La Commission a présenté un rapport sur la mise en uvre de la directive 2012/13/UE relative au droit à linformation dans le cadre des procédures pénales. Pour rappel, la directive est le deuxième instrument adopté conformément à la feuille de route visant à renforcer les droits procéduraux des suspects ou des personnes poursuivies dans le cadre des procédures pénales, le premier instrument étant la directive 2010/64/UE relative au droit à linterprétation et à la traduction dans le cadre des procédures pénales.
Transposition
Les États membres devaient transposer la directive en droit national au plus tard le 2 juin 2014. À la date dexpiration de la période de transposition, sept États membres navaient pas transmis les mesures nécessaires à la Commission: Chypre, la République tchèque, le Luxembourg, Malte, la Slovénie, la Slovaquie et lEspagne. En juillet 2014, la Commission a donc décidé dengager une procédure dinfraction au titre de larticle 258 du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne à lencontre de ces sept États membres pour non-communication de leurs mesures de transposition.
Évaluation
La Commission a indiqué que, globalement, la directive a apporté une valeur ajoutée à lUnion européenne en améliorant la protection des citoyens concernés par des procédures pénales, en particulier dans certains États membres où le droit à linformation (y compris le droit daccès au dossier) nexistait pas auparavant ou nétait pas aussi détaillé.
Lampleur de limpact de la directive sur les États membres varie en fonction des systèmes nationaux de justice pénale en place. Lévaluation souligne quil subsiste des difficultés en ce qui concerne des dispositions essentielles de la directive dans certains États membres.
Déclarations de droits lors de larrestation
La directive requiert des États membres quils veillent à ce que les personnes privées de liberté reçoivent rapidement une déclaration des droits contenant des informations sur les autres droits spécifiques énumérés dans la directive. Lannexe de la directive présente des modèles de déclarations pour les personnes arrêtées ou détenues et les personnes arrêtées sur la base dun mandat darrêt européen.
Lévaluation a montré des difficultés dans certains États membres concernant :
- les informations sur le droit daccès aux pièces du dossier ;
- les informations sur le nombre maximal dheures ou de jours pendant lesquels les suspects ou les personnes poursuivies peuvent être privés de liberté avant de comparaître devant une autorité judiciaire ;
- les informations de base sur la possibilité de contester la légalité de larrestation ou de la détention et de demander une mise en liberté provisoire ;
- lobligation de veiller à ce que les suspects ou les personnes poursuivies reçoivent la déclaration de droits par écrit dans une langue quils comprennent.
Ces dispositions nont soit pas été transposées correctement, soit pas transposées du tout.
Droit dêtre informé de laccusation portée contre soi
La directive prévoit lobligation dinformer les suspects et les personnes poursuivies de laccusation retenue et des modifications apportées à celle-ci.
Des disparités apparaissent dans plusieurs États membres en ce qui concerne le moment de la fourniture dinformations sur laccusation. Dans six États membres, la juridiction est tout dabord appelée à se prononcer sur le bien-fondé de laccusation et ce nest quensuite que la personne poursuivie est informée. Dans un État membre, il est possible que laccusé ne soit informé des charges quavant de comparaître devant la juridiction. Dans deux États membres, il nest pas établi clairement si la communication de la décision à la personne poursuivie se fait au plus tard au moment où la juridiction est appelée à se prononcer sur le bien-fondé de laccusation. Enfin, dans un État membre, des informations détaillées sur laccusation sont fournies au plus tard lors de lexamen au fond de laffaire ou de la question par la juridiction.
Dans quelques États membres, des problèmes se posent en ce qui concerne le contenu des informations fournies. Par exemple, la législation nationale ne stipule pas que le suspect ou la personne poursuivie doit être informé de manière détaillée de laccusation, ne mentionne pas la nature et la qualification juridique de linfraction pénale ou ne précise pas la nature de la participation de la personne poursuivie. Des incertitudes générales subsistent dans certaines législations nationales concernant le niveau des détails fournis sur le contenu des décisions.
Droit daccès aux pièces du dossier
Lévaluation des mesures nationales de mise en uvre montre que la compréhension des «documents essentiels», ainsi que létendue globale de laccès diffèrent entre les États membres. En outre, certains États membres autorisent le refus daccès à des documents essentiels. Conformément à la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de lhomme, il nest pas exclu quune partie des pièces du dossier puisse être tenue secrète afin dempêcher que des suspects falsifient des preuves et nuisent au cours de la justice. Un tel refus daccès ne peut toutefois se faire au détriment de restrictions substantielles aux droits de la défense. Dautres questions qui se posent dans le contexte de cette disposition concernent principalement le moment où laccès aux documents essentiels est accordé.
La Commission souligne également des problèmes concernant le droit daccès à toutes les preuves matérielles. Des problèmes se posent lorsque laccès au dossier est accordé, mais que celui-ci ne contient pas toutes les preuves matérielles. Dans certains cas, les éléments de preuve qui sont conservés en dehors du dossier ne sont pas rendus accessibles ou ne le sont quau stade du procès.
En dernier lieu, le rapport a noté des difficultés concernant la dérogation au droit daccès à toutes les preuves matérielles à la suite dune décision judiciaire ou dune décision faisant lobjet dun contrôle juridictionnel. Lexamen des mesures nationales de mise en uvre montre quil sagit de lune des dispositions qui présentent le niveau le plus élevé de disparités entre les États membres.
Révision
La Commission considère quil nest actuellement pas nécessaire de revoir la directive, mais que son application peut encore être améliorée dans la pratique. La Commission continuera dévaluer le respect de la directive par les États membres et prendra toutes les mesures appropriées pour assurer la conformité avec ses dispositions dans lensemble de lUnion européenne.