Protection des animaux au moment de leur mise à mort

2008/0180(CNS)

La Commission a présenté un rapport sur la possibilité d’introduire certaines prescriptions relatives à la protection des poissons au moment de leur mise à mort.

Les poissons d’élevage relèvent du champ d’application du règlement(CE)  nº1099/2009  du Conseil sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort. Toutefois, seule la disposition générale énoncée à l’article 3, paragraphe 1, du règlement s’applique aux poissons d’élevage, à savoir «toute douleur, détresse ou souffrance évitable est épargnée aux animaux lors de la mise à mort et des opérations annexes».

En outre, l’article 27,  paragraphe 1,  du  règlement  dispose  que  «la  Commission  présente  au Parlement  européen  et  au  Conseil  un  rapport  sur  la  possibilité  d’introduire  certaines prescriptions  relatives  à  la  protection  des  poissons  au  moment  de  leur  mise  à  mort,  qui tiennent  compte  des  aspects  liés  au  bien-être  des  animaux  ainsi  que  des  incidences  socio-économiques et environnementales».

Le  présent  rapport  vise  à  respecter  l’article 27,  paragraphe 1,  du  règlement. Il constitue  également  l’une  des  actions  énumérées  dans  la  stratégie de l’Union  européenne  pour  la  protection  et  le  bien-être   des   animaux   au   cours   de   la période 2012-2015.

Pour les principales espèces de poissons élevées au sein de l’Union européenne, l’Autorité européenne  de  sécurité  des  aliments  (EFSA)  a  publié  en 2009  plusieurs  avis  sur  le  bien-être des animaux dans le cadre des principaux systèmes d’étourdissement et de mise à mort. Ces avis ont démontré que le secteur de l’aquaculture rencontrait certaines difficultés en ce qui concerne le maintien d’un bien-être correct des poissons au moment de leur mise à mort. Une approche  fondée  sur  l’analyse  des  risques  a  permis  de  mettre  en  évidence les  principaux domaines à risques, à savoir:

  • la  manipulation  ou  les  procédures  liées  à  la  manipulation  (par  exemple, surpeuplement, pompage, temps hors de l’eau);
  • la qualité de l’eau dans les réservoirs/viviers;
  • les méthodes d’étourdissement et de mise à mort.

L’EFSA a conclu que bon nombre des méthodes et des équipements utilisés à l’époque étaient peu   respectueux   du   bien-être  des  poissons.  L’EFSA  a  donc  proposé  une  série  de recommandations concernant tant les opérations qui précèdent l’abattage que les opérations d’étourdissement  et  de  mise  à  mort.  Elle  a  par  ailleurs  souligné  qu’il  existait  de  très nombreuses possibilités de mise au point de nouvelles méthodes d’étourdissement ou de mise à mort pour toutes les espèces de poisson évaluées.

Un rapport d’étude indépendant réalisé par un contractant externe sélectionné a été commandé en 2016  en  vue  de  la  préparation  du  présent  rapport. L’étude a porté sur les cinq principales espèces de poissons d’élevage suivantes dans un certain nombre de pays de l’Espace économique européen (EEE) sélectionnés afin de fournir une vue d’ensemble générale de la situation actuelle du secteur de l’aquaculture en Europe:

  • le saumon de l’Atlantique (poisson de mer d’eau froide),
  • la carpe commune et la truite arc-en-ciel (eau douce),
  • le bar européen,
  • la daurade royale (mer Méditerranée).

Les  normes  internationales  de  l’OIE  sur  le  bien-être  des  animaux  pendant  le  transport, l’étourdissement  et  la  mise  à  mort  des  poissons  d’élevage  destinés  à  la  consommation humaine ont servi de référence pour l’évaluation des pratiques en matière de bien-être.

Principales conclusions : dans  l’ensemble,  les  exigences  générales  du  règlement(CE)  nº1099/2009  applicables  au bien-être des poissons au moment de leur abattage ont contribué à l’élaboration d’un cadre en matière de législation nationale et d’orientations pour le bien-être des poissons d’élevage au sein de l’UE, en particulier pour le saumon de l’Atlantique.

Le niveau de conformité avec les normes de l’OIE relatives à l’abattage varie d’une espèce à l’autre.

  • Pour le saumon de l’Atlantique, les bonnes pratiques sont généralement appliquées, à quelques  exceptions  près,  dans  les  pays  étudiés. 
  • Pour  la  carpe  commune  et  la  truite  arc-en-ciel,  le  niveau  de  conformité  varie  selon  les  méthodes  utilisées. 
  • Pour  le  bar  européen  et  la daurade royale, les normes de l’OIE ne sont pas respectées dans les pays étudiés.

L’analyse  économique  montre  que  les  différences  dans  les coûts   de   production   sont principalement dues à la structure de l’industrie, avec des avantages particuliers résultant des économies d’échelle. En cas d’économies d’échelle, l’amélioration des pratiques en matière de bien-être n’aura probablement que de très faibles répercussions sur le coût de revient, mais l’incidence  risque  d’être  beaucoup  plus  importante  pour  les  petites  exploitations.

D’autres facteurs  de  coûts,  tels  que  les  coûts  liés  aux  aliments  pour  animaux,  de  main-d’œuvre  et d’exploitation  sont  à l’origine  de  la  majorité  des  variations  plus  importantes  entre  les entreprises et les pays. En ce qui concerne les grands élevages de saumon de l’Atlantique et de truite arc-en-ciel, l’étude  révèle  que  l’investissement  dans  l’amélioration  du  bien-être  peut  conduire  à  des économies de main-d’œuvre et l’emporter sur les coûts d’investissement.

Les conclusions du rapport d’étude indiquent également que l’ensemble du secteur améliore  progressivement,  mais  de  façon  continue,  le  bien-être  des  poissons, ainsi  qu’en témoignent  le  recours  accru  à  des  méthodes  plus  humaines  comme  l’étourdissement électrique, l’abandon progressif d’autres méthodes telles que l’étourdissement au CO2,  et l’adoption  de  normes  privées.  Toutefois,  des  améliorations  demeurent nécessaires  pour améliorer  le  bien-être  de  certaines  espèces  de  poisson,  comme  le  bar  européen  et  la  daurade royale.

La  Commission  estime  que  les  éléments  de  preuve  dont  elle  dispose  suggèrent qu’il n’est pas opportun de proposer des exigences spécifiques en matière de protection des poissons au moment de  leur  mise à mort,  compte tenu du fait que les objectifs du règlement peuvent  également  être  atteints  au  moyen  de  mesures  volontaires,  comme  le  prouvent les améliorations  introduites  par  le  secteur  ces  dernières  années.  Au  regard  des évolutions actuelles,  la  Commission  conclut  que, si de nouvelles orientations s’avéraient nécessaires, il serait préférable de les mettre en œuvre au niveau des États membres. Quoi qu’il en soit, la Commission continuera de suivre les progrès réalisés dans ce domaine.

Force  est  toutefois  de  constater qu’il  est  impératif  de  poursuivre  les  recherches  en  vue d’adapter  les  systèmes  dédiés  aux  espèces  de  poisson  pour  lesquelles  il  est  nécessaire de mettre au point des techniques plus efficaces.

La Commission juge donc essentiel de renforcer le dialogue avec les acteurs concernés afin de favoriser  des  initiatives  et  des  projets  spécifiques  dans  ce  domaine,  qui  pourraient  être mutuellement bénéfiques tant d’un point de vue économique que sur le plan du bien-être des animaux. 

Dans  ce  contexte,  la  Commission  a mis  en  place  un  format  plus  systématique  et visible  pour  ce  dialogue,  au  moyen  de  la  plateforme  de  l’UE  sur  le  bien-être  animal. L’objectif premier de cette plateforme est de permettre aux parties intéressées (organisations de  défense  des  animaux,  scientifiques,  vétérinaires,  éleveurs,  entreprises  de  transformation des produits alimentaires, distributeurs alimentaires, etc.) d’exprimer leurs préoccupations, et de partager leurs connaissances et leurs ressources pour créer des activités communes