Fiscalité: coopération administrative
La Commission a présenté un rapport donnant un aperçu et une évaluation des statistiques et des informations relatives aux échanges automatiques dans le domaine de la fiscalité directe. Il est très important pour les autorités fiscales davoir accès aux informations relatives aux revenus perçus et actifs détenus à létranger par les contribuables résidents.
La directive 2011/16/UE du Conseil relative à la coopération administrative dans le domaine fiscal («DCA») crée un cadre pour léchange des informations sur les contribuables engagés dans des activités transfrontalières. La DCA prévoit, entre autres, léchange automatique dinformations (« AEOI »), qui désigne léchange de données fiscales prédéfinies au moyen de formats prédéfinis et à des moments prédéfinis, sans demande préalable dun autre pays, ce qui est obligatoire.
Le rapport couvre trois catégories déchange automatique dinformations :
DCA1
La DCA1 impose aux États membres déchanger automatiquement les informations disponibles pour cinq catégories de revenu et de capital : les revenus d'emploi, les tantièmes et les jetons de présence, les produits dassurance sur la vie, les pensions et la propriété et les revenus de biens immobiliers. Le rapport couvre la période 2015-2017 compris. La Commission a noté que les États membres ont échangé des informations concernant près de 16 millions de contribuables, pour des revenus et capitaux sélevant à plus de 120 milliards dEUR.
Lévaluation des risques et la détermination de limpôt sur le revenu des personnes physiques constituent les deux utilisations les plus fréquentes des informations pour lensemble des trois années. La tendance générale semble aller vers une utilisation accrue et plus intensive des informations reçues. Il nexiste pas de différences majeures dans lutilisation des informations relatives aux différentes catégories de revenu, à lexception des informations relatives aux produits dassurance sur la vie, qui sont systématiquement moins utilisées que celles relatives aux autres types de revenus.
DCA2
Les États membres sont tenus déchanger automatiquement des renseignements concernant les comptes financiers, cest-à-dire le solde des comptes déclarables à la fin de lannée, ainsi que les dividendes, les intérêts, les produits bruts et les autres revenus dinvestissement versés sur le compte en question pendant un an.
Les informations disponibles pour ce rapport concernent la période de six mois allant de la mi-septembre 2017 à mars 2018. Par conséquent, aucune véritable tendance en matière de flux dinformations ne peut être dégagée et aucune analyse fiable de lutilisation éventuelle des données ne peut être effectuée.
Les États membres ont échangé des informations concernant environ 8,7 millions de comptes au total, et des revenus financiers liés aux soldes des comptes en fin dannée sélevant à 2,919 milliards dEUR au total. Jusquà présent, les échanges ne concernent cependant que les «comptes de valeur élevée» existants et les «nouveaux comptes» ouverts au cours des derniers mois de lannée 2016. Le nombre de comptes devrait donc augmenter une fois que le champ dapplication de la DCA2 aura été pleinement mis en uvre. Le réseau déchanges bilatéraux est centré sur le Luxembourg et, dans une bien moindre mesure, sur lIrlande. Lévaluation des risques est présentée comme lutilisation la plus fréquente des informations visées par la DCA2, suivie par la détermination de l'impôt.
DCA3
Léchange automatique d'informations au titre de la DCA3 requiert le partage dinformations relatives aux décisions fiscales anticipées en matière transfrontière (DFA) et aux accords préalables en matière de prix de transfert (APP) concernant une personne ou un groupe de personnes autres que des personnes physiques. La DCA3 a entraîné un renforcement important de la transparence des informations relatives aux décisions fiscales anticipées et aux accords préalables en matière de prix de transfert. Près de 18 000 décisions ont été saisies dans le répertoire central en 2017, alors que très peu étaient spontanément communiquées avant 2015. Il est toutefois trop tôt pour rendre compte de la façon dont ces informations supplémentaires ont été utilisées.
Coûts et avantages
Les coûts globaux de mise en uvre des dispositions relatives à léchange automatique d'informations s'élèvent à environ 112 millions dEUR pour la période 2012-2017. Ces coûts sont principalement liés au développement et à la maintenance des systèmes IT utilisés dans le cadre de lAEOI.
Le rapport a indiqué que, concernant les avantages de léchange automatique d'informations, il semble qu'ils résident principalement dans lamélioration du respect des règles fiscales et dans leffet dissuasif pour les contribuables. Il est cependant très difficile de quantifier les avantages de léchange automatique d'informations en termes de recettes fiscales supplémentaires.
Conclusions
Les États membres ont reconnu que les informations fiscales reçues par lintermédiaire de léchange automatique d'informations peuvent être utilisées de différentes manières. Les autorités fiscales les utilisent essentiellement à des fins dévaluation des risques et de détermination de limpôt sur le revenu des personnes physiques. Néanmoins, plusieurs États membres ne font toujours quune utilisation très limitée, voire nulle, des informations quils reçoivent.
Les États membres transmettent souvent des informations qui ne comprennent pas tous les éléments didentification nécessaires pour permettre une mise en correspondance automatique de ces informations avec celles disponibles au niveau national.
La Commission suggère daméliorer la qualité des informations via le programme européen «Fiscalis» et de veiller à ce que les informations échangées soient utilisées de façon efficace afin de créer un système fiscal plus juste dans lintérêt de lEurope et de ses citoyens.
Les États membres ont été invités à :
- vérifier la qualité des informations quils collectent avant de les transmettre ;
- fournir un retour opportun et constructif aux États membres expéditeurs afin que la qualité de léchange automatique d'informations puisse augmenter avec le temps ;
- faire un meilleur usage des données fournies via lAEOI ;
- adopter plusieurs indicateurs clés communs relatifs aux avantages et aux méthodes dévaluation ;
- développer une méthodologie commune pour estimer les avantages de léchange automatique d'informations de façon fiable et exhaustive ;
- veiller à ce que les informations dans le cadre de léchange automatique d'informations fassent partie du cycle de gestion des risques fiscaux et quelles soient davantage utilisées à des fins de campagnes de sensibilisation ainsi quà des fins daudit, combinant tous les flux d'échange automatique d'informations ainsi que les informations obtenues au niveau national et par le biais dautres méthodes de coopération administrative (par exemple, contrôles simultanés, présence dans dautres administrations fiscales lors denquêtes et au moyen de léchange dinformations spontané et sur demande) ;
- partager leurs connaissances en matière de meilleures pratiques en vue d'une exploitation pleine et efficace des données, en utilisant par exemple des techniques danalyse avancées telles que lexploration de données.