Système des ressources propres de l'Union européenne
OBJECTIF: établir les règles d'attribution des ressources propres à l'Union en vue d'assurer le financement du budget annuel de l'Union.
ACTE PROPOSÉ: Décision du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN: le Conseil adopte lacte après consultation du Parlement européen mais sans être tenu de suivre l'avis de celui-ci.
CONTEXTE: le système des ressources propres de l'Union doit garantir des ressources suffisantes pour assurer le bon déroulement des politiques de l'Union, sous réserve de la nécessité d'une discipline budgétaire stricte.
Lactuel système des ressources propres repose sur trois grandes catégories de recettes: i) les ressources propres dites traditionnelles (principalement les droits de douane); ii) la ressource propre fondée sur la taxe sur la valeur ajoutée; et iii) la ressource propre fondée sur le revenu national brut. La ressource propre fondée sur le revenu national est devenue au fil du temps la composante principale du système, puisquelle représente plus de 70 % des recettes de lUE.
Aujourdhui, léventail des nouvelles priorités politiques ayant une incidence budgétaire et le retrait du Royaume-Uni de lUE nécessitent de prêter une attention particulière à larchitecture du système des ressources propres. Une proposition de réforme du système de financement est nécessaire pour relever les défis économiques et environnementaux de lUE.
En juin 2017, la Commission a adopté un «document de réflexion sur lavenir des finances de lUE». Ce document propose un éventail doptions permettant un rattachement plus visible des ressources propres aux politiques de lUE, en particulier au marché unique et à la croissance durable. Il indique que la mise en place de nouvelles ressources propres devrait tenir compte i) de leur transparence, simplicité et stabilité; ii) de leur compatibilité avec les objectifs politiques de lUnion; iii) de leur impact sur la compétitivité et la croissance durable; et iv) de leur répartition équitable entre États membres.
En mars 2018, le Parlement européen a adopté une résolution sur la réforme du système des ressources propres de lUnion européenne. Cette résolution souligne les carences de lactuel mode de financement du budget de lUE et plaide pour engager des réformes en profondeur, préconisant notamment lintroduction de nouvelles catégories de ressources propres et la suppression de lensemble des mécanismes de correction.
La présente proposition est présentée en même temps que la proposition de règlement relative au prochain cadre financier pluriannuel pour la période 2021-2027.
CONTENU: la proposition de décision «ressources propres» détermine: i) les catégories de ressources propres à inscrire au budget de l'Union; ii) les taux dappel maximaux à appliquer; iii) les plafonds des ressources propres; iv) les mécanismes de correction (sils sont jugés nécessaires) et leur mode de financement et v) certains principes budgétaires.
Les principaux éléments de la nouvelle proposition sont les suivants :
1) Modernisation des ressources propres existantes: la Commission propose :
- de maintenir inchangés les droits de douane en tant que ressources propres traditionnelles pour lUE, mais en ramenant à 10 % le pourcentage retenu par les États membres au titre des «frais de perception»;
- de maintenir la ressource propre fondée sur le revenu national brut et en conservant sa fonction déquilibrage;
- de simplifier la ressource propre fondée sur la taxe sur la valeur ajoutée sur la base les principes suivants: i) concentration sur les opérations taxées au taux normal; ii) rationalisation de la procédure de calcul de lassiette TVA et iii) application dun taux dappel uniforme sur lassiette taxée au taux normal.
2) Panier de nouvelles ressources propres: la Commission propose dinstaurer trois nouvelles catégories de ressources propres comprenant:
- une part de lassiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés: un taux d'appel de 3 % serait appliqué à la nouvelle assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (à mettre en place progressivement une fois que la législation nécessaire aura été adoptée), ce qui pourrait rapporter en moyenne quelque 12 milliards dEUR par an;
- une part de 20 % des recettes générées par le système d'échange de quotas d'émission. Selon les prévisions, les recettes moyennes pourraient varier de 1,2 à 3,0 milliards dEUR par an en fonction du prix du marché pour les quotas du système déchange de lUE;
- une contribution nationale calculée en fonction du volume des déchets d'emballages en plastique non recyclés dans chaque État membre (soit 0,80 EUR par kilo), ce qui pourrait rapporter quelque 7 milliards dEUR par an.
3) Recettes tirées des politiques de lUE: la Commission propose que, par principe, les recettes qui sont directement générées par la mise en uvre des politiques de lUE et l'exécution des règles communes au niveau de lUnion reviennent par défaut au budget de lUE.
La Commission mentionne le système européen d'information et d'autorisation concernant les voyages (ETIAS) comme un exemple de recette qui pourrait alimenter le budget de lUE sur la base dactes juridiques autres que la décision sur les ressources propres ou les dispositions en matière dharmonisation fiscal.
4) Suppression progressive des corrections: certains États membres ont profité, pour des raisons historiques, d'un système complexe de corrections et de rabais, dont la plus importante est la correction du Royaume-Uni, à savoir le rabais britannique. Par ailleurs, un nombre croissant d'autres mécanismes de correction ont été mis au point au fil du temps.
La Commission propose de simplifier et de réformer le système actuel, complexe, de rabais. Toutefois, afin déviter une hausse substantielle et soudaine des contributions des États membres ayant bénéficié de corrections, il est proposé dappliquer des réductions forfaitaires à leurs contributions fondées sur le revenu national brut, qui seront progressivement supprimées dici à 2025.
5) Relèvement du plafond des ressources propres: aujourd'hui, ce plafond est fixé à 1,20 % du RNB de l'UE. À la suite du Brexit, ce plafond diminue automatiquement d'environ 16 % (soit la part du Royaume-Uni dans le RNB de l'UE). Parallèlement, l'intégration du Fonds européen de développement dans le budget de l'UE devra s'accompagner d'un relèvement du plafond.
La Commission propose donc de revoir à la hausse les plafonds des ressources propres pour les paiements et les engagements et de les faire passer à 1,29 % et à 1,35 %, respectivement, du revenu national brut de lEU-27.
NB: la proposition est accompagnée dune proposition de règlement établissant des mesures d'exécution du système des ressources propres de l'Union européenne et dune proposition de règlement sur les dispositions opérationnelles permettant de mettre les ressources propres à la disposition du budget de lUE et sur les comptes de la Commission.