La commission des
libertés civiles, de la justice et des affaires
intérieures a adopté le rapport dinitiative de
Laura FERRARA (EFDD, IT) sur la situation des droits fondamentaux
dans l'Union européenne (2013-2014).
Pour une
stratégie interne sur les droits fondamentaux : les
députés rappellent qu'il est fondamental de garantir le
respect plein et entier des valeurs européennes communes
énoncées à l'article 2 du traité UE. Ils
espèrent qu'une stratégie interne sur les droits
fondamentaux sera rapidement adoptée en étroite
collaboration avec lensemble des institutions. Ils
déplorent en particulier le manque de volonté politique
à recourir à l'article 7 du traité UE à
l'égard des États membres responsables de violations des
droits fondamentaux à titre de sanction et de mesure de
dissuasion. Ils soulignent que tous les instruments actuellement
prévus par les traités en la matière doivent
être appliqués et mis en uvre de toute urgence.
Pour renforcer le
cadre européen existant, les députés demandent
à la Commission de :
- lancer des
procédures d'infraction à lencontre des États
membres qui ne respectent pas l'article 2 du traité UE;
- veiller au
lancement automatique de la procédure visée à
l'article 7 du traité UE en cas de défaillance dun
État membre;
- préciser que
toutes les propositions législatives, politiques et actions de
l'Union doivent respecter la charte des droits fondamentaux.
La stratégie
interne devrait en outre s'accompagner d'un nouveau mécanisme
clair et détaillé qui s'appuie solidement sur le droit
international et de l'Union et qui fasse siennes toutes les valeurs
protégées par l'article 2 du traité UE. Un tel
mécanisme devrait permettre de contrôler le respect des
droits fondamentaux par tous les États membres et d'engager un
dialogue systématique et institutionnalisé en cas de
violation des droits fondamentaux par un ou plusieurs États
membres.
Pour renforcer
encore lefficacité de cette stratégie, la
Commission est appelée à élaborer un tableau de
bord fondé sur des indicateurs communs et objectifs qui
permette d'évaluer la situation de la démocratie, de
l'état de droit et des droits fondamentaux.
Recrudescence
des actes discriminatoires : les députés
s'inquiètent de l'intensification préoccupante des
violations des droits fondamentaux au sein de l'Union, notamment
dans les domaines de l'immigration et de l'asile ainsi que des
attaques ou pressions faites contre des ONG défendant les
droits de ces groupes et communautés. Ils constatent la
réticence des États membres à faire respecter ces
libertés et droits fondamentaux, notamment en ce qui concerne
les Roms, les femmes, les personnes LGBTI, les demandeurs
d'asile, les migrants et les autres populations
vulnérables.
Dans sa
2ème partie, le rapport passe en revue les
principaux droits fondamentaux et dresse un état des lieux de
la situation à légard de ces droits dans
lUE.
Liberté et
sécurité : les députés se penchent sur
les droits liés à la liberté et à la
sécurité :
- les
députés prient l'Union et les autorités nationales
de veiller à ce que les mesures de lutte contre le terrorisme
respectent pleinement la démocratie, l'état de droit et
les droits fondamentaux, notamment les droits de la défense et
la présomption d'innocence;
- les
députés demandent une nouvelle fois aux États
membres d'établir les responsabilités pour les violations
des droits fondamentaux dans le cadre de la déportation et de
la détention illégale de détenus par la CIA dans des
pays européens. Ils prient les États membres de conduire
des enquêtes ouvertes et transparentes pour faire toute la
lumière sur cette affaire et de coopérer pleinement
à l'enquête du Parlement européen dans ce
domaine;
- en matière de
surveillance massive de données, les députés
condamnent fermement les activités de surveillance telles
qu'elles sont révélées depuis 2013. Ils invitent la
Commission et les États membres à tenir pleinement compte
des exigences et des recommandations du Parlement telles
qu'exprimées dans sa résolution
du 12 mars 2014 sur le programme de surveillance de la
NSA;
- en matière de
liberté dexpression, les députés
réprouvent les pressions exercées par des acteurs tant
publics que privés sur les entreprises pour accéder aux
données relatives aux internautes et contrôler les
contenus sur l'internet;
- les
députés déplorent les faits de discrimination, voire
de violence, perpétrés par les forces de police de
certains États membres à l'égard de Roms, de
personnes LGBTI ou encore de personnes handicapées.
- Liberté de
religion et de conviction : les députés
condamnent toute forme de discrimination ou d'intolérance et
invitent les États membres, y compris les autorités
régionales, à protéger, par tous les moyens, la
liberté de religion ou de croyance, à promouvoir la
tolérance et le dialogue interculturel. Ils s'alarment de
la recrudescence de l'antisémitisme en Europe et de la
banalisation des discours niant l'Holocauste. Ils se disent
également vivement préoccupés par la montée de
l'islamophobie, les attaques envers les lieux de culte musulmans et
les nombreux amalgames.
-
Égalité et non-discrimination : les
députés considèrent que l'Union et les États
membres doivent intensifier leurs efforts en matière de lutte
contre les discriminations et de protection de la diversité
culturelle, religieuse et linguistique. Il convient de promouvoir
les mesures visant à renforcer l'égalité entre
hommes et femmes, les droits de l'enfant, les droits des personnes
âgées, les droits des personnes handicapées, les
droits des personnes LGBTI et les droits des personnes appartenant
à des minorités nationales.
- Défense
des minorités : les députés invitent les
institutions de l'Union à élaborer un système
global de protection à l'échelle de l'Union pour les
minorités nationales, ethniques et linguistiques afin
d'assurer leur égalité de traitement. Ils demandent aux
États membres de garantir l'égalité effective de ces
minorités, notamment en ce qui concerne la langue,
l'éducation et la culture. Ils condamnent également toute
forme de discrimination fondée sur l'usage d'une langue et
invitent les États membres qui ne l'ont pas encore fait à
ratifier la charte européenne des langues régionales ou
minoritaires.
- en ce qui
concerne la situation des Roms, les députés
déplorent le développement des tendances anti-Roms en
Europe et s'inquiètent de la situation des Roms dans l'Union
et des nombreux cas de persécution. Ils réclament toute
une batterie de mesures pour faciliter leur intégration;
- en matière
de violence à l'égard des femmes, les
députés demandent aux États membres de lutter
efficacement contre la violence domestique et l'exploitation
sexuelle sous toutes ses formes, y compris les pratiques de
mutilations génitales. Des mesures sont également
réclamées pour lutter contre la sous-représentation
des femmes dans les processus décisionnels. Ils soulignent que
le refus d'un avortement dont le but est de sauver une vie
constitue également une violation grave des droits
fondamentaux;
- pour ce qui est
des droits des enfants, les députés invitent les
États membres et l'Union à joindre leurs efforts dans la
lutte contre la pédopornographie sur l'internet ainsi
quà lutter contre les cas d'enlèvements parentaux
transfrontaliers;
- pour les droits
des personnes LGBTI, les députés condamnent dans les
termes les plus fermes toutes les discriminations et les violences
commises au détriment des personnes lesbiennes, gays,
bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI). Ils invitent
une nouvelle fois la Commission à proposer un règlement
ambitieux pour la reconnaissance mutuelle des documents d'état
civil, y compris la reconnaissance légale du genre. Ils
déplorent que les personnes transgenres soient toujours
considérées comme souffrant de maladie mentale dans les
États membres;
- pour les
personnes handicapées, les députés demandent
à la Commission, aux États membres et aux autorités
régionales de mettre en uvre la stratégie
européenne qui leur est consacrée;
- pour les
personnes âgées, les députés constatent
leur accès à des revenus suffisants, à l'emploi, aux
soins de santé et aux biens et services nécessaires. Ils
appellent à un meilleur respect de leur dignité notamment
en fin de vie.
Crimes et
discours de haine : les députés demandent à
l'Union de faire de la lutte contre les crimes motivés par la
haine une priorité lors de l'élaboration des
mesures européennes contre la discrimination et dans le
domaine de la justice. Ils s'inquiètent de la multiplication
des discours de haine sur l'internet et invitent les États
membres à mettre en place une procédure simple permettant
aux citoyens de signaler la présence de contenus à
caractère haineux sur l'internet. Ils invitent également
la Commission à contrôler la transposition correcte de la
décision-cadre et à lancer des procédures en
infraction contre les États membres qui ne la transposent
pas. Ils demandent en outre que la décision-cadre soit
revue de manière à couvrir entièrement toutes les
formes de crimes haineux et de crimes motivés par des
préjugés ou fondés sur un motif discriminatoire.
Droits des
migrants et des demandeurs de la protection
internationale : en ce qui concerne la question centrale
des migrants, les députés invitent les États membres
à respecter leurs droits et:
- insistent sur la
nécessité d'une approche globale de l'Union qui
permette d'accroître la cohérence entre son action
intérieure et extérieure;
- rappellent aux
États membres leur obligation internationale de porter secours
aux personnes en détresse en mer;
- demandent aux
États membres de modifier ou de réexaminer toute
législation prévoyant des sanctions à l'encontre des
personnes qui portent secours aux migrants en détresse en
mer;
- soulignent le
droit fondamental de demander l'asile;
- encouragent
l'Union et les États membres à ouvrir de nouvelles
voies d'entrée légales et sûres dans l'Union
européenne et d'y affecter les ressources qui conviennent
afin de réduire les risques liés aux tentatives
d'entrée irrégulière;
- invitent les
États membres à prendre part aux programmes de
réinstallation de l'Union et encouragent l'utilisation de
visas humanitaires;
- prient les
États membres d'offrir des conditions d'accueil décentes,
dans le respect des droits fondamentaux et de la législation
en vigueur en matière d'asile;
- réclament la
mise en place d'un système d'asile efficace et harmonisé
à l'échelle de l'Union aux fins d'une répartition
équitable des demandeurs d'asile entre les États
membres;
- invitent la
Commission, ses agences et les États membres à veiller au
respect de ces principes ainsi que des autres obligations
découlant du droit international et européen.
Dune
manière générale, les députés condamnent
le recours généralisé à la détention
illégale des migrants en situation irrégulière, y
compris des demandeurs d'asile, des mineurs non accompagnés et
des apatrides. Ils réclament un contrôle renforcé du
fonctionnement des centres d'accueil et de détention de
migrants, et réprouvent les "procédures d'expulsion
à chaud" et les violents incidents qui ont lieu dans
différentes zones "sensibles" du sud de l'Europe.
Conditions dans
les prisons et autres lieux de privation de liberté :
les députés déplorent le fait que seuls quelques
États membres aient mis en uvre les 3
décisions-cadres couvrant le transfert de détenus, la
probation et les peines de substitution et la décision
européenne de contrôle judiciaire, qui offrent un
potentiel important de réduction de la surpopulation
carcérale. Ils invitent la Commission à évaluer
l'impact des politiques de détention et des systèmes de
justice pénale sur les enfants. Ils insistent sur le fait que,
selon les estimations, 800.000 enfants dans l'Union sont
séparés d'un parent incarcéré chaque
année.
Citoyenneté : enfin, les députés
estiment quil faut renforcer la transparence
institutionnelle, l'obligation démocratique de rendre des
comptes et l'ouverture institutionnelle dans l'Union. Ils pressent
les institutions compétentes de l'Union ainsi que l'ensemble
des États membres de:
- redoubler
d'efforts pour mener à bien une révision rapide du
règlement (CE) nº 1049/2001 relatif à l'accès
du public aux documents du Parlement européen, du Conseil et
de la Commission;
- présenter une
révision du règlement relatif à l'initiative
citoyenne européenne (règlement (UE) nº 211/2011) au
cours de la législature actuelle pour en améliorer le
fonctionnement;
- présenter une
révision de la directive 93/109/CE fixant les modalités
de l'exercice du droit de vote et d'éligibilité aux
élections au Parlement européen pour les citoyens de
l'Union européenne résidant dans un État membre dont
ils ne sont pas ressortissants, afin que les citoyens résidant
dans un autre État que leur État d'origine puissent
participer aux élections européennes dans leur pays de
résidence;
- prêter
dûment attention à la part croissante de la population
qui est complètement privée du droit de vote pour les
élections nationales.