Décharge 2015: 8e, 9e, 10e et 11e Fonds européens de développement (FED)
OBJECTIF : présentation du rapport 2015 de la Cour des comptes de l'Union européenne sur les activités relevant des 8ème, 9ème, 10ème et 11ème Fonds européens de développement (FED).
CONTEXTE : les FED financent laide de lUnion européenne en matière de coopération au développement aux pays dAfrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ainsi quaux pays et territoires doutre-mer (PTOM). Les dépenses au titre des FED et les instruments de coopération visent à éradiquer la pauvreté et à encourager le développement durable ainsi que lintégration des pays ACP et des PTOM dans léconomie mondiale.
Les FED sont financés par les États membres de lUE et sont utilisés soit par lintermédiaire de projets individuels, soit sous la forme dun appui budgétaire (contribution au budget général dun État ou au budget que cet État alloue à une politique ou à un objectif spécifiques).
Chaque FED est régi par son propre règlement financier.
CONTENU : laide extérieure financée par les FED est mise en uvre dans un environnement présentant un risque élevé, qui sexplique notamment par la dispersion géographique des activités ainsi que par la faiblesse des capacités institutionnelles et administratives dans les pays partenaires. Ils sont gérés en dehors du cadre du budget général de lUE par la Commission européenne et, pour certaines aides, par la Banque européenne dinvestissement (BEI).
Procédure de décharge des FED : en raison du caractère intergouvernemental des FED, le Parlement européen joue un rôle plus limité dans le contrôle de leur fonctionnement que ce nest le cas pour les instruments de coopération au développement financés par le budget général de lUnion: en particulier, il nintervient pas dans létablissement et laffectation des ressources du FED. Toutefois, le Parlement européen est lautorité de décharge, excepté pour la facilité dinvestissement gérée par la BEI.
Le montant ainsi contrôlé dans le cadre des FED était de 3,1 milliards EUR.
Les principales conclusions de la Cour sont reprises dans une «déclaration d'assurance» dont les éléments principaux peuvent se résumer comme suit :
Déclaration d'assurance :
- Fiabilité des comptes : la Cour estime que les comptes annuels des 8ème 9ème, 10ème et 11ème FED pour lexercice clos le 31 décembre 2015 présentent fidèlement, dans tous leurs aspects significatifs, la situation financière au 31 décembre 2015, le résultat de leurs opérations, leurs flux de trésorerie, ainsi que la variation de lactif net et le tableau des créances dues aux Fonds européens de développement, ainsi que les états sur lexécution financière pour lexercice clos le 31 décembre 2015, comptes approuvés par la Commission le 15 juillet 2016.
- Régularité des recettes : les recettes sous-jacentes aux comptes pour lexercice clos le 31 décembre 2015 sont, dans tous leurs aspects significatifs, légales et régulières.
- Légalité et régularité des paiements sous-jacents aux comptes : sur la base de ses travaux d'audit, la Cour estime que le taux derreur le plus probable pour les opérations de dépenses effectuées au titre des 8ème, 9ème, 10ème et 11ème FED est de 3,8% (soit comme en 2014). La Cour émet dès lors une opinion défavorable sur la légalité et la régularité des paiements sous-jacents aux comptes.
Nature des erreurs relevées : les dépenses des FED relatives à lappui budgétaire et aux actions multi-donateurs menées par des organisations internationales sont moins exposées aux erreurs que les autres paiements relevant des FED. Cette situation sexplique par la nature même du financement et par la latitude laissée à la Commission lors de son appréciation du respect des conditions générales.
Dans lensemble, le niveau derreur décelé dans les dépenses relevant des FED, y compris dans certaines déclarations finales de dépenses qui avaient fait lobjet de vérifications et daudits externes, est révélateur de faiblesses au niveau des contrôles ex ante. Les erreurs dues à labsence de pièces justificatives à lappui des dépenses et au non-respect des règles des marchés publics sont à lorigine de plus de deux tiers du niveau derreur estimatif.
Globalement, si la Commission avait utilisé toutes les informations disponibles pour corriger les erreurs dont elle est elle-même à lorigine ou celles commises par les bénéficiaires des projets financés par les FED, le niveau derreur estimatif aurait été inférieur de 1,7 point de pourcentage.
Marchés publics et pièces justificatives : la Cour a détecté notamment un marché portant sur la fourniture de matériel dessai en laboratoire pour des produits agricoles en Éthiopie et attribué à une entreprise par entente directe, sans que la procédure de mise en concurrence requise soit organisée. De plus, la société retenue agissait uniquement en tant quintermédiaire et nétait pas un distributeur agréé du matériel acquis.
La Cour relève par ailleurs des dépenses concernant lacquisition déquipements informatique, de laboratoire et de bureau effectuées au Mozambique et financées dans le cadre dun projet soutenu par le FED. Pour 4 des 10 paiements retenus dans léchantillon étudié, les pièces justificatives nétaient pas suffisantes pour attester de lachat et de la livraison de ces marchandises.
Mesures correctives : la Direction générale de la coopération internationale et du développement de la Commission (la DEVCO) qui gère presque toutes les dépenses au titre des FED, a adopté en 2015 un nouveau plan daction pour remédier aux faiblesses affectant son système de contrôle. Même sil est trop tôt pour établir un bilan en la matière, on relèvera que le précédent plan daction, adopté en 2013, a été totalement mis en uvre.
Recommandations de la Cour : pour remédier aux éléments relevés ci-avant, la Cour recommande à la Commission de :
- étendre lusage de la grille de qualité aux audits et vérifications de dépenses commandés directement par les bénéficiaires;
- adapter le cahier des charges des audits et vérifications de dépenses en vue dobtenir toutes les informations pertinentes dont elle a besoin pour pouvoir évaluer la qualité des travaux effectivement réalisés au moyen de la grille de qualité;
- évaluer les coûts et les avantages de lamélioration du suivi des audits et vérifications de dépenses commandés directement par les bénéficiaires;
- imposer des sanctions appropriées aux entités qui ne respectent pas leur obligation de fournir les pièces justificatives essentielles pour laudit de la Cour;
- ce qui concerne les paiements faisant lobjet dune gestion indirecte avec les pays bénéficiaires, i) étayer la déclaration dassurance avec les éléments probants disponibles qui sont statistiquement les plus fiables et ii) dissocier les modalités daide présentant des profils de risque différents, comme cest le cas pour les paiements en gestion directe;
- réviser lestimation de sa capacité de correction future en excluant de son calcul i) les recouvrements de préfinancements non utilisés et dintérêts perçus et ii) les annulations dordres de recouvrement précédemment émis.
Dans lensemble, la Commission accepte les recommandations et indique quelle établira une nouvelle évaluation du risque sur la base de laquelle elle effectuera son évaluation.