Le présent
rapport de la Commission évalue, sur la base des rapports des
États membres, les principaux résultats de
lapplication du règlement (UE) n° 995/2010 du
Parlement européen et du Conseil établissant les
obligations des opérateurs qui mettent du bois et des produits
dérivés sur le marché (règlement sur le bois de
l'Union européenne).
Pour rappel, le
règlement «Bois» :
- interdit la mise
sur le marché de bois issus dune récolte
illégale ou de produits dérivés de ces bois;
- exige que les
opérateurs fassent diligence lorsquils mettent sur le
marché de lUnion du bois ou des produits
dérivés pour la première fois;
- exige que les
commerçants en bois et produits dérivés tiennent des
registres de leurs fournisseurs et clients après la
première mise sur le marché.
La gamme de
produits couverte par le règlement est reprise dans son
annexe.
Le règlement
«Bois» décrit lobligation de diligence
raisonnée et demande que les opérateurs conçoivent
et appliquent un système de diligence raisonnée ou
quils utilisent celui dune organisation de
contrôle. Adopté en décembre 2010, le règlement
est entré en vigueur le 3 mars 2013.
Lévaluation du règlement a débuté en
avril 2015 et couvre la période comprise entre mars 2013 et
mars 2015.
Mise en
uvre et lapplication du règlement : le rapport
montre que celles-ci ont été lentes et
inégales durant les deux premières années, et
demeurent incomplètes. Des progrès significatifs ont
récemment été réalisés, même si, au
moment de lévaluation, tous les États membres ne
satisfaisaient pas à toutes leurs obligations au titre du
règlement. La Commission a ainsi introduit une action en
justice contre quatre États membres en infraction au cours de
2015 (Hongrie, Grèce, Espagne et Roumanie).
Même si les
opérateurs se conforment progressivement à
lobligation de diligence raisonnée, la mise en
uvre et lapplication inégales durant les deux
premières années nont pas facilité la
création de conditions équitables, qui protégeraient
les opérateurs dune concurrence déloyale
exercée par des produits faits à partir de bois issu
dune récolte illégale.
De plus, étant
donné que lévaluation du règlement
«Bois» intervient après seulement deux ans
dapplication, celle-ci na pas pu quantifier
lincidence du règlement sur le commerce de bois
illégal et de produits dérivés de ce bois sur le
marché intérieur; il était donc difficile de
déterminer si le règlement a atteint son objectif qui
est dempêcher la mise sur le marché de bois
illégal et de produits dérivés de ce bois.
Principaux
résultats de lévaluation : selon la Commission,
le règlement est généralement perçu comme un
instrument législatif important visant à combattre et
à réduire lexploitation illégale des
forêts et le commerce de bois illégal et de produits
dérivés de ce bois. Le règlement a incité
dautres pays consommateurs à élaborer des actes
législatifs similaires.
Par ailleurs, le
«Règlement bois» :
- a
encouragé des politiques dapprovisionnement plus
responsables et démontré qu'il pouvait changer le
comportement des opérateurs sur le marché et établir
des chaînes dapprovisionnement exemptes de bois
récolté de manière illégale, contribuant ainsi
à la réalisation des objectifs généraux du plan
daction FLEGT, linstrument stratégique de
lUE dans la lutte contre lexploitation illégale
des forêts dans le monde;
- a
sensibilisé lindustrie et les consommateurs au
problème de lexploitation illégale des forêts
et de ses incidences sur lenvironnement et le climat. Il a
influencé les modifications visant à durcir la
réglementation européenne en matière de commerce des
espèces sauvages ;
- permet à
lUnion et à ses États membres de profiter
pleinement de leur influence combinée sur le marché pour
garantir une demande de bois récolté de manière
légale et déviter les distorsions du
marché de lUnion qui se seraient produites si chaque
État membre avait mis en place des règles
différentes ;
- introduit un
contrôle supplémentaire applicable à tous les
opérateurs dans lUnion : sans le règlement
«Bois», les progrès réalisés par rapport
à dautres éléments du plan daction
FLEGT, par exemple les accords de partenariat volontaires
(APV), ainsi que la possibilité pour lUnion de
sengager en faveur de la lutte contre lexploitation
illégale des forêts dans de récents accords
commerciaux bilatéraux, seraient sérieusement
compromis.
Points
dexamen spécifiques :
-
Conséquences administratives pour les PME :
lobligation de diligence raisonnée du règlement
«Bois» sapplique à toutes les entreprises,
quelle que soit leur taille. En raison de leurs faibles
économies déchelle, les PME peuvent sembler
désavantagées en ce qui concerne lapplication
dun système de diligence raisonnée efficace.
Cependant, rien nindique clairement que le fait
dêtre dune plus petite entreprise est un obstacle
à lapplication dun système de diligence
raisonnée efficace. Les données disponibles montrent
que les coûts de mise en conformité pour les PME peuvent
être réduits si les entreprises ont recours à des
pratiques économiquement avantageuses.
- Gamme de
produits concernés : certaines parties prenantes la
considèrent incomplète et suggèrent de
létendre aux instruments de musique, aux cercueils, aux
sièges et/ou au papier imprimé, tandis que dautres
considèrent que la gamme des produits concernés ne doit
pas être élargie tant que le règlement
«Bois» nest pas appliqué de manière
uniforme dans lUnion. La Commission pourrait envisager
délargir la gamme des produits concernés, sous
réserve dune analyse dimpact des options.
-
Efficacité de linterdiction de mise sur le
marché : les États membres nont
signalé aucun cas denquête clôturé pour
violation de lobligation dinterdiction. En raison du
temps limité et de lexpérience insuffisante
enregistrée dans lapplication de linterdiction,
aucune conclusion na pu être tirée en ce qui
concerne son efficacité.
- Mise en
uvre des systèmes de diligence raisonnée :
bien quelle soit difficile à comprendre et à
appliquer, cette obligation semble avoir une incidence sur les
pratiques des opérateurs ; ces derniers exigent
davantage dinformations et une garantie de légalité
de la part de leurs fournisseurs.
Recommandations
et prochaines étapes : afin de combler les lacunes
identifiées, la Commission recommande aux États membres
:
- dintensifier
leurs efforts de mise en uvre et de contrôle de
l'application du règlement;
- de renforcer le
niveau actuel en matière de capacité technique et de
ressources (humaines et financières) attribuées aux
autorités compétentes afin daccroître le
nombre et la qualité des contrôles de conformité
;
- de mieux informer
les opérateurs, notamment les PME, au sujet des exigences du
règlement «Bois» et d'encourager les pratiques
recensées comme étant économiquement avantageuses
pour mettre en uvre lobligation de diligence
raisonnée.
La Commission
continuera de :
- fournir des
conseils aux États membres et aux opérateurs en
complétant le règlement «Bois» par un document
dorientation, le cas échéant, en vue de parvenir
à une application uniforme du règlement dans
lUnion ;
- faciliter la
communication et daider à harmoniser les approches
entre les autorités compétentes en matière
d'application de la législation lors des réunions du
groupe dexperts.
La Commission ne
juge pas nécessaire de proposer des modifications des
dispositions de fond du règlement «Bois». Elle
peut toutefois envisager délargir la gamme des produits
concernés, qui figure à lannexe du règlement
«Bois», par un acte délégué sous
réserve dune analyse dimpact des
options.