Lutte contre et prévention de la traite des êtres humains et protection des victimes
La Commission a présenté son deuxième rapport sur les progrès réalisés dans la lutte contre la traite des êtres humains.
Tout en continuant dassurer le suivi de la manière dont les États membres mettent en uvre la directive 2011/36/UE concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes, la Commission a indiqué avoir mis en uvre la stratégie de lUE en vue de léradication de la traite des êtres humains pour la période 2012-2016. En outre, en décembre 2017, la Commission a également défini de nouvelles actions concrètes pour améliorer la prévention dans ce domaine dans sa communication faisant sur le suivi de la stratégie de lUE.
Le présent rapport, accompagné dun document de travail des services de la Commission, présente les modèles émergents sur la base de données et de tendances, les mesures prises dans le cadre de la stratégie de lUE et les progrès réalisés dans la mise en uvre de la communication de 2017, conformément à lengagement pris dans celle-ci. Le rapport analyse également les données statistiques fournies par les États membres et fait le point sur la mise en uvre de la directive 2004/81/CE relative au titre de séjour délivré aux victimes de la traite des êtres humains.
Les principaux points sont les suivants :
Tendances émergentes : par rapport aux modèles observés pendant les périodes précédentes, les données pour la période 2015-2016 montrent des modèles similaires en ce qui concerne les victimes enregistrées et les trafiquants qui ont affaire à la police ou à la justice pénale :
- il y a eu 20.532 victimes enregistrées de la traite des êtres humains dans lUE. Toutefois, il existe des raisons de croire que de nombreuses victimes et de nombreux trafiquants ne sont pas identifiés et ne sont par conséquent pas inclus dans les chiffres repris dans le présent rapport ;
- les enfants représentaient près du quart (23 %) des victimes enregistrées ;
- 5.979 poursuites et 2 927 condamnations pour traite dêtres humains ont été signalées, un chiffre peu élevé ;
- les citoyens de lUE représentaient (44 %) des victimes enregistrées, les cinq principaux pays de lUE dont les victimes enregistrées ont la nationalité étant la Roumanie, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne et la Bulgarie. Il sagit des mêmes pays que pour les années 2010 à 2012, cités également dans le premier rapport de la Commission sur les progrès réalisés ;
- les cinq principaux pays tiers dont les victimes enregistrées ont la nationalité sont le Nigeria, lAlbanie, le Viêt Nam, la Chine et lÉrythrée ;
- plus de la moitié (56 %) des activités de traite des êtres humains avaient pour fin l'exploitation sexuelle, laquelle reste la forme la plus répandue. Environ un quart des activités de traite (26 %) avaient pour fin lexploitation par le travail, tandis que le reste de ces activités prenaient dautres formes (telles que la mendicité forcée ou le trafic dorganes) (18 %). La majorité (61 %) des victimes enregistrées de la traite à des fins dexploitation par le travail se trouvent au Royaume-Uni, de sorte que les données du Royaume-Uni modifient de manière significative la proportion que représente cette forme de traite au niveau de lUE.
La traite interne, qui se déroule sur le territoire dun État membre, a été signalée comme étant en augmentation. Les personnes présentant un handicap physique ou des troubles du développement sont également de plus en plus ciblées par les trafiquants. Selon les États membres, les trafiquants utilisent linternet et les réseaux sociaux pour recruter des victimes. La crise migratoire aurait donné lieu à une augmentation des risques de traite.
La Commission a déclaré que certaines améliorations avaient été amenées. De manière générale, la coopération transfrontière par lintermédiaire dEuropol et dEurojust sest intensifiée. Au cours de la période 2014-2015, un grand nombre déquipes communes denquête ont été mises en place au sein dEurojust. Les États membres ont rapporté quils coopèrent avec les organisations de la société civile. La Commission a cité le recours aux enquêtes financières, la constitution déquipes communes denquête et le développement de mécanismes d'orientation nationaux et transnationaux.
Néanmoins, la traite des êtres humains reste une forme de criminalité caractérisée par limpunité des auteurs et des individus qui exploitent les victimes. Les conclusions du rapport ne mettent pas en évidence une diminution de la traite. En outre, lanalyse des données révèle une tendance à identifier les victimes de formes dexploitation jugées comme prioritaires, certaines catégories de victimes étant placées au premier plan des mesures prises, tandis que dautres reçoivent moins dattention. Les informations communiquées par les États membres révèlent des complexités persistantes et un manque de progrès dans des domaines clés. Les États membres doivent donc semployer prioritairement à prendre toutes les mesures nécessaires, entre autres :
Une meilleure collecte de données : les États membres doivent améliorer la consignation des informations dans des rapports et leur enregistrement, mais aussi veiller à ventiler ces données par sexe, âge, forme dexploitation, nationalité des victimes et des auteurs, ainsi que par type d'assistance et de protection.
Accroître leffectivité des poursuites et des condamnations : le droit européen permet déjà lincrimination du fait de recourir aux services des victimes tout en sachant que celles-ci sont victimes de la traite. La Commission a encouragé les États membres à mettre ces dispositions en uvre dans leurs droits nationaux. La Commission soutient activement les autorités nationales pour quelles se concentrent sur lamélioration de leffectivité des enquêtes et des poursuites au moyen de mesures leur permettant de suivre la trace des capitaux et des profits provenant de la traite, et sur lincrimination des individus qui ont recours aux services fournis par les victimes.
Promouvoir une réponse coordonnée : les États membres doivent continuer de renforcer la coopération policière et judiciaire transnationale. La coopération avec les pays tiers doit être encore améliorée.
Garantir laccès des victimes à la justice : les États membres sont encouragés à donner effet à la législation nationale en veillant à ce que des outils soient mis en place pour permettre aux victimes dobtenir une indemnisation, y compris une formation appropriée et un renforcement des capacités des professionnels concernés.
Sensibiliser : les mesures de sensibilisation et de formation doivent être ciblées et viser à obtenir des résultats concrets, en particulier afin de prévenir la criminalité. Les États membres sont encouragés à mesurer leur incidence plus efficacement. Faire respecter lobligation de rendre des comptes aux victimes implique également de veiller à ce que les entités concernées soient tenues responsables de leurs actes ou de leur inaction.
La Commission a déclaré avoir mis en uvre de nombreuses actions concrètes figurant dans la communication de 2017 et continuera à apporter son aide par tous les moyens possibles, notamment en soutenant financièrement lélaboration de mesures de nature politique et opérationnelle dans le but déradiquer la traite des êtres humains.