications des matières premières essentielles et le développement dun réseau de centres de recherche sur la gestion durable des matières premières.
Approvisionnement équitable et durable en matières premières sur les marchés mondiaux : la Commission entend renforcer sa stratégie commerciale relative aux matières premières. Elle continuera de suivre les négociations daccords de libre-échange et dautres cadres bilatéraux pour veiller à ce que la question des matières premières soit prise en compte et intégrée dans ces accords.
La Commission mènera également une «diplomatie des matières premières» en vue de garantir laccès à ces dernières à laide de partenariats stratégiques. Cette démarche a déjà été suivie avec les États-Unis, le Japon, la Russie, lArgentine, le Brésil, la Colombie, le Mexique, lUruguay, le Groenland, la Chine et les pays de lUnion pour la Méditerranée, et dautres dialogues sont en préparation.
Politique de développement : dans le cadre de leur partenariat stratégique, lAfrique et lUE ont décidé dintensifier leur coopération dans le domaine des matières premières, notamment dans trois domaines: la gouvernance, les investissements et infrastructures ainsi que les connaissances et compétences en géologie. La Commission agira également en faveur de la transparence financière, notamment par ladoption éventuelle dune obligation de fournir des informations pays par pays, et le renforcement du soutien à linitiative pour la transparence du secteur des industries extractives (ITIE).
La Commission participe aux efforts internationaux visant à mettre fin au problème des minerais qui alimentent les conflits et soutient activement le «Guide OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes dapprovisionnement responsables en minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque». En ce qui concerne la traçabilité des ressources minérales, la Commission réfléchit actuellement aux moyens daméliorer la transparence tout au long de la chaîne dapprovisionnement, y compris le devoir de diligence, en sinspirant de lexpérience des instruments bien établis que sont le processus de Kimberley, lITIE, le plan daction «Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux» (FLEGT) et le règlement dans le domaine du bois.
Favoriser lapprovisionnement durable au sein de lUE : la Commission joue essentiellement un rôle de relais pour léchange des bonnes pratiques, de nombreux domaines liés aux industries extractives étant du ressort des États membres. À la suite du lancement par la Commission de linitiative «Matières premières» en 2008, un nombre croissant dÉtats membres (comme la France, lAllemagne, la Finlande, la Grèce, les Pays-Bas et, plus récemment, le Portugal) ont mis au point des stratégies nationales, dont on peut considérer quelles complètent la stratégie de lUE sur les matières premières.
Pour tenir son engagement de «développer la base de connaissances nécessaire à la mise en uvre dune stratégie efficace dans le domaine des matières premières», la Commission a lancé plusieurs études et projets de recherche. Elle estime que dans le contexte de linitiative Horizon 2020, les matières premières devraient être considérées comme un enjeu sociétal et bénéficier, à ce titre, dun budget spécial.
Dynamiser lefficacité des ressources et promouvoir le recyclage : la Commission a traité les questions liées à la durabilité - y compris la question des déchets - dans la nouvelle politique industrielle intégrée. En 2012, elle a entamé un «bilan de qualité» pour cinq directives sur les flux des déchets et objectifs de gestion des déchets. De même, la méthode employée dans lélaboration des règlements «Écoconception» pour les produits liés à lénergie fait actuellement lobjet dun réexamen. La Commission évalue aussi les incidences quauraient déventuelles mesures législatives et non législatives visant à lutter contre les transferts illicites de déchets.