Accord de protection des investissements UE/Singapour

2018/0095(NLE)

OBJECTIF : conclusion de l’accord de protection des investissements entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et la République de Singapour, d’autre part.

ACTE PROPOSÉ : décision du Conseil.

RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN : le Conseil ne peut adopter l’acte que si le Parlement européen a approuvé celui-ci.

CONTEXTE : avec plus de 600 millions de consommateurs et une classe moyenne en rapide augmentation, les  économies  à  forte  croissance  du  Sud-Est  asiatique  sont  des  marchés clés  pour  les exportateurs et les investisseurs de l’Union européenne. L’Association des nations de l’Asie du  Sud-Est  (ANASE)  prise  dans  son  ensemble  est,  après  les  États-Unis  et  la  Chine,  le troisième partenaire commercial de l’UE en dehors de l’Europe, avec 208 milliards d’euros d’échanges  de  biens  et  77 milliards  d’euros  d’échanges  de  services  au  total  (2016).

Dans l’ANASE, Singapour est de loin le premier partenaire commercial de l’UE.

Le 23 avril 2007, le Conseil a autorisé la Commission à engager des négociations en vue d’un accord de libre-échange (ALE) avec les États membres de l’ANASE. Le 12 septembre 2011, le Conseil a autorisé la Commission à élargir les négociations en cours avec Singapour afin d’y inclure également la protection des investissements, en vertu d’une nouvelle compétence conférée à l’Union par le traité de Lisbonne.

Sur  la  base  des  directives  de  négociation  adoptées  par  le  Conseil  en  2007  et  complétées  en 2011  afin  d’inclure  la  protection  des  investissements,  la  Commission  a  négocié  avec  la République  de  Singapour  un  ALE  ambitieux  et  complet  et  un  accord  de  protection  des investissements (API), en vue de créer de nouvelles opportunités et une sécurité juridique qui permettront le développement des échanges et des investissements entre les deux partenaires.

À partir de la date de son entrée en vigueur, l’API UE-Singapour remplacera et annulera les traités bilatéraux d’investissement entre la République de Singapour et les États membres de l’Union européenne qui sont énumérés dans l’API.

CONTENU : la Commission a invité le Conseil à adopter la décision relative à la conclusion de l’accord de protection des investissements entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et la République de Singapour, d’autre part.

Objectifs de l’accord de protection des investissements (API) :

  • améliorer  le  climat  d’investissement  entre  l’UE  et  Singapour ;
  • procurer  des  avantages  aux  investisseurs  européens  en  garantissant  un niveau élevé de protection de leurs investissements à Singapour, tout en préservant le droit de l’UE de réglementer et de poursuivre des objectifs légitimes  de  politique publique,   comme   la   protection   de   la   santé   publique,   de   la   sécurité   et   de l’environnement ;
  • offrir aux investisseurs la possibilité de recourir à un mécanisme de règlement des différends moderne et réformé. Ce système garantit que les règles de protection des investissements sont respectées et s’efforce de trouver un équilibre entre une protection des investisseurs assurée de  manière  transparente  et  une  préservation  du  droit  des  États  de  réglementer  afin  de poursuivre des objectifs de politique publique ;
  • instituer un système de règlement des différends  permanent,  international  et  totalement  indépendant – composé  d’un  tribunal  de première instance et d’un tribunal d’appel permanents – dans  le  cadre  duquel les  procédures de règlement des différends seront conduites de manière transparente et impartiale.

Conformément aux objectifs fixés par les directives de négociation, la Commission a obtenu :

  • Libéralisation des services : la libéralisation complète des marchés des services et des investissements, y compris des règles transversales en matière d’octroi de licences et de reconnaissance mutuelle des diplômes et des règles sectorielles visant à garantir des conditions de concurrence équitables pour les entreprises de l’UE ;
  • Marchés publics : de nouvelles possibilités de marchés publics pour les soumissionnaires de l’UE, en particulier dans les marchés de services d’utilité publique pour lesquels il existe, dans l’UE, de nombreux fournisseurs de premier plan;
  • Obstacles au commerce : la suppression des obstacles techniques et réglementaires au commerce des marchandises, comme les essais redondants, notamment en encourageant l’utilisation des  normes  techniques  et  réglementaires  largement  connues  dans  l’UE  dans  les secteurs des véhicules à moteur, de l’électronique, des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux, ainsi que le recours aux technologies vertes ; la création, sur la base des normes internationales, d’un régime plus favorable aux échanges pour l’approbation des exportations européennes de viande vers Singapour ; l’engagement de Singapour de ne pas augmenter ses droits de douane (qui en grande partie   ne   sont   actuellement   pas   appliqués   sur   une   base   volontaire) sur les importations en provenance de l’UE, ainsi qu’un accès moins onéreux aux produits fabriqués à Singapour pour les entreprises et consommateurs européens ;
  • Protection des IG : un niveau de protection «ADPIC plus» pour les IG de l’UE après leur enregistrement à Singapour, dès que Singapour aura créé un registre des IG ;
  • Protection de l’environnement : un chapitre complet sur le commerce et le développement durable, qui vise à garantir que  le  commerce  soutient  la  protection  de  l’environnement  et  le  développement social  et  encourage  la  gestion  durable  des  forêts  et  de  la  pêche.  Ce  chapitre  décrit également  comment  les  partenaires  sociaux  et  la  société  civile  seront  associés  à  sa mise en œuvre et à son suivi ;
  • Règlement des différents : un  mécanisme  rapide  de  règlement  des  différends  grâce  soit  à  une  procédure d’arbitrage soit au recours à un médiateur.

Comité : Le chapitre institutionnel de l’API institue un comité qui a pour tâche principale de surveiller et faciliter la mise en œuvre et l’application de l’accord. Entre autres tâches, le comité peut, après  que  les  exigences  et  procédures  juridiques  respectives  de  chacune des  parties  ont  été accomplies, prendre les décisions visant à nommer les membres des tribunaux du SJI, à fixer leur rétribution mensuelle et leurs honoraires et à adopter des interprétations contraignantes de l’accord.

INCIDENCE BUDGÉTAIRE : l’ALE UE-Singapour  aura  une  incidence  financière  sur  le  budget  de  l’UE  du  côté  des recettes.  On  estime  que  le  montant  des  droits non  perçus  pourrait  atteindre  248,8 millions EUR  lorsque  l’accord  sera  intégralement  mis  en œuvre.  Cette  estimation  repose  sur  les importations moyennes prévues pour 2025 en l’absence d’un accord et correspond aux pertes annuelles de recettes résultant de l’élimination des droits de douane appliqués par l’UE sur les importations en provenance de Singapour. L’API  UE-Singapour  aura  une  incidence  financière  sur  le  budget  de  l’UE  du  côté  des dépenses. Il s’agira du deuxième accord de l’UE (après l’accord économique et commercial global  avec  le  Canada)  à  intégrer  le  système  juridictionnel  des  investissements  (SJI) pour  le règlement  des  différends  entre  investisseurs  et  États.  Des  dépenses supplémentaires  d’un montant  annuel  de  200.000 EUR sont  prévues,  à  partir de 2018 (sous réserve de l’entrée en vigueur  de  l’accord),  afin  de  financer  la  structure  permanente comprenant  un  tribunal  de première  instance  et  un  tribunal  d’appel.