Résolution sur la Tanzanie
Le Parlement européen a adopté une résolution sur la Tanzanie. La résolution a été déposée par les groupes PPE, S&D, ECR, ALDE, Verts/ALE, GUE/NGL, et EFDD.
Notant que, depuis lélection du président tanzanien John Pombe Magufuli en 2015, les droits de lhomme fondamentaux ont été bafoués, le Parlement sest inquiété de la détérioration de la situation politique en Tanzanie, marquée par le rétrécissement de lespace public en raison de lapplication de restrictions sévères aux activités des organisations de la société civile, des militants des droits de lhomme, des médias et de nombreux partis politiques. Il a invité la délégation lUnion européenne et les États membres à tout mettre en uvre pour octroyer une aide et une protection urgentes aux militants des droits de lhomme menacés.
Les députés se sont particulièrement préoccupés de la détérioration de la situation des personnes LGBTI, de plus en plus victimes de la stigmatisation, de violences et darrestations ciblées. La législation contre lhomosexualité de la Tanzanie est lune des plus sévères au monde, et qualifie les relations sexuelles entre personnes de même sexe de délits pénaux, punissables de peines allant de trente ans demprisonnement à la prison à vie. Invitant la Tanzanie à abroger ses lois qui criminalisent lhomosexualité, le Parlement a rappelé au gouvernement tanzanien quil a lobligation de protéger les droits de lhomme, la dignité et lintégrité physique de tous ses citoyens en toutes circonstances, et que cette obligation découle notamment des engagements quil a pris dans le cadre de laccord de Cotonou.
Le Parlement a demandé que les agressions perpétrées contre des journalistes, des personnes LGBTI, des militants des droits de lhomme et des membres des partis de lopposition fassent lobjet denquêtes indépendantes. Il a exhorté les autorités tanzaniennes à mettre un terme aux provocations de Paul Makonda, commissaire régional de Dar es Salam et un partisan de la répression, vis-à-vis de la communauté LGBTI et à traduire cette personne en justice pour incitation à la violence. Les députés ont demandé à la Commission de veiller à ce que le futur accord de partenariat ACP-UE pour laprès-2020 contienne une interdiction explicite des discriminations fondées sur lorientation sexuelle.
Le Parlement a également demandé aux autorités tanzaniennes de modifier toutes les dispositions restrictives de la loi sur la cybercriminalité, du règlement sur les communications électroniques et postales (le règlement sur les contenus en ligne), et de la loi sur les services de médias, afin de les remplacer par des clauses qui garantissent la liberté dexpression et la liberté des médias, dans la droite ligne des normes internationales sur les droits de lhomme.
Les députés ont ensuite invité les autorités tanzaniennes à abroger toutes les lois, toutes les politiques et toutes les autres mesures qui font obstacle aux services et aux informations dont les femmes, les filles et les jeunes mères ont besoin pour vivre en bonne santé. Ils ont fait référence au discours du 22 juin 2018 du président Magufuli, qui a interdit aux filles enceintes de fréquenter lécole. Les autorités se livrent également à des manuvres dintimidation à légard des organisations de la société civile qui défendent les droits de scolarisation de ces filles.
Concernant les relations entre la Tanzanie et lUnion, le Parlement a exprimé de vives préoccupations face aux pressions que le gouvernement tanzanien a exercées sur le chef de la délégation de lUnion européenne, qui a été forcé de quitter le pays. Les dirigeants dONU Femmes, du PNUD et de lUnesco sur place ont également été expulsés depuis lélection du président Magufuli. Les députés ont salué la décision de lUnion européenne et de ses États membres de procéder à une révision complète des politiques de lUnion en faveur de la Tanzanie, conformément à la déclaration de la haute représentante de lUnion. Ils ont demandé à lUnion européenne de continuer de surveiller de près la situation des droits de lhomme en Tanzanie, en particulier par le truchement de rapports réguliers de sa délégation sur place.