Rapport annuel intitulé "Protection des intérêts financiers de l'Union européenne - Lutte contre la fraude"
La commission du contrôle budgétaire a adopté un rapport dinitiative de Marian-Jean MARINESCU (PPE, RO) sur le rapport annuel 2017 sur la protection des intérêts financiers de lUnion européenne - Lutte contre la fraude.
Les députés ont salué le fait que le nombre total des irrégularités frauduleuses et non frauduleuses signalées en 2017 (15.213 cas) a baissé de 20,8 % par rapport à 2016 (19.080 cas) et que leur valeur a baissé de 13 % (de 2,97 milliards deuros en 2016 à 2,58 milliards deuros en 2017). Ils ont souligné la nécessité dune coopération plus étroite entre les États membres quant à léchange dinformations, afin daméliorer la collecte des données et de renforcer lefficacité des contrôles. Ils ont demandé à nouveau à la Commission de mettre en place un système uniforme de collecte des données comparables sur les irrégularités et les cas de fraude des États membres.
Recettes - ressources propres
Les députés ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis du fait que, selon les statistiques de la Commission, lécart de TVA en 2016 sélevait à 147 milliards dEUR, ce qui représente plus de 12 % du montant total escompté des recettes de TVA, et du fait que la Commission estime que le coût pour lUnion des affaires de fraude à la TVA intracommunautaire sélève à environ 50 milliards dEUR par an.
Le rapport note la tendance stable du nombre dirrégularités frauduleuses et non frauduleuses signalées en lien avec les ressources propres traditionnelles (RPT) (4.647 en 2016, 4.636 en 2017) et des sommes concernées (537 millions dEUR en 2016, 502 millions dEUR en 2017). Il relève toutefois la distribution inégale des irrégularités parmi les États membres, la Grèce (7,17 %), lEspagne (4,31 %) et la Hongrie (3,35 %) se situant nettement au-dessus de la moyenne européenne de 1,96 % de RPT non collectées.
Les députés ont relevé avec consternation que le taux de recouvrement moyen pour les cas signalés comme frauduleux sur la période 1989-2017 était seulement de 37 %. Ils ont invité la Commission à chercher des solutions pour améliorer cette situation. La Commission devrait rendre compte annuellement du montant des ressources propres de lUnion récupérées à la suite des recommandations formulées par lOLAF et communiquer les montants restant à récupérer.
Dépenses
Les députés se sont félicités de la diminution significative (de 272 en 2016 à 133 en 2017) du nombre de cas signalés comme frauduleux liés au développement rural, et de la diminution du montant des fraudes, de 47 millions deuros à 20 millions dEUR, qui laccompagne. Ils ont toutefois remarqué quune tendance inverse existe dans les soutiens directs à lagriculture, pour lesquels les irrégularités signalées comme frauduleuses ont fortement augmenté, passant de 11 millions dEUR à 39 millions EUR.
Soulignant que la capacité de détection est un élément essentiel dans le contexte du cycle de lutte contre la fraude, le rapport a invité la Commission à continuer de soutenir les efforts déployés par les États membres, afin daccroître la qualité et le nombre des contrôles effectués et de partager les bonnes pratiques en matière de lutte contre la fraude.
Les députés ont salué :
- la création du programme de lUnion en matière de lutte contre la fraude, qui sera mis en uvre par lOLAF en gestion directe ;
- la décision de 22 États membres de procéder à la mise en place du Parquet européen dans le cadre dune coopération renforcée; la Commission est invitée à encourager les États membres réticents jusquà présent à participer au Parquet européen ;
- ladoption de la directive relative à la lutte contre la fraude portant atteinte aux intérêts financiers de lUnion au moyen du droit pénal (directive PIF), qui apporte des précisions sur les questions de la coopération transfrontière et de lentraide judiciaire entre les États membres, Eurojust, le Parquet européen et la Commission dans la lutte contre la fraude à la TVA;
- la proposition de la Commission de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la protection du budget de lUnion en cas de défaillance généralisée de létat de droit dans un État membre.
Les députés ont mis en avant en avant les avantages de la passation électronique des marchés publics pour la lutte contre la fraude. Ils ont en outre invité la Commission à :
- élaborer une politique anticorruption plus complète et cohérente, y compris en menant une évaluation approfondie des politiques anticorruption de chaque État membre et à répondre à lenjeu du pantouflage de manière systématique et proportionnelle;
- veiller à lexercice dun contrôle adéquat et harmonisé aux frontières de lUnion, de façon à garantir la sécurité de lUnion et la protection de ses intérêts économiques, en uvrant tout particulièrement en faveur de la lutte contre le commerce de produits illicites ou de contrefaçons;
- présenter une proposition législative en matière dassistance administrative mutuelle dans les domaines daffectation des fonds européens pour lesquels des dispositions en ce sens ne sont pas prévues à lheure actuelle en vue de lutter contre la fraude transnationale ;
- établir rapidement le nouveau plan daction et la stratégie globale de lUnion pour lutter contre le commerce illicite de produits du tabac qui était prévue pour la fin de lété 2018; daprès les estimations de lOLAF, le commerce illicite de cigarettes est à lorigine de pertes financières dun montant de 10 milliards deuros pour les budgets de lUnion et des États membres.
Les députés ont insisté sur la nécessité de les protéger les lanceurs dalerte qui jouent un rôle important dans la prévention, la détection et le signalement des fraudes. Ils ont également suggéré dencourager et de soutenir le journalisme dinvestigation par des moyens juridiques à la fois dans les États membres et au sein de lUnion.
Enfin, le rapport a invité la Commission et les États membres à veiller conjointement à ce que les enquêtes de lOLAF et des États membres soient complémentaires, à ce que lOLAF dispose des mêmes pouvoirs denquête dans chaque État membre, y compris dun accès aux informations sur les comptes bancaires, et à ce que les preuves recueillies par lOLAF soient acceptées comme preuves pénales par les juridictions de lensemble des États membres.