Rapport 2018 de la Commission concernant la Serbie
OBJECTIF : présentation dun document de travail des services de la Commission sur le rapport de 2018 concernant la Serbie dans le contexte de la politique délargissement de l'UE.
CONTEXTE : depuis louverture des négociations dadhésion de la Serbie en janvier 2014, 12 des 35 chapitres ont été ouverts et, parmi ces derniers, deux provisoirement fermés. Le rythme global des négociations continuera de dépendre des progrès de la Serbie en matière de réformes et en particulier dune accélération du rythme des réformes sur lÉtat de droit et de la normalisation de ses relations avec le Kosovo. Le Conseil européen a octroyé le statut de pays candidat à la Serbie en 2012. Laccord de stabilisation et d'association entre la Serbie et lUE (ASA) est entré en vigueur en septembre 2013. Des problèmes de mise en conformité demeurent dans les domaines des aides dÉtat et de la discrimination fiscale sur lalcool. Au 1er septembre 2017, les flux de capitaux entre la Serbie et lUE auraient dû être totalement libéralisés. De plus, depuis mai 2017, la Serbie a introduit un certain nombre de restrictions concernant lexportation de déchets non dangereux, menant à un arrêt temporaire dans la fourniture de licences dexportation. La Serbie devrait régler ces problèmes de conformité en priorité.
CONTENU : concernant sa capacité à assumer les obligations découlant de son adhésion, la Serbie a globalement continué à aligner sa législation avec lacquis européen. Des moyens financiers et humains adéquats ainsi que des plans stratégiques judicieux seront cruciaux pour maintenir le rythme actuel des réformes.
La Serbie a un niveau satisfaisant de préparation dans les domaines du droit des sociétés, de la propriété intellectuelle, de la science et la recherche, de léducation et la culture, et des douanes. Dans des domaines comme les marchés publics, les statistiques, la politique monétaire et le contrôle financier, la Serbie est modérément préparée. La Serbie doit progressivement aligner ses politiques extérieures et de sécurité avec celles de lUE durant la période menant à ladhésion. La Serbie doit sattaquer, en priorité, aux problèmes de conformité avec lASA, notamment en ce qui concerne les restrictions aux mouvements de capitaux, la réglementation des aides d'État, la discrimination fiscale sur les spiritueux importés et les restrictions sur les exportations de déchets.
Concernant la normalisation des relations avec le Kosovo, la Serbie doit faire plus defforts quant à la mise en uvre des accords existants et contribuer à la création dun contexte favorable à la normalisation totale des relations avec le Kosovo, qui devra être défini dans un accord juridiquement contraignant.
IPA II : grâce à lInstrument de pré-adhésion 2014-2020, la Serbie bénéficie actuellement dune assistance pré-adhésion avec une allocation indicative de 1.5 milliard EUR pour la période 2014-2020.
Les principaux chapitres du rapport peuvent se résumer comme suit :
Dialogue politique et économique : lUE et la Serbie ont maintenu un dialogue régulier sur des sujets politiques et économiques dans le cadre de lASA. La Serbie continue à participer au dialogue multilatéral avec la Commission et les États membres de lUE pour se préparer à participer à la surveillance multilatérale et à la coordination des politiques économiques européennes. Dans le cadre de sa nouvelle approche dune gouvernance économique, la Serbie a adopté un quatrième programme de réformes économiques et met en uvre des réformes recommandées par le Conseil « Affaires économiques et financières ». Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la capacité de planification économique, la coordination interministérielle et la mise en uvre.
Concernant le critère économique, la Serbie a fait de bons progrès et est modérément préparée à développer une économie de marché fonctionnelle. Certaines des politiques présentant des faiblesses, en particulier concernant le déficit budgétaire, ont été traitées. Les conditions du marché du travail se sont améliorées. Cependant, la dette du gouvernement reste élevée et le cadre budgétaire ainsi que la gouvernance du pays doivent être renforcés. Les grandes réformes structurelles de l'administration publique, de l'administration fiscale et des entreprises publiques restent incomplètes. Lemploi informel, le chômage et linactivité économique restent fort élevés, particulièrement chez les femmes et les jeunes. Le secteur privé est sous-développé et handicapé par des faiblesses dans lÉtat de droit et de lapplication des règles de concurrence saine. La Serbie est modérément préparée pour faire face à la pression concurrentielle et aux forces du marché au sein de l'UE. Des progrès ont été réalisés pour améliorer la compétitivité. Cependant, le niveau des activités dinvestissement reste trop bas pour les besoins de léconomie.
Système judiciaire : le système judiciaire de la Serbie a un certain niveau de préparation. Certains progrès ont été réalisés, notamment en réduisant l'arriéré danciennes affaires et en mettant en place des mesures visant à harmoniser la pratique judiciaire. Des règles ont été adoptées pour mieux évaluer la performance professionnelle des juges et des procureurs. Létendue de linfluence politique sur le pouvoir judiciaire reste une source dinquiétudes.
Corruption et crime organisé : la Serbie a un certain niveau de préparation dans la lutte contre la corruption. Des progrès ont été accomplis, spécialement par ladoption damendements i) au code pénal dans le domaine des crimes économiques, ii) à la loi sur l'organisation des pouvoirs publics dans le domaine de la lutte contre la corruption, le crime organisé et le terrorisme, et iii) à la loi sur la saisie et la confiscation des produits du crime. Cependant, certains domaines accusent un retard substantiel, ce qui reste un sérieux problème. Les autorités policières et les autorités judiciaires doivent encore prouver quelles peuvent enquêter, poursuivre et juger toutes les affaires de corruption de haut niveau de manière impartiale et indépendante sur le plan opérationnel.
La Serbie a un certain niveau de préparation dans la lutte contre le crime organisé. Une nouvelle stratégie et un plan daction pour empêcher et lutter contre le trafic dêtres humains ont été adoptés. Le nombre de condamnations pour crime organisé reste faible.
Droits fondamentaux et liberté dexpression : le cadre légal et institutionnel pour le respect des droits fondamentaux est en place. Sa mise en uvre à travers le pays doit être garantie, en ce compris pour la protection des minorités. Bien que la Serbie ait un certain niveau de préparation, aucun progrès na été fait concernant la liberté dexpression, une source dinquiétudes croissante. Plus defforts sont nécessaires pour améliorer la situation des personnes appartenant aux groupes les plus discriminés (roms, personnes LGBTI, personnes ayant un handicap, personnes avec le VIH/SIDA et autres groupes socialement vulnérables).