Enquêtes par l'Office européen de lutte antifraude (OLAF)
Le présent de la Commission rapport expose les résultats de lévaluation de lapplication du règlement nº 883/2013 relatif aux enquêtes effectuées par lOffice européen de lutte antifraude (OLAF). Lévaluation porte sur la période comprise entre le 1er octobre 2013 (date dentrée en vigueur du règlement) et décembre 2016.
Le rapport décrit des pistes possibles sur la manière dadapter et de renforcer, si nécessaire, le cadre juridique régissant les enquêtes de lOLAF dans le contexte de ladoption récente de la directive relative à la lutte contre la fraude portant atteinte aux intérêts financiers de lUnion au moyen du droit pénal et de ladoption prochaine, dans le cadre dune coopération renforcée entre 20 États membres, du règlement concernant la création du Parquet européen.
Principales conclusions de lévaluation: lévaluation a montré que les objectifs poursuivis par le règlement nº 883/2013 restent pertinents pour la réalisation de lobjectif primordial qui est la protection des intérêts financiers de lUnion et dans la perspective de la création du Parquet européen.
La valeur ajoutée des enquêtes de lOLAF a été confirmée par les résultats de la consultation des acteurs nationaux et de lUnion. Lefficacité des enquêtes sest améliorée et la coopération et léchange dinformations entre lOLAF et ses partenaires ont été renforcés.
Toutefois, lévaluation a également révélé plusieurs lacunes liées à la conduite des enquêtes :
- dans plusieurs cas, les actes en vertu desquels lOLAF exerce ses pouvoirs soumettent lapplication des pouvoirs denquête à des conditions fixées par le droit national, notamment en ce qui concerne les contrôles et vérifications sur place auprès des opérateurs économiques et les expertises technico-légales numériques menées sur le territoire des États membres. Cela entraîne un morcellement de lexercice des pouvoirs de lOLAF dans les États membres;
- le règlement ne fournit pas à lOLAF les outils nécessaires pour exercer ses pouvoirs en cas de refus ou dobstruction de la part de personnes concernées par l'enquête ou de témoins;
- laccès aux informations sur les comptes bancaires dans des conditions appropriée pourrait être amélioré et la possibilité denquêter sur la TVA clarifiée et renforcée;
- davantage de clarté, dans le règlement, quant aux conditions de réalisation des enquêtes internes applicables dans toute institution, tout organe et tout organisme pourrait permettre de mieux assurer une protection uniforme;
- il devrait être possible de recourir davantage aux possibilités de transmission des informations à un stade précoce par lOLAF aux autres institutions dans des situations où une partie des faits dune enquête en cours pourraient déjà avoir été établis et pourraient nécessiter des mesures conservatoires immédiates sans attendre lachèvement de lenquête;
- il existe de grandes différences dans le sort réservé aux recommandations de lOLAF par leurs destinataires. La plus importante lacune relevée à cet égard porte sur la recevabilité des preuves recueillies par lOLAF dans les procédures judiciaires nationales;
- le règlement ne contient pas de dispositions détaillées sur les modalités de coordination ou les procédures applicables dans les «dossiers de coordination». Il en résulte un manque de sécurité juridique pour lOLAF et pour les États membres qui font appel à lOLAF;
- le règlement sapplique en liaison avec dautres actes du droit de lUnion dont dépend lexercice effectif de la mission de lOLAF. Certaines incohérences entre ces actes juridiques pourraient conduire à des incertitudes et à des interprétations divergentes.
Impact de la création du Parquet européen: le rapport note que la mission générale de lOLAF ne changera pas une fois que le Parquet européen sera institué mais que le fonctionnement de lOffice devra être adapté à plusieurs égards.
Le Parquet européen et lOLAF seront appelés à coopérer étroitement. Il faudra dans ce contexte envisager dadapter le cadre des enquêtes de lOLAF de façon à éviter tout risque de duplication des investigations portant sur les mêmes faits, et prévoir les mécanismes nécessaires pour que lOLAF puisse exercer son rôle en matière de soutien opérationnel.
C'est pourquoi la Commission réalisera, au premier semestre 2018, une évaluation qui pourrait servir conduire à une proposition de modification du règlement nº 883/2013 qui devrait déjà être en vigueur au moment où le Parquet européen deviendra opérationnel.
Lévaluation examinera principalement:
- les changements dans le rôle et le fonctionnement de lOLAF à la suite de linstitution du Parquet européen: i) traitement par lOLAF des informations entrantes et communication rapide au Parquet des informations sur tout comportement délictueux à l'égard duquel ce dernier pourrait exercer sa compétence, et ii) traitement des dossiers que lui communique le Parquet européen en vue des suites administratives à donner;
- les solutions possibles pour renforcer lefficacité de la fonction denquête de lOLAF en vue dassurer un niveau de protection équivalent dans toute lUnion : i) accroître la cohérence dans lapplication des outils denquête dans les États membres ainsi que dans les institutions ; ii) modification des règles sur la recevabilité des rapports de lOLAF en tant que moyens de preuve dans les procédures judiciaires des États membres ; iii) révision des obligations en matière de coopération afin de garantir un cadre cohérent et efficace tout au long des phases de lenquête ; iv) évaluation des outils denquête dans le domaine de la TVA et sur la possibilité daméliorer laccès aux informations sur les comptes bancaires.
À un stade ultérieur, une proposition qui pourrait être présentée en 2018 pourrait être suivie dun processus plus vaste visant à moderniser le cadre des enquêtes de lOLAF.
Les questions plus vastes liées à la cohérence globale du cadre juridique de lutte antifraude de lUE au-delà du règlement nº 883/2013, mises en évidence dans lévaluation, pourraient également faire partie de cette seconde étape de léventuelle révision du cadre juridique.