Le Parlement européen a adopté une résolution sur le Burundi.
La résolution a été déposée par les groupes PPE, S&D, ECR, ALDE, GUE/NGL et Verts/ALE.
Le Parlement a exprimé sa profonde préoccupation face à limpunité permanente et aux violations continues des droits de lhomme, et a dénoncé une nouvelle fois les actes dintimidation, la répression, la violence et le harcèlement dont font lobjet les journalistes, les sympathisants de lopposition et les défenseurs des droits de lhomme au Burundi. Il a rappelé au Burundi lobligation qui lui incombe, en sa qualité de membre du Conseil des droits de lhomme des Nations unies, de reprendre ses activités et de coopérer pleinement avec la commission denquête sur le Burundi.
Les députés se sont inquiétés du fait que la nouvelle constitution adoptée par référendum le 17 mai 2018 pourrait commencer à démanteler les dispositions de laccord dArusha qui ont été soigneusement négociées et qui ont contribué à mettre fin à la guerre civile au Burundi. Ils ont rappelé que les modifications constitutionnelles votées lors du référendum comprennent lélargissement des pouvoirs présidentiels, la réduction des pouvoirs du vice-président, la nomination du Premier ministre par le président, lintroduction dune procédure de vote à la majorité simple pour ladoption ou la modification dun acte législatif au parlement, la capacité de revoir les quotas mis en uvre par laccord dArusha et linterdiction pour les partis politiques obtenant moins de 5 % des voix de participer au gouvernement, et que lensemble de ces dispositions mettent en péril laccord dArusha.
Le Parlement a invité le gouvernement burundais à respecter pleinement laccord dArusha ainsi que ses obligations légales internationales en matière de droits de lhomme et de droits civils. Il a également demandé aux autorités burundaises de respecter létat de droit et les droits fondamentaux de lhomme, tels que la liberté dexpression et la liberté des médias, autant de conditions pour que des élections ouvertes à tous, crédibles et transparentes puissent avoir lieu en 2020.
Les députés ont réaffirmé leur soutien à la décision de lUnion européenne, suite à la consultation avec les autorités burundaises au titre de larticle 96 de laccord de Cotonou, de suspendre laide financière directe au gouvernement du Burundi et salué ladoption de restrictions en matière de déplacements et dun gel des avoirs par lUnion européenne à lencontre des responsables datteintes aux efforts de paix ou aux droits de lhomme. Ils ont demandé quil soit mis fin à tout paiement supplémentaire aux troupes burundaises et aux divers contingents du Burundi engagés dans des missions de maintien de la paix des Nations unies et de lUnion africaine. Ils ont pris acte de lannonce faite par le président Nkurunziza de ne pas briguer un autre mandat en 2020 mais ont invité la communauté internationale à suivre de près la situation au Burundi, indépendamment de la déclaration du président Nkurunziza au sujet des élections de 2020.
Le Parlement a ensuite souligné ses préoccupations quant à la situation humanitaire, qui se caractérise par lexistence de 169.000 personnes déplacées à lintérieur du pays, de quelque 1,67 million de personnes ayant besoin dune aide humanitaire et de plus de 410.000 Burundais qui ont cherché refuge dans les pays voisins. Il a félicité les pays daccueil pour leurs efforts et a invité les gouvernements de la région à veiller à ce que le retour des réfugiés ait lieu de manière volontaire, se fonde sur des décisions prises en connaissance de cause et seffectue en toute sécurité et dans la dignité. Il a également salué laide apportée par les partenaires bilatéraux et multilatéraux à lamélioration de la situation humanitaire et a encouragé la Commission européenne à fournir un soutien direct supplémentaire à la population en 2018.
En dernier lieu, le Parlement a appelé à une approche renouvelée et coordonnée entre lUnion africaine, lUnion européenne, la Commission économique des Nations unies pour lAfrique (CEA) et lensemble des Nations unies, de manière à ce que toutes les parties continuent leur dialogue afin que le gouvernement burundais puisse mettre en place des conditions favorables à la reprise de laide.