Le Parlement européen a adopté 567 voix pour, 37 voix contre et 54 abstentions, une résolution sur le généricide : les femmes manquantes ?
Le Parlement définit le «généricide» comme un terme neutre désignant le massacre de masse systématique, délibéré et sélectif de personnes appartenant à un sexe donné. Pour le Parlement, il s'agit d'un problème croissant et pourtant sous-déclaré dans différents pays alors qu'il a des conséquences létales. La pratique du généricide est souvent très profondément ancrée dans les cultures où la préférence pour les garçons est patente et où sévissent inégalités des genres, discriminations et stéréotypes à l'encontre des filles.
Dans ce contexte, le Parlement souligne que le généricide demeure un crime et une grave violation des droits de l'homme qui exige que des moyens adéquats soient mis en place afin de léradiquer. Il insiste sur l'obligation de tous les États et gouvernements de promouvoir et de protéger les droits de l'homme et d'empêcher les discriminations, ce qui constitue le socle fondamental pour toute action visant à éliminer tous les types de violences faites aux femmes.
Il invite également les gouvernements à prendre toutes les mesures nécessaires pour :
Le Parlement fait également appel à la Commission pour promouvoir une recherche et un examen scientifiques approfondis concernant les causes principales des pratiques de sélection selon le sexe, afin d'encourager la recherche dans ce domaine.
Pour une législation anti-discrimination : le Parlement appelle à lélaboration d'une législation contre la sélection selon le sexe, laquelle devrait prévoir des mesures de protection sociale pour les femmes, un meilleur suivi de l'application de la législation existante et une orientation plus marquée vers les causes culturelles et socioéconomiques du phénomène.
Le Parlement invite la Commission à travailler de façon intensive afin de lutter contre le choix du sexe basé sur des préjugés liés au genre, non pas en imposant des restrictions à l'accès aux services et aux techniques en matière de santé reproductive mais à introduire et à renforcer les lignes directrices, à offrir une formation spécialisée au personnel médical en matière de conseils et de prévention concernant les pratiques de sélection selon le sexe - exception faite des rares cas justifiés par des maladies génétiques liées à l'un des deux sexes -, et à empêcher l'utilisation et la promotion de technologies à des fins de sélection selon le sexe ou dans un but lucratif.
Le Parlement souligne également que la législation visant à gérer ou limiter le choix du sexe doit protéger le droit des femmes à avoir accès, sans l'autorisation du conjoint, à des services et techniques de santé sexuelle et génésique légitimes.
Dune manière générale, le Parlement invite également :
Lutter contre la surmasculinité de la société : le Parlement souligne que, d'après plusieurs études, le déséquilibre entre les hommes et les femmes risque de conduire à une recrudescence de la traite des êtres humains à des fins de mariage et d'exploitation sexuelle ainsi quà dautres dérives menaçant toute la stabilité et la sécurité de la société. Des mesures simposent dès lors pour lutter contre cette surmasculinité de la société, notamment en sassurant de la mise en uvre efficace de la législation en matière d'égalité des genres et de non-discrimination, en particulier dans les pays à faibles et moyens revenus et dans les pays en transition.
Entre autres mesures, le Parlement insiste sur :
Le Parlement appelle également la Commission et les États membres à dresser une liste des cliniques qui pratiquent l'avortement sélectif en Europe, à fournir des statistiques en la matière et à élaborer un recueil des meilleures pratiques pour empêcher ces avortements.
Renforcer léducation dans les pays tiers : le Parlement insiste pour que la Commission et les organisations internationales encouragent les programmes éducatifs qui permettent aux femmes de s'émanciper. Il invite la Commission, le SEAE et les gouvernements des États tiers à élaborer des campagnes d'information qui promeuvent le principe d'égalité entre les hommes et les femmes et qui veillent à sensibiliser les populations au respect mutuel des droits fondamentaux de chacune des personnes du couple, surtout en matière de droit de propriété, d'emploi et de soins de santé.
De même, il appelle au renforcement de l'accès des femmes à l'éducation, au travail et aux soins de santé, ainsi qu'un accès direct à la contraception et à un compte bancaire sans l'autorisation ou le consentement d'autrui.
Les gouvernements des pays partenaires et la Commission sont également appelés à :
Le Parlement invite en outre la Commission et le SEAE à faire du généricide, lors des négociations concernant l'aide humanitaire, un des problèmes que les pays tiers concernés doivent résoudre en priorité en leur demandant de s'engager à éradiquer cette pratique sans plus attendre. L'UE est également appelée à se concentrer sur l'autonomisation des femmes dans l'agenda de la politique de développement de l'Union après 2015.
Dans un amendement adopté en Plénière, les députés ont enfin affirmé à très courte majorité que, lors de l'application des clauses spécifiques relatives à l'interdiction de la coercition ou de la contrainte en matière de santé sexuelle et reproductive, adoptées notamment lors de la Conférence internationale du Caire sur la population et le développement, et dautres instruments internationaux contraignants relatifs aux droits de l'homme, ou l'acquis communautaire de l'Union, la Commission ne devrait apporter son assistance à aucune autorité, aucune organisation ou aucun programme qui incite, contribue ou participe à la gestion de toute action impliquant ce type de violations des droits de l'homme, telles que l'avortement forcé, la stérilisation forcée des femmes ou des hommes ou la détermination du sexe du ftus entraînant le choix prénatal du sexe d'un enfant ou un infanticide.