Le Parlement européen a adopté par 536 voix pour, 39 contre et 53 abstentions, une résolution sur la situation au Nicaragua.
La résolution a été déposée par les groupes PPE, S&D, ALDE, EFDD et ECR.
Le Parlement a déploré la répression brutale et lintimidation de protestants pacifiques au Nicaragua, notant quau moins 84 personnes auraient été tuées, plus de 860 blessées et plus de 400 arrêtées à la suite des manifestations pacifiques menées par des étudiants qui ont débuté le 18 avril 2018 après lannonce par le président Daniel Ortega de réformes de la sécurité sociale. Il a également déploré les disparitions et les arrestations arbitraires perpétrées par les autorités, forces armées et de police ou encore groupes violents qui soutiennent le gouvernement.
Les autorités du Nicaragua ont été invitées à autoriser immédiatement une enquête internationale, indépendante et transparente afin de poursuivre les personnes responsables de la répression et de la mort de manifestants.
Notant le recul de la démocratie et de létat de droit qui sest produit dans lÉtat nicaraguayen au cours de la dernière décennie, les députés ont appelé de leurs vux une réforme électorale aboutissant à lorganisation délections libres, transparentes et honnêtes, qui respectent les normes internationales, comme moyen de résoudre la crise politique. Ils ont remarqué que depuis 2007, le président Daniel Ortega a été réélu trois fois de suite et ont dénoncé les mesures illégales prises en violation du système judiciaire qui ont donné lieu à la modification de la Constitution afin de lever la limitation du mandat présidentiel et qui ont ainsi permis à M. Ortega dexercer continûment la présidence, ce qui constitue une violation flagrante du droit à des élections démocratiques. Ils ont également noté la corruption dans le secteur public, notamment de la part des proches de M. Ortega, et se sont inquiétés des liens entre le président Ortega et dautres conflits dans la région.
Le Parlement a fait remarquer quà la lumière de laccord dassociation entre lUnion européenne et les pays dAmérique centrale, il y a lieu de rappeler au Nicaragua la nécessité de respecter les principes de létat de droit, de la démocratie et des droits de lhomme, comme en dispose la clause de laccord relative aux droits de lhomme.
Le Parlement a invité lUnion européenne à suivre de près la situation au Nicaragua et, si nécessaire, à étudier les mesures qui pourraient être prises. Il a également mis en garde contre les graves conséquences politiques, économiques et pour les investissements que pourraient engendrer les violations des droits de lhomme.
La résolution a demandé aux autorités nicaraguayennes doffrir à tous les acteurs de la société, y compris aux forces de lopposition, un espace suffisant pour que toutes les parties puissent débattre sur la situation au Nicaragua et veiller au respect des droits de lhomme dans le pays, rappelant que la pleine participation de lopposition, la fin de limpunité et la pluralité des médias sont des éléments essentiels au rétablissement de lordre démocratique dans le pays.
Les députés ont ensuite appelé le gouvernement à rétablir pleinement la liberté des médias et la liberté dexpression dans le pays et à cesser de harceler les journalistes, jugeant inacceptable la saisie des médias par les autorités au cours des manifestations.
En dernier lieu, le Parlement a insisté sur le besoin pour les autorités de lutter contre lomniprésence de la corruption dans les milieux politiques du Nicaragua, et a plaidé en faveur de la mise en uvre de la législation anticorruption du Nicaragua, notamment en ce qui concerne les pots-de-vin, les abus de pouvoir et les paiements de facilitation. Les autorités du Nicaragua sont invitées à signer et à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.