La commission des affaires juridiques a adopté le rapport de Kostas CHRYSOGONOS (GUE/NGL, EL) sur la demande de levée de limmunité de Jean-François JALKH (ENF, FR).
La demande a été transmise le 14 avril 2016 par le ministre de la justice français dans le cadre dune information judiciaire (nº 14142000183) ouverte au tribunal de grande instance de Nanterre à lencontre de Jean-François Jalkh, sur plainte avec constitution de partie civile de lassociation «Maison des potes Maison de légalité» pour provocation publique à la discrimination raciale ou religieuse.
Pour rappel, lassociation «Maison des potes Maison de légalité» a déposé une plainte contre Jean-François Jalkh auprès du tribunal de grande instance de Nanterre le 22 mai 2014. La plainte se rapporte à des déclarations contenues dans une brochure intitulée «Petit guide pratique de lélu municipal Front national», publiée le 19 septembre 2013 et mise en ligne sur le site internet officiel de la fédération du Front national le 30 novembre 2013, dans laquelle les candidats FN élus conseillers municipaux lors des élections des 23 et 30 mars 2014 étaient incités à recommander, dès la première réunion du nouveau conseil municipal, à privilégier les Français («priorité nationale») dans laccès au logement social. Les députés rappellent également que Jean-François Jalkh était le directeur des publications du Front national et était chargé du contrôle éditorial de tous les sites internet de la fédération.
La commission parlementaire rappelle que larticle 9 du protocole nº 7 sur les privilèges et immunités de lUnion européenne dispose que les membres du Parlement européen bénéficient, sur leur territoire national, des immunités reconnues aux membres du parlement de leur pays.
De son côté, la Cour de justice de lUE a soutenu que, pour être couverte par limmunité, une opinion doit être émise par un député européen dans lexercice de ses fonctions, impliquant ainsi lexigence dun lien entre lopinion exprimée et les fonctions parlementaires. Le lien doit en outre être direct et simposer avec évidence.
Au moment où le supposé délit en objet est survenu, Jean-François Jalkh nétait pas député au Parlement européen. En outre, les accusations portées nétaient pas, de toute évidence, liées à ses fonctions de député européen et se rapportent à des activités dune nature purement nationale ou régionale.
Par ailleurs, les actions en cause ne concernent pas des opinions ou des votes émis par le député au Parlement européen dans lexercice de ses fonctions au sens de larticle 8 du protocole nº 7 sur les privilèges et immunités de lUnion européenne et rien ne porte non plus à soupçonner une tentative dentraver son travail parlementaire (fumus persecutionis).
En conséquence, les députés appellent le Parlement européen à lever limmunité de Jean-François Jalkh.