Le Parlement européen a adopté par 310 voix pour, 232 contre et 13 abstentions, une résolution sur la création d'un marché du travail compétitif dans l'Union du XXIe siècle: adaptation des compétences et des qualifications à la demande et aux perspectives d'emploi, un moyen de sortir de la crise.
Une proposition de résolution de remplacement, déposée par les groupes Verts/ALE et S&D, a été rejetée en plénière par 216 voix pour, 360 contre et 19 abstentions.
Situation et enjeux : dans le sillage de la crise économique et financière, ainsi que du ralentissement de l'économie européenne, nombre d'États membres font face à un niveau élevé de chômage et d'endettement (9,8% pour l'UE 28, 26% en Grèce, 23% en Espagne), à une croissance faible et à une pénurie d'investissements. De nombreux États membres affichent un taux de chômage des jeunes (20,9% pour l'UE 28) nettement supérieur au taux de chômage moyen et ceux qui font état d'un recul du chômage constituent l'exception. Selon la Commission, jusqu'à 12,4 millions de personnes sont au chômage depuis plus d'un an, dont 6 millions depuis plus de deux ans.
Le marché du travail européen doit répondre à plusieurs enjeux majeurs, notamment la mondialisation, le vieillissement de la société, la rapidité des évolutions technologiques telles que la transition vers le numérique et la robotisation, l'inadéquation entre les compétences et les emplois ainsi que la progression de la demande de main-d'uvre hautement qualifiée qui, au regard de l'excédent de main-d'uvre faiblement qualifiée, entraîne une polarisation des salaires.
Face à cette situation, le Parlement a souligné la nécessité de politiques économiques et sociales et de réformes du marché du travail ambitieuses pour stimuler la croissance et pour créer davantage d'emplois durables et de qualité. Il a insisté en outre sur la nécessité d'assurer la viabilité des systèmes de sécurité sociale, notamment par la mise à niveau des compétences des chômeurs en vue daméliorer l'employabilité des personnes faiblement qualifiées.
Favoriser la compétitivité du marché européen : le Parlement a préconisé des réformes ambitieuses qui favorisent l'intégration, une souplesse réfléchie, l'innovation et la mobilité, renforcent le rôle du dialogue social, stimulent la création d'un nombre plus important d'emplois débouchant sur un emploi durable et de qualité.
La résolution a mis laccent sur la nécessité de favoriser la convergence de l'éducation, de la formation et du marché du travail et de rendre le droit du travail plus compréhensible pour les travailleurs et les employeurs. Elle a également insisté sur l'importance dune classification européenne des aptitudes, compétences, certifications et professions.
Rappelant que la mobilité professionnelle est un facteur fondamental, le Parlement a encouragé les initiatives européennes visant à stimuler la mobilité, telles que ERASMUS+, le cadre européen des certifications, le CV Europass, le passeport européen des compétences, ainsi que le portail européen pour la mobilité de l'emploi (EURES) qui devrait devenir un outil incontournable du marché du travail européen.
Les députés ont insisté sur :
Anticiper les besoins en compétences : le Parlement a insisté pour que les acteurs du marché du travail, notamment les organisations patronales et syndicales, soient étroitement associés à la conception, à la mise en uvre et à l'évaluation des programmes de certification professionnelle. Il a préconisé :
une meilleure définition des besoins actuels et futurs en matière de compétences et une amélioration du panorama européen des compétences, afin de mieux circonscrire les pénuries et les déficits en la matière dans certains secteurs, métiers ou régions;
de mieux coordonner les partenariats entre les écoles, les établissements d'enseignement supérieur, les entreprises et les autres autorités compétentes pour anticiper les besoins de main-d'uvre.
Formation continue de tous les acteurs du marché du travail : le Parlement a plaidé pour une conception plus souple et personnalisée de l'évolution de carrière ainsi que de l'éducation et de la formation tout au long de la vie professionnelle. Il a reconnu limportance de développer l'apprentissage et la formation en milieu professionnel comme une autre voie possible vers l'emploi. Il a également suggéré que des programmes de formation et de requalification et des programmes d'évaluation des compétences soient proposés aux chômeurs, de longue durée en particulier, afin d'augmenter leurs chances sur le marché du travail.
Les députés ont insisté sur limportance :
La résolution a en outre préconisé:
Le Parlement a demandé aux États membres d'instaurer le salaire minimum en établissant, pour chaque État membre, un niveau de référence garantissant un revenu décent, par voie juridique ou conventionnelle, selon les pratiques nationales. Il a également invité la Commission de mettre sur pied une plateforme européenne pour la reconnaissance et l'évaluation des compétences communes à des activités et des métiers spécifiques, plateforme qui inclurait la reconnaissance des compétences acquises dans le cadre de programmes de bénévolat.