Autorité européenne du travail
OBJECTIF: établir une Autorité européenne du travail en vue de soutenir la libre circulation des travailleurs et des services et de contribuer à renforcer léquité dans le marché intérieur.
ACTE PROPOSÉ: Règlement du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN: le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire sur un pied dégalité avec le Conseil.
CONTEXTE: la mobilité transfrontière de la main-duvre a augmenté considérablement ces dernières années. En 2017, dix-sept millions dEuropéens vivaient ou travaillaient dans un État membre autre que celui de leur nationalité, ce nombre ayant presque doublé en dix ans.
Les détachements ont augmenté de 68 % depuis 2010, pour atteindre les 2,3 millions en 2015. On dénombre 1,4 million de citoyens de lUnion faisant la navette pour aller travailler dans un autre État membre. En outre, plus de deux millions de travailleurs du secteur du transport routier franchissent quotidiennement des frontières intérieures de lUE pour transporter des marchandises ou des voyageurs.
Le socle européen des droits sociaux - proclamé conjointement par le Parlement européen, le Conseil et la Commission lors du sommet social de Göteborg le 17 novembre 2017 - définit un certain nombre de principes et de droits essentiels devant contribuer à léquité et au bon fonctionnement des marchés du travail et des systèmes de protection sociale. Garantir une mobilité équitable de la main duvre en Europe est un élément essentiel à la réalisation de cet objectif.
Dans leur déclaration commune sur les priorités législatives de lUnion européenne pour la période 2018-2019, le Parlement européen, le Conseil et la Commission se sont engagés à prendre des mesures en vue de renforcer la dimension sociale de lUnion, en travaillant à lamélioration de la coordination des systèmes de sécurité sociale, en protégeant la santé des travailleurs sur le lieu de travail, en veillant à ce que chacun bénéficie dun traitement équitable sur le marché du travail de lUnion, grâce à des règles modernisées sur le détachement des travailleur et en améliorant lexécution transfrontière du droit de lUnion.
Dans ce contexte, la Commission propose la création dune «Autorité européenne du travail» pour faire en sorte que le respect des règles de lUE en matière de mobilité des travailleurs soit assuré de manière juste, simple et efficace. Cette initiative viendra compléter et faciliter la mise en uvre d'initiatives en cours qui visent à assurer une mobilité équitable, notamment par le biais de la réforme de la directive sur le détachement des travailleurs, la lex specialis dans le secteur du transport international routier et la modernisation des dispositions de l'UE concernant la coordination des systèmes de sécurité sociale.
ANALYSE DIMPACT: trois options stratégiques ont été envisagées pour lAutorité proposée, à savoir, loption dune fonction dappui, celle dune fonction opérationnelle et enfin celle dune fonction de surveillance.
La présente initiative réside dans loption «fonction opérationnelle» combinée pour sa réalisation à la création dune nouvelle Autorité qui sappuie sur les instances existantes à léchelle de lUE en matière de mobilité.
CONTENU: la proposition de règlement vise à mettre en place une Autorité européenne du travail, sous la forme dune agence décentralisée de lUE, pour aider les individus, les entreprises et les administrations nationales à exploiter au mieux les opportunités qu'offre la libre circulation et à assurer des conditions équitables en matière de mobilité des travailleurs.
L'Autorité vise un triple objectif:
1) améliorer laccès des particuliers et des employeurs aux informations relatives à leurs droits et obligations dans les domaines de la mobilité de la main-duvre et de la coordination de la sécurité sociale ainsi que leur accès aux services pertinents. LAutorité fournira des informations sur les opportunités d'emploi, d'apprentissage, de mobilité, de recrutement et de formation, ainsi que des orientations sur les droits et obligations de ceux qui vivent, travaillent et/ou exercent leur activité dans un autre État membre de l'UE;
2) renforcer la coopération opérationnelle entre les autorités pour assurer le respect transfrontière du droit pertinent de lUnion, et notamment de faciliter lorganisation dinspections communes. Par exemple, l'Autorité contribuera à améliorer l'échange d'informations, soutiendra le développement de capacités dans les administrations nationales et assistera celles-ci lors d'inspections concertées et conjointes. Les objectifs sont de renforcer la confiance mutuelle entre les acteurs, daméliorer la coopération au quotidien et dempêcher les fraudes et abus éventuels;
3) proposer une médiation et faciliter la recherche de solutions en cas de différends entre les autorités nationales et de perturbations transfrontières du marché du travail telles que les restructurations dentreprises touchant plusieurs États membres.
La nouvelle Autorité intégrerait les missions techniques et opérationnelles des instances de lUE existantes au sein dune structure permanente afin dobtenir des résultats plus efficaces. Elle prendrait ainsi en charge la gestion du bureau européen de coordination dEURES et remplacerait i) le comité technique sur la libre circulation des travailleurs, ii) le comité dexperts en matière de détachement de travailleurs, iii) la commission technique, la commission des comptes et le comité de conciliation de la commission administrative pour la coordination des systèmes de sécurité sociale, et iv) la plate-forme européenne pour la lutte contre le travail non déclaré.
LAutorité bénéficierait à tous les assujettis à la réglementation de lUnion dans le domaine de la mobilité transfrontière de la main-duvre et de la coordination de la sécurité sociale, à savoir concrètement, les travailleurs, salariés ou non, ou tout autre citoyen de lUnion ou ressortissant de pays tiers résidant légalement dans lUnion et se trouvant dans une situation transfrontière.
INCIDENCE BUDGÉTAIRE: le coût budgétaire total pour lUE de lAutorité est estimé à 50,9 millions EUR par an en rythme de croisière (lequel devrait être atteint dici à 2023). En ce qui concerne les effectifs, lAutorité aurait besoin de 69 postes inscrits au tableau des effectifs, de 60 experts nationaux détachés et de 15 agents contractuels.