Le Parlement européen a adopté par 524 voix pour, 37 contre et 45 abstentions, une résolution sur létat des lieux de la concentration agricole dans lUnion européenne: comment faciliter laccès des agriculteurs aux terres?
Les députés ont rappelé quen labsence de compétence exclusive ou partagée de l'UE en matière foncière, laction de lUE portait sur divers aspects politiques, sociaux, culturels et environnementaux de la gestion des terres, doù la nécessité dune démarche plus globale dans le domaine de la gouvernance foncière au niveau de lUnion.
En 2013, dans l'UE-27, seulement 3,1% des exploitations contrôlaient 52,2% des terres agricoles en Europe, tandis que 76,2% des exploitations agricoles nutilisaient que 11,2% des terres agricoles. Cette répartition inégale des surfaces agricoles induit une répartition inéquitable des subventions de la PAC et va à lencontre du modèle européen dune agriculture durable, multifonctionnelle et largement caractérisée par des entreprises familiales.
La concentration des surfaces agricoles a un effet négatif sur le développement des communautés rurales. Elle provoque la disparition demplois dans le secteur agricole et réduit la disponibilité alimentaire.
Gestion des terres agricoles: les États membres ont été invités à mieux prendre en compte la préservation du foncier agricole et sa maîtrise dans leurs politiques publiques, et à en faciliter la transmission.
Le Parlement a noté qu'il existait un manque de données transparentes, actuelles et de qualité au niveau européen sur les droits dusage du sol, les structures de propriété et de location, les évolutions des prix et des volumes sur les marchés fonciers.
Les États membres devraient dès lors se communiquer régulièrement les informations relatives à leur législation nationale relative à lutilisation des terres, tout particulièrement les affaires relatives à lacquisition de terres à des fins spéculatives. Ils devraient également dresser un inventaire harmonisé des surfaces agricoles de manière à obtenir une vue densemble des droits de propriété et de lutilisation des terres agricoles qui serait présentée dans une base de données anonyme accessible au public.
La Commission est appelée à:
Financement: les coûts dinvestissement élevés constituent un obstacle pour lachat et la location de surfaces agricoles pour les exploitations agricoles familiales et coopératives à petite ou moyenne échelle.
Les députés ont souligné les difficultés d'accès au crédit en vue dacheter des terres ou des droits dutilisation des terres, en particulier pour les nouveaux et jeunes agriculteurs, et ont demandé à la Commission délaborer des instruments pertinents dans le cadre de la PAC et des politiques connexes en vue de faciliter leur lancement dans lagriculture en leur garantissant un accès équitable à un financement viable.
Selon les députés, les terres agricoles devraient bénéficier d'une protection particulière pour permettre aux États membres, en coordination avec les autorités locales et les organisations dagriculteurs, de réglementer la vente et l'utilisation et la location de terres agricoles afin d'assurer la sécurité alimentaire.
Lien avec la PAC: bien que la politique foncière relève principalement des États membres, elle peut être influencée par la PAC avec des conséquences importantes sur la compétitivité des exploitations agricoles sur le marché unique.
Les États membres devraient donner la priorité aux producteurs locaux à petite et moyenne échelle, ainsi quaux nouveaux et jeunes agriculteurs - dans le respect de légalité hommes-femmes - pour lacquisition et la location de terres agricoles. Ils devraient procéder à une évaluation ciblée de la mise en uvre de la PAC actuelle à léchelle nationale afin de déceler les effets indésirables de la concentration des terres.
À cet égard, les députés se sont félicités de la proposition visant à simplifier la PAC, en particulier les mesures visant à réduire les coûts et les démarches administratives pour les exploitations familiales, ainsi que pour les micro-, petites et moyennes entreprises des zones rurales.
Ils ont insisté sur la nécessité, dans le cadre de la PAC réformée, dintroduire des plafonds et de moduler le régime des paiements directs de façon à accroître le poids des premiers hectares et de faciliter les investissements et lattribution daides directes aux petites exploitations agricoles. La Commission est invitée à introduire un mécanisme plus efficace de redistribution des aides afin dempêcher la concentration foncière.
Enfin, les mesures de lutte contre la concentration des terres agricoles devraient être préservées lors de la définition du projet de politique agricole commune après 2020.