Réseau européen des services de l'emploi (EURES), accès des travailleurs aux services de mobilité et poursuite de l'intégration des marchés du travail
OBJECTIF : renforcer le réseau EURES en vue daméliorer laccès des travailleurs aux services de soutien à la mobilité de la main-duvre au sein de lUnion européenne, et favoriser par conséquent une mobilité équitable et une amélioration de laccès aux offres demploi au sein de lUnion.
ACTE PROPOSÉ : Directive du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN : le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire sur un pied dégalité avec le Conseil.
CONTEXTE : la liberté de circulation des travailleurs, consacrée par larticle 45 du traité sur le fonctionnement de lUnion (TFUE) est une liberté fondamentale des citoyens de lUnion et lun des piliers du marché intérieur. Larticle 46 établit les mesures destinées à la mettre en uvre notamment une étroite collaboration entre les services publics de lemploi (les «SPE»).
La libre circulation des travailleurs est aussi un élément essentiel à la création, dans lUnion, dun marché du travail plus intégré permettant la mobilité des travailleurs depuis des régions où le chômage est élevé vers des régions où il existe une pénurie de main-duvre. Elle permet également de trouver les compétences recherchées pour les postes vacants et de supprimer les goulets détranglement sur le marché du travail.
Environ 7,5 millions de personnes seulement sur une population active européenne dà peu près 241 millions de personnes (soit 3,1%) sont économiquement actives dans un autre État membre. À lheure actuelle, des taux de chômage élevés dans certains États membres coexistent avec un grand nombre de postes à pourvoir dans dautres. Les raisons pour lesquelles le potentiel de mobilité intra-UE de la main-duvre reste inexploité et les citoyens ne mettent pas en pratique leurs intentions de devenir des travailleurs mobiles sont nombreuses. Les difficultés pratiques les plus courantes rencontrées sont le manque de connaissance de la langue du pays et les difficultés à trouver un emploi. LUnion européenne peut donc contribuer à surmonter cette dernière difficulté, en sensibilisant davantage aux offres demploi dans lUnion et en développant des services de soutien appropriés pour encourager les recrutements intra-UE.
Les dispositions du règlement (UE) n° 492/2011 du Parlement européen et du Conseil relatif à la libre circulation des travailleurs à lintérieur de lUnion (texte codifié) a établi des mécanismes de compensation et déchange dinformations, tandis que la décision dexécution 2012/733/UE de la Commission du 26 novembre 2012 a défini des dispositions pour le fonctionnement dun réseau appelé EURES (services européens de lemploi) conformément au règlement précité.
Bien quà linitiative de la Commission, avec sa décision de 2012, le fonctionnement du réseau EURES ait fait lobjet de certaines modifications, le chapitre II du règlement (UE) n° 492/2011, qui constitue le cadre réglementaire européen relatif à la compensation et à léchange dinformation entre les États membres sur la mobilité de la main-duvre au sein de lUE, na pas été modifié depuis 1992.
Ce cadre réglementaire doit donc être révisé pour tenir compte des nouvelles formes de mobilité, du renforcement des exigences liées au concept de mobilité équitable, de lévolution de la technologie utilisée pour le partage des données sur les offres demploi, de la diversité des canaux de recrutement utilisés par les demandeurs demploi et les employeurs, ainsi que du rôle de plus en plus important que jouent, à côté des SPE, dautres intermédiaires sur le marché du travail, dans la fourniture de services de recrutement.
Il convient notamment détablir un cadre commun de coopération entre les États membres et la Commission en ce qui concerne la mobilité de la main-duvre à lintérieur de lUnion. Un tel cadre devrait rassembler les offres demploi de lensemble de lUnion et permettre dy répondre («compensation»), définir le cadre de la fourniture de services connexes de soutien aux travailleurs et aux employeurs, et prévoir une méthode commune de partage des informations nécessaires pour faciliter cette coopération.
ANALYSE DIMPACT : la Commission a mené une analyse dimpact des politiques envisageables pour remédier aux carences détectées :
- Option 1 : maintien du statu quo ;
- Option 2 : modification du règlement (UE) n° 492/2011 en ce qui concerne les pouvoirs conférés à la Commission en matière dapplication de ses dispositions («lisbonisation» du texte) ;
- Option 3 : introduction dun nouveau règlement comportant un nouvel ensemble de dispositions (modernisation des EURES) ;
- Option 4 : introduction dun nouveau règlement avec lattribution dun mandat spécifique à la Commission en vue dune intensification de la coopération entre les services publics et les services privés de lemploi.
Loption 3 est loption préférée et consiste à remplacer le règlement (UE) n° 492/2011 et la décision de 2012 par un instrument autonome combinant les dispositions des deux instruments et sattaquant à toutes les insuffisances observées. Dans le cadre de cette option, plusieurs variantes spécifiques ont été rejetées car elles nétaient pas proportionnées aux objectifs recherchés.
BASE JURIDIQUE : article 46 du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne (TFUE).
CONTENU : la présente proposition de règlement vise à améliorer laccès des travailleurs aux services de soutien à la mobilité de la main-duvre au sein de lUE, et par conséquent à favoriser une mobilité équitable et une amélioration de laccès aux offres demploi au sein de lUnion.
Elle remplace les dispositions relatives à léchange dinformation sur les offres et les demandes demploi et les C.V. entre les États membres (la «compensation») actuellement énoncées au règlement (UE) n° 492/2011.
Elle (r)établit également le réseau européen des services de lemploi, les EURES, dont la fonction serait de faciliter la recherche demploi et le recrutement dans les États membres. Un réseau similaire est actuellement actif en vertu dune décision de la Commission adoptée en 2012. Dès lors, après ladoption du règlement proposé, la Commission abrogerait cette décision relative au fonctionnement de lactuel réseau EURES. Dans cette perspective, la Commission a récemment présenté une proposition visant à créer un réseau de SPE afin de renforcer la coopération et lapprentissage mutuel. Le réseau qui serait créé, devrait poursuivre un ensemble plus vaste dobjectifs et dinitiatives sous forme de mesures incitatives et compléter les mesures de la présente proposition.
Objectifs : lobjectif général de la proposition consiste à transformer le réseau EURES en un instrument efficace pour tout demandeur demploi ou employeur intéressé par la mobilité de la main-duvre au sein de lUnion européenne. Un certain nombre de carences ont en effet été décelées dans le fonctionnement du réseau EURES qui peuvent se résumer comme suit : i) un vivier incomplet doffres demploi et de C.V. accessibles à léchelon européen, ii) un potentiel inexploité de mise en correspondance automatique des offres demploi existantes avec des C.V., iii) un service de soutien limité aux demandeurs demploi et aux employeurs intéressés ainsi quun manque dinformation transfrontière sur les opportunités demploi.
Dans ce contexte, les objectifs spécifiques de la proposition sont de remédier aux carences ci-avant de la façon suivante :
- mettre en place, sur le portail EURES, un répertoire quasi complet doffres demploi, les demandeurs demploi de toute lEurope ayant instantanément accès à ces offres, en combinaison avec une vaste réserve de C.V. que les employeurs inscrits pourraient consulter pour recruter ;
- perfectionner le portail EURES pour quil effectue automatiquement des mises en correspondance de bonne qualité entre les offres demploi et les C.V. venant des États membres, avec des traductions dans toutes les langues de lUE et des descriptions intelligibles des compétences, des qualifications et des formations acquises à léchelon national et sectoriel ;
- mettre à la disposition de tout demandeur demploi, ou de tout employeur à la recherche de services «Clients» dans le domaine du recrutement, des informations générales concernant le réseau EURES, dans toute lUnion européenne, et offrir de manière constante à toute personne intéressée un accès au réseau EURES ;
- apporter à ces personnes intéressées une aide en matière de mise en correspondance de loffre et de la demande, de placement et de recrutement à laide du réseau EURES ;
- soutenir le fonctionnement du réseau EURES par léchange dinformations sur les pénuries et les excédents de main-duvre nationale, et par une coordination des actions entre les États membres.
Plus spécifiquement, la proposition devrait :
- intégrer dans un seul cadre les dispositions du chapitre II et de larticle 38 du règlement (UE) n° 492/2011 ainsi que la décision 733/2012/UE de la Commission relative au réseau EURES ; il serait éventuellement envisagé détendre le périmètre daction du réseau aux offres dapprentissages et de stage ;
- rétablir le réseau EURES et déterminer les rôles et responsabilités des éléments qui le compose et des organisations partenaires ; un organe de gouvernance unique, pour une coopération pratique plus aisée entre la Commission et les États membres serait établi ;
- introduire des mesures spécifiques relatives à la transparence et à la mise en correspondance automatique des offres et des demandes demploi ;
- prévoir des mesures spécifiques relatives à lintégration et aux services de soutien ; la proposition envisage explicitement lidée que les services de soutien pourraient être fournis par des organismes autres que les SPE, en principe grâce à la participation volontaire de partenaires dEURES au réseau. En outre, les SPE seraient encouragés à créer des partenariats visant à promouvoir un ensemble cohérent de services à lattention des employeurs en ce qui concerne la mobilité de la main-duvre au sein de lUE ; une forme spécifique de ces structures de soutien serait la mise en place de partenariats transfrontaliers ;
- soutenir le fonctionnement du réseau EURES par un partage dinformations dans le réseau EURES lorsque linformation bénéficie à la qualité de réalisations collectives concrètes ou à la coordination des politiques des États membres.
INCIDENCE BUDGÉTAIRE : la proposition naurait aucun effet spécifique sur le budget de lUnion européenne. Toutes les activités que la Commission devrait entreprendre pour le réseau EURES et qui nécessiteraient des ressources humaines et/ou financières relèveraient du règlement établissant le programme pour lemploi et linnovation sociale («EaSI») (2014-2020) et seraient couvertes par lallocation budgétaire annuelle de ce programme.
Pour la période 2014-2020, cest au titre de ce programme que seraient financées des mesures horizontales, telles que le portail EURES, le programme commun de formation, des actions de mobilité ciblées comme «Ton premier emploi EURES» et lélaboration de la Classification européenne des aptitudes, compétences, certifications et professions (ESCO). Pendant cette même période, les activités des États membres concernant la mobilité de la main-duvre au sein de lUE pourraient bénéficier des ressources du Fonds social européen.
ACTES DÉLÉGUÉS : la proposition contient des dispositions habilitant la Commission à adopter des actes délégués conformément à larticle 290 du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne.