Information des consommateurs sur les denrées alimentaires
Conformément aux exigences du règlement (UE) n° 1169/2011 concernant linformation des consommateurs sur les denrées alimentaires (règlement INCO), la Commission a présenté un rapport concernant la possibilité détendre lindication obligatoire de lorigine pour la viande utilisée comme ingrédient dans les denrées alimentaires préemballées.
Il est rappelé 88% des consommateurs de lUE-27 achètent de la viande préemballée. La majeure partie de la viande est de la viande porcine (49%), de volaille (29%) et bovine (19%). De façon générale, 30 à 50% du volume total de la viande abattue est transformée en ingrédients carnés pour denrées alimentaires (essentiellement en viande hachée/préparations à base de viande/produits à base de viande). Lindustrie de la transformation de la viande dans lUE représente plus de 13.000 entreprises. Elle emploie quelque 350.000 personnes et représente un chiffre daffaires de 85 milliards EUR.
Le rapport couvre la viande de toutes les espèces (par exemple, viande bovine, porcine, de volaille, ovine et caprine, de gibier, de lapin, équine) utilisée comme ingrédient dans les denrées alimentaires préemballées. Ses principaux objectifs sont les suivants:
- évaluer lattitude des consommateurs à légard de lindication obligatoire de lorigine sur létiquette pour la viande utilisée comme ingrédient;
- examiner la faisabilité de cette indication sur létiquette; et
- analyser les coûts et les avantages de lintroduction des telles mesures, y compris les incidences juridiques sur le marché intérieur et limpact sur le commerce international.
Attitude des consommateurs : daprès une étude du «Food Chain Evaluation Consortium» (FCEC), lorigine des denrées alimentaires, de manière générale, est le cinquième facteur (47,4%) influant sur les décisions dachat des consommateurs sur les 11 facteurs pris en considération, derrière le goût (82%), la date de péremption (62%), lapparence (61,3%) et le prix (48,3%).
Le pays dorigine est la quatrième information majeure (sur 15) recherchée par les consommateurs lorsquils achètent des produits à base de viande; ce comportement se retrouve chez 48% des consommateurs, sans grande différence entre les populations de lUE-15 et de lUE-12.
Les résultats de létude du FCEC montrent que plus de 90% des consommateurs jugent importante la mention de lorigine des ingrédients carnés sur létiquette. Il existe des différences importantes entre les États membres en ce qui concerne les préférences des consommateurs et leur compréhension des informations sur lorigine et les niveaux de motivation/raisons de ces informations.
Toutefois, il existe une contradiction entre lintérêt fort des consommateurs pour lindication de lorigine et le consentement à payer pour ces informations. Ainsi, à la première augmentation de prix au-delà du prix de base (+5 à 9% en fonction du niveau dinformation requis), le consentement à payer du consommateur diminuera sensiblement, à savoir de 60 à 80%, et continuera de diminuer à chaque nouvelle hausse.
Par conséquent, si lindication obligatoire de lorigine sur létiquette entraîne une augmentation des prix pour les consommateurs, la consommation de denrées alimentaires contenant de la viande comme ingrédient pourrait diminuer.
Faisabilité de lindication de lorigine sur létiquette : la faisabilité et limpact de lindication de lorigine sur létiquette dépendent dans une large mesure de la nature des modalités applicables ainsi que de la nature des produits concernés. Aux fins du rapport, trois scénarios ont été examinés:
- scénario 1 - maintenir lindication de lorigine sur une base volontaire;
- scénario 2 - introduire lindication obligatoire de lorigine sur la base a) UE/non-UE ou b) UE/pays tiers;
- scénario 3 - introduire lindication obligatoire de lorigine mentionnant lÉtat membre ou le pays tiers.
Le scénario 1 ne susciterait pas de difficultés opérationnelles supplémentaires pour les exploitants du secteur alimentaire, étant donné que les coûts dexploitation et les coûts supplémentaires répercutés sur le consommateur seraient maintenus à un minimum. Toutefois, il noffrirait pas une solution pleinement satisfaisante à la demande des consommateurs en matière dinformations sur lorigine.
Le scénario 2 (dans une moindre mesure) et le scénario 3 répondraient aux besoins dinformation des consommateurs mais poseraient des difficultés opérationnelles et exigeraient des adaptations radicales dans la chaîne alimentaire. Le scénario 2 est considéré plus réalisable que le scénario 3. En particulier :
- le scénario 2 répondrait à lexigence dinformation des consommateurs, mais il pourrait être considéré comme trop générique et ne justifiant pas une éventuelle augmentation des prix résultant dune hausse des coûts dexploitation des exploitants du secteur alimentaire (allant dun surcoût négligeable à une hausse de 25%) ;
- concernant la compétitivité et les échanges, des changements dans la chaîne dapprovisionnement pourraient entraîner une segmentation du marché et une diminution du nombre dintermédiaires ainsi que du nombre dingrédients carnés.
- en ce qui concerne le commerce international, ce scénario serait susceptible de modifier le flux des échanges, avec le risque que les exploitants du secteur alimentaire de lUE se tournent vers des fournisseurs de lUE, et dengendrer des coûts supplémentaires pour les exploitants du secteur alimentaire des pays tiers.
- alors que les charges administratives pour les exploitants du secteur alimentaire sont jugées négligeables, celles supportées par les autorités publiques devraient enregistrer une augmentation de lordre de 10% à 30%.
Le scénario 3, dune part,
- permettrait de fournir des informations pertinentes aux consommateurs, qui, dans lensemble, sont désireux den savoir plus sur lorigine de la viande pour la totalité des trois groupes de produits à base de viande;
- se traduirait probablement par des coûts supplémentaires pour les exploitants du secteur alimentaire, qui induiraient des augmentations de prix en fonction de la nature des ingrédients carnés concernés et des produits finaux, lesquelles pourraient avoir des répercussions sur la consommation.
Dans ce scénario, les coûts dexploitation supplémentaires des exploitants du secteur alimentaire pourraient se situer dans une fourchette allant de 15% ou 20% à 50%. Les charges administratives supplémentaires pourraient entraîner une augmentation de 8% à 12% des coûts totaux de production, les charges supportées par les pouvoirs publics étant quant à elles susceptibles dêtre supérieures à celles induites par le scénario 2.
La Commission considère que tous les scénarios envisageables présentent des avantages et des inconvénients qui doivent faire lobjet dun large débat au Conseil et au Parlement européen. Sur la base de ces discussions, elle décidera des éventuelles mesures à adopter, lesquelles, si nécessaire, pourraient prendre la forme dune proposition législative réglementant lindication de lorigine de la viande utilisée comme ingrédient lors de létiquetage des denrées alimentaires.