La commission des affaires juridiques a adopté le rapport de Gilles LEBRETON (ENF, FR) sur la demande de consultation sur les privilèges et immunités dAlfonso Luigi Marra.
Le présent rapport fait suite à la demande de consultation sur les privilèges et immunités dAlfonso Luigi Marra, transmise en date du 7 mars 2018 par la cour dappel de Naples (Italie), en liaison avec les poursuites judiciaires intentées contre lui.
Pour rappel, M. Marra fait lobjet de deux procédures en justice à la suite dallégations diffamatoires quil aurait formulées dans un tract du 19 septembre 1996, lorsquil était député au Parlement européen. Il a été condamné à payer des dommages et intérêts aux parties lésées, à la fois par le tribunal de première instance (2000) et par le tribunal de seconde instance (2002).
À la demande de M. Marra, la Cour de cassation italienne a saisi la Cour de justice, par décision du 20 février 2007, de questions préjudicielles concernant linterprétation de la réglementation européenne relative à limmunité des députés au Parlement européenne.
Dans lintervalle, le Parlement a adopté sa résolution du 11 juin 2002 sur limmunité de députés élus en Italie et les pratiques des autorités italiennes en cette matière. Dans cette résolution, le Parlement a estimé que laffaire relative à M. Marra constituait à première vue un problème dirresponsabilité parlementaire, que les juridictions compétentes devaient être invitées à transmettre au Parlement la documentation nécessaire pour établir si laffaire en question constituait un problème dirresponsabilité conformément à larticle 8 du protocole nº 7, et que les juridictions compétentes devaient être invitées à suspendre les poursuites en attendant la décision définitive du Parlement.
À la suite de larrêt de la Cour de justice rendu dans le contexte des demandes de décisions préjudicielles précitées, la Cour de cassation italienne a, par son arrêt du 10 décembre 2009, renvoyé le dossier à la cour dappel de Naples pour quelle statue sur laffaire à la lumière de la résolution du Parlement européen et de la jurisprudence de la Cour de justice.
Dans son arrêt du 5 décembre 2012, la cour dappel de Naples, sans surseoir à la procédure et sans sonder lavis du Parlement, a confirmé son arrêt antérieur, qui condamnait M. Marra au paiement de dommages et intérêts aux parties lésées. Cet arrêt a été cassé par la Cour de cassation italienne le 30 avril 2015, qui a de nouveau renvoyé laffaire à la cour dappel de Naples afin quelle suspende la procédure et quelle demande lavis du Parlement européen.
La cour dappel a décidé de suspendre la procédure et elle a consulté le Parlement, par lettre du 27 janvier 2018, sur la question des privilèges et immunités de M. Marra.
Les députés considèrent que les faits en lespèce, tels quils ressortent des documents fournis à la commission des affaires juridiques et de laudition de M. Marra devant celle-ci, montrent que les déclarations de Luigi Marra nont pas de lien direct et évident avec ses activités parlementaires. On ne peut donc considérer que M. Marra se trouvait dans lexercice de ses fonctions de député au Parlement européen lorsquil a formulé les allégations dans laffaire en cause.
Les députés estiment que les privilèges et immunités au sens de larticle 8 du protocole nº 7 ne couvrent pas les opinions exprimées par Luigi Marra.