Le Parlement européen a adopté par 589 voix pour, 12 contre et 36 abstentions, une résolution sur le plan daction européen fondé sur le principe «Une seule santé» pour combattre la résistance aux antimicrobiens.
Les députés ont rappelé que du fait de lutilisation excessive et incorrecte des antibiotiques et des mauvaises pratiques de contrôle des infections en médecine humaine et vétérinaire, la résistance aux antimicrobiens (RAM) est progressivement devenue une menace considérable pour lhumanité. La mauvaise utilisation des antibiotiques érode leur efficacité. Chez lêtre humain, la moitié des prescriptions dantibiotiques sont inefficaces.
Insistant sur le fait que lutilisation prudente et correcte des antimicrobiens est indispensable pour limiter lapparition de la RAM en médecine humaine, le Parlement a fait les recommandations suivantes:
LUnion, une «région de pratiques dexcellence»: les députés ont insisté sur le fait que le principe « Une seule santé » devait être placé au cur de la lutte contre la RAM, en prenant en compte le fait que la santé des hommes et celle des animaux et de lenvironnement sont étroitement associées. Ils ont appelé à définir des objectifs mesurables et contraignants en matière de RAM, assortis de chiffres ambitieux, pour le plan daction européen et pour les plans daction nationaux afin de permettre des analyses comparatives.
Le Parlement a demandé à la Commission et aux États membres de limiter la vente dantibiotiques par les professionnels de la santé humaine et animale qui les prescrivent également, et de supprimer toute incitation - financière ou autre - à la prescription dantibiotiques, tout en continuant à assurer un accès suffisamment rapide à la médecine vétérinaire durgence.
De nombreux antimicrobiens sont utilisés chez les humains et les animaux et certains de ces antimicrobiens sont essentiels à la prévention ou au traitement dinfections potentiellement mortelles chez lhomme. Les députés ont considéré que leur utilisation chez les animaux devrait être interdite. Le recours à ces antimicrobiens devrait être réservé à la médecine humaine afin de préserver le plus longtemps possible leur efficacité dans le traitement des infections chez lhomme.
La Commission devrait spécifier les antibiotiques à réserver pour le traitement de certaines infections chez lhomme. De plus, les députés ont demandé i) de prendre des mesures fermes contre la vente illicite ou sans prescription de produits antimicrobiens délivrée par un médecin ou par un vétérinaire dans lUnion européenne; ii) délaborer des messages de sensibilisation en matière de santé publique et de promouvoir une utilisation responsable des antibiotiques, en particulier dans lutilisation prophylactique.
Concernant la santé animale, le Parlement a demandé labandon du recours systématique aux antibiotiques à des fins prophylactiques et métaphylactiques dans les groupes danimaux délevage et proposé que lutilisation dantibiotiques de dernier recours soit purement et simplement interdite chez les animaux de rente.
Concernant lusage prophylactique chez lhomme, la résolution a invité les États membres à examiner tous les protocoles existants, en particulier ceux applicables aux utilisations prophylactiques lors des traitements chirurgicaux.
Les députés ont suggéré dadopter des mesures exigeant que létiquetage précise lutilisation dantibiotiques pour aider les consommateurs à faire des choix plus éclairés. Ils ont demandé à la Commission de mettre en place un système harmonisé en matière détiquetage fondé sur des normes en matière de bien-être animal et de bonnes pratiques en matière délevage.
Encourager la recherche: les députés ont considéré que des mesures dincitation étaient nécessaires pour encourager la recherche sur de nouveaux antimicrobiens. Ils ont invité la Commission à établir une liste de lUnion des agents pathogènes prioritaires, en tenant compte de celle de lOMS, tant pour lhomme que pour lanimal, fixant ainsi clairement les priorités futures en matière de recherche et de développement.
La résolution a appelé à :
Donner corps aux objectifs mondiaux: le Parlement a exhorté lUnion et les États membres à sengager clairement à lancer une stratégie globale intersectorielle de lutte contre la RAM, couvrant des domaines daction tels que le commerce international, le développement et lagriculture.
La résolution a souligné que lutilisation dantibiotiques comme facteurs de croissance chez les animaux destinés à produire des denrées alimentaires était interdite dans lUnion depuis 2006, mais quen dehors de lUnion, cette utilisation restait possible. Elle a invité la Commission à inclure une clause dans tous les accords de libre-échange prévoyant que les denrées alimentaires importées de pays tiers ne doivent pas avoir été produites à laide dantibiotiques comme facteurs de croissance.
Enfin, les députés ont invité la Commission à mettre sur pied des programmes de recherche en collaboration avec les pays tiers afin de réduire lutilisation excessive des antibiotiques.