Instrument européen de voisinage 2014-2020
Le Parlement européen a adopté par 618 voix pour, 53 voix contre et 8 abstentions, une résolution législative sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil instituant un instrument européen de voisinage (IEV II).
Le Parlement a arrêté sa position en première lecture suivant la procédure législative ordinaire. Les amendements adoptés en plénière sont le résultat dun compromis négocié entre le Parlement européen et le Conseil :
Objectif général : lobjectif de lIEV II serait dassurer la prospérité et les relations de bon voisinage entre lUE et les pays énumérés à lannexe I du futur règlement en mettant en place des relations fondées sur la coopération, la paix et la sécurité et le partage des valeurs universelles de démocratie, le renforcement de la loi et le respect des droits humains conformément au Traité sur lUnion européenne.
Le recours à un soutien financier de l'Union serait également possible pour permettre à la Russie de participer à la coopération transfrontalière et à la coopération régionale associant l'Union, ainsi qu'aux programmes plurinationaux concernés, y compris à la coopération en matière d'enseignement, en particulier aux échanges d'étudiants.
Dans le cadre de la mise en uvre du règlement, la promotion de la démocratie et de ses valeurs serait favorisée par le dialogue et la coopération entre les parties. En conséquence, le financement issu du futur règlement devrait être conforme aux standards démocratiques ainsi quaux engagements européens sur le plan international et les politiques européennes pertinentes.
Objectifs spécifiques : une série de nouveaux objectifs spécifiques ont été ajoutés au programme dont :
- la lutte contre toutes les formes de discriminations ;
- une meilleure organisation des migrations légales et une mobilité bien gérée des personnes ;
- la lutte contre lexclusion sociale ;
- la promotion de linnovation ;
- la coopération régionale et les relations de bon voisinage.
Mesures dincitation, différentiation et indicateurs de performance : les progrès réalisés dans lensemble de ces domaines seraient évalués au travers dindicateurs de performance définis au projet de règlement. Il est en outre précisé que laide serait gérée en différentiant le soutien octroyé en fonction du partenaire concerné et en accordant des mesures dincitations spécifiques aux pays qui auraient particulièrement respecté un certain nombre de critères dont, le respect de la démocratie, la capacité dabsorption de laide ou la capacité à coopérer avec lUnion européenne et son niveau dambition dans les réformes engagées.
Cette approche incitative ne toucherait toutefois pas les mesures spécifiquement adressées à la société civile, y compris la coopération entre autorités locales, le soutien à l'amélioration du respect des droits de l'homme ni aux mesures de soutien en cas de crise. En cas de défaillances graves ou persistantes, un tel soutien pourrait même être renforcé.
Lapproche incitative du futur règlement ferait par ailleurs lobjet déchanges de vue réguliers entre le Parlement européen et le Conseil.
Suivi des progrès accomplis et re-modulation de laide : les progrès des pays partenaires seraient évalués à intervalles réguliers, notamment au moyen de rapports de situation établis dans le cadre de la politique européenne de voisinage, qui présenteraient les tendances par rapport aux années précédentes. En cas de régression, laide pourrait être reconsidérée de manière appropriée.
Cadre général de lassistance: le soutien accordé au titre du règlement devrait être octroyé conformément au cadre général défini par la politique européenne de voisinage (en particulier Partenariat oriental et la dimension méridionale du Partenariat) et par les résolutions pertinentes du Parlement européen dans ce domaine.
Implication de la société civile : dans le cadre de la mise en uvre du programme, une attention particulière serait accordée aux organisations de la société civile qui seraient également pleinement bénéficiaires des projets. Elles seraient en outre associées à la préparation, à la mise en uvre et au suivi de laide européenne ainsi quà lappropriation des mesures mises en uvre ou au processus de démocratisation engagé.
Mise en uvre : des dispositions ont été ajoutées pour clarifier la mise en uvre technique de lIEV II que ce soit en termes de planification stratégique ou de programmation tant pour les programmes nationaux que pour les programmes transfrontaliers et macro-régionaux.
Enveloppe financière : conformément à laccord global sur le cadre financier, l'enveloppe financière pour à la mise en uvre de lIEV II sétablirait à 15.432.634.000 EUR dont 5% seraient spécifiquement consacrés à la coopération transfrontalière.
Un pourcentage daide supplémentaire a été en outre prévu pour favoriser la politique incitative du futur règlement (en principe, une enveloppe située dans une fourchette de 10% du budget de l'IEV pour des programmes faîtiers plurinationaux venant compléter les enveloppes financières nationales).
Une partie de lenveloppe serait également consacrée à la mobilité transfrontalière.
Optimisation des ressources : lUE devrait chercher à utiliser les ressources disponibles avec un maximum d'efficacité afin d'optimiser l'impact de son action extérieure. Pour ce faire, il faudrait assurer une cohérence et une complémentarité entre les instruments pour l'action extérieure de l'Union et créer des synergies entre les instruments financiers de l'action extérieure et les autres politiques de l'Union. Tout document de programmation devrait notamment préciser dans la mesure du possible, les activités des autres bailleurs de fonds de l'Union.
Actes délégués : afin de pouvoir adapter laide européenne au besoin, la Commission se verrait accordé le pouvoir dadopter des actes délégués conformément à larticle 290 du TFUE pour la durée du programme en vue en particulier de modifier et mettre à jour les priorités définies à lannexe II du futur règlement. Les modifications envisagées devraient tenir compte des recommandations établies sur base du rapport de mise en uvre intérimaire de lIEV II et devraient être adoptées pour le 31 mars 2018 au plus tard.
Annexes : le futur règlement comporterait 2 annexes :
- lannexe I listant les pays bénéficiaires de lIEV à savoir : lAlgérie, lArménie, lAzerbaïdjan, le Belarus, lÉgypte, la Géorgie, Israël, la Jordanie, le Liban, la Lybie, la Moldavie, le Maroc, les Territoires palestiniens, la Syrie, la Tunisie et lUkraine.
- lannexe II qui définit les priorités de lUnion européenne au regard de laide ainsi que les priorités de laide en matière de coopération transfrontalière (notamment, dans le cadre des projets multi-pays).
Il est précisé que les enveloppes financières par catégorie de programmes seraient les suivantes :
- programmes bilatéraux: jusqu'à 80% ;
- programmes plurinationaux: jusqu'à 35% ;
- coopération transfrontalière: jusqu'à 5%.
Á noter que le projet de règlement tel que modifié est accompagnée dune série de déclarations conjointes, bilatérales ou unilatérales des institutions européennes dont :
- une déclaration unilatérale du Parlement européen sur la suspension de laide dans le cadre des instruments financiers de la politique extérieure. Celle-ci précise quen cas de non-conformité, dans les pays bénéficiaires, des standards démocratiques, et sachant que toute suspension de laide modifierait le cadre financier dans son ensemble tels quapprouvé selon la procédure législative ordinaire, le Parlement exercerait les prérogatives qui sont les siennes conformément au traité ;
- une déclaration unilatérale de la Commission sur les modalités du dialogue bilatéral à mettre en uvre avec le Parlement européen en amont de la programmation de laide ;
- une déclaration unilatérale de la Commission sur le recours aux actes délégués dans le cadre de la mise en uvre de certaines dispositions de lIAP II et du présent instrument de voisinage.