Décharge 2016: 8e, 9e, 10e et 11e Fonds européens de développement (FED)
OBJECTIF: présentation du rapport annuel de la Cour des comptes sur les activités relevant des huitième, neuvième, dixième et onzième Fonds européens de développement (FED) relatif à lexercice 2016.
CONTEXTE: les FED financent laide de lUnion européenne en matière de coopération au développement aux pays dAfrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ainsi quaux pays et territoires doutre-mer (PTOM). Les dépenses au titre des FED et les instruments de coopération visent à éradiquer la pauvreté et à encourager le développement durable ainsi que lintégration des pays ACP et des PTOM dans léconomie mondiale.
Les FED sont financés par les États membres de lUE et sont utilisés soit par lintermédiaire de projets individuels, soit sous la forme dun appui budgétaire (contribution au budget général dun État ou au budget que cet État alloue à une politique ou à un objectif spécifiques).
Chaque FED est régi par son propre règlement financier.
CONTENU: laide extérieure financée par les FED est mise en uvre dans un environnement présentant un risque élevé, qui sexplique notamment par la dispersion géographique des activités ainsi que par la faiblesse des capacités institutionnelles et administratives dans les pays partenaires. Ils sont gérés en dehors du cadre du budget général de lUE par la Commission européenne et, pour certaines aides, par la Banque européenne dinvestissement (BEI).
Procédure de décharge des FED: en raison du caractère intergouvernemental des FED, le Parlement européen joue un rôle plus limité dans le contrôle de leur fonctionnement que ce nest le cas pour les instruments de coopération au développement financés par le budget général de lUnion: en particulier, il nintervient pas dans létablissement et laffectation des ressources du FED. Toutefois, le Parlement européen est lautorité de décharge, excepté pour la facilité dinvestissement gérée par la BEI.
Le montant des dépenses contrôlées dans le cadre des FED était de 2,8 milliards dEUR.
Les principales conclusions de la Cour sont reprises dans une «déclaration d'assurance» dont les éléments principaux peuvent se résumer comme suit:
Fiabilité des comptes des FED: la Cour conclut que les comptes de 2016 présentent fidèlement la situation financière des FED, les résultats de leurs opérations, leurs flux de trésorerie, ainsi que la variation de lactif net.
Globalement, les informations collectées indiquent que pour lexercice clos le 31 décembre 2016:
- les recettes des FED nétaient pas affectées par un niveau significatif derreur;
- les opérations de paiement des FED étaient affectées par un niveau significatif derreur estimé à 3,3 % (contre 3,8 % en 2015). La Cour émet dès lors une opinion défavorable sur la légalité et la régularité des paiements sous-jacents aux comptes.
Nature des erreurs: le non-respect des règles des marchés publics représentait environ un tiers du taux derreur global affectant les FED. La Cour a en particulier examiné des paiements concernant des services de conseil sur des questions dordre commercial. Elle a constaté que les contrats sous-jacents à ces paiements navaient pas été attribués à lissue dune procédure de sélection concurrentielle, comme lexige la convention de subvention.
Parmi les autres types derreurs importants figurent les dépenses qui soit nont pas été effectuées, soit sont inéligibles.
Dans deux cas derreurs quantifiables, la Cour estime que la Commission disposait de suffisamment dinformations pour être en mesure de prévenir, ou de détecter et de corriger les erreurs avant dapprouver les dépenses. Si la Commission avait fait un bon usage de toutes les informations à sa disposition, le niveau derreur estimatif pour ce chapitre aurait été inférieur de 0,7 %.
Efforts de la DG Coopération internationale et développement (DEVCO) pour améliorer la mise en uvre de son système de contrôle: la Cour observe que système de contrôle de la DG DEVCO est axé sur des vérifications ex ante réalisées avant acceptation des dépenses déclarées par les bénéficiaires. Cette année encore, la fréquence des erreurs décelées, y compris dans des déclarations finales de dépenses qui avaient fait lobjet daudits externes et de vérifications ex ante, est révélatrice de faiblesses au niveau de ces contrôles.
En 2016, la DG DEVCO a réalisé sa cinquième étude relative au taux derreur résiduel (TER) afin dévaluer le niveau derreur que tous les contrôles de gestion visant à prévenir, ou à détecter et corriger les erreurs navaient pu empêcher dans lensemble de son domaine de compétence.
Après analyse de létude de 2016 relative au TER, la Cour a conclu quelle avait été réalisée conformément à la méthodologie applicable. Toutes les insuffisances dont la Cour a rendu compte dans son rapport 2013 ont été corrigées, sauf en ce qui concerne la méthode dévaluation spécifique au TER, qui laisse toujours une marge dappréciation trop importante lorsquil sagit destimer des taux derreur distincts.
La DG DEVCO fait état dun montant à risque à la clôture (105 millions dEUR) tenant compte de leffet probable des contrôles dans les années à venir («capacité de correction»). La Cour estime toutefois que la fiabilité du chiffre de la capacité de correction pour 2016 reste altérée.
Recommandations de la Cour: pour remédier aux insuffisances relevées ci-avant, la Cour recommande à la Commission:
- de renforcer le suivi des contrats FED en cours venus à expiration afin de réduire leur nombre;
- de terminer la révision du cahier des charges de tous ses audits et vérifications de dépenses dici la fin 2017;
- denvisager de réduire létendue des tests de validation réalisés aux fins du TER sur les opérations relatives à lappui budgétaire présentant un risque faible et de réaffecter les ressources ainsi épargnées pour renforcer les tests de validation sur les opérations relatives aux projets;
- détoffer son plan daction 2017 de manière à couvrir également les subventions et les devis-programmes en gestion indirecte (qui sont à présent concernés par la réserve émise dans le rapport annuel dactivité);
- daméliorer davantage le calcul de la capacité correctrice pour 2017 en remédiant aux insuffisances relevées.
La Commission accepte lensemble de ces recommandations.