Programme de l’Union en matière de lutte contre la fraude 2021–2027
Avis n° 9/2018 de la Cour des Comptes sur une proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant le programme de lUnion en matière de lutte contre la fraude.
Pour rappel, le programme de lUnion en matière de lutte contre la fraude prévoit de combiner Hercule III avec la base de financement du système dinformation antifraude (AFIS) et du système de gestion des irrégularités (IMS). Tandis que ces deux systèmes continueraient dêtre régis, sur le plan opérationnel, par leurs instruments juridiques respectifs [le règlement (CE) no 515/97 pour le premier et les multiples réglementations sectorielles pour le second], les dispositions de financement de lAFIS seraient intégrées dans le nouveau programme.
La Cour des comptes se félicite de linitiative de la Commission visant à rationaliser ainsi la gestion budgétaire du programme. Toutefois, elle estime quil existe un risque de chevauchements et de synergies manquées avec des mesures visant à financer des actions similaires ou identiques. Cela remet en question la valeur ajoutée du programme.
La Cour soulève également les questions suivantes :
- aucune analyse dimpact approfondie et documentée na été réalisée pour lélaboration de la proposition. La Cour prend acte du fait que la Commission na pas réalisé dévaluation pour examiner quels étaient les chevauchements et les synergies possibles entre le programme et dautres actions de lUE, ainsi que pour mieux évaluer la valeur ajoutée de ce dernier ;
- la proposition ne précise pas le taux de cofinancement, cest-à-dire le pourcentage de la contribution de lUE aux coûts des actions (la différence étant à la charge des États membres. La Cour rappelle sa recommandation précédente de fixer un taux maximal de cofinancement de 50 % pour la composante «matériel technique», et de 80 % pour les autres actions ;
- certains des objectifs généraux et spécifiques ne sont ni mesurables ni spécifiques, et les indicateurs de performance ne sont pas suffisamment clairs et solides. La Cour estime que cela pourrait limiter le suivi de la mise en uvre, lévaluation des résultats ainsi que le ciblage efficace des fonds en faveur dactions présentant une valeur ajoutée. La proposition ne précise pas non plus la périodicité des rapports sur la performance.
La Cour a recommandé aux organes législatifs de prendre les mesures suivantes dans les meilleurs délais:
- mieux définir les objectifs du programme et les indicateurs qui seraient utilisés pour suivre sa mise en uvre et évaluer ses résultats;
- préciser la périodicité des rapports sur la performance, fixer des taux de cofinancement maximaux et indiquer que les évaluations doivent être réalisées par un évaluateur indépendant;
- demander à la Commission de réaliser un état des lieux afin dexaminer quels sont les chevauchements et les synergies possibles entre le programme et dautres actions de lUE, ainsi que pour mieux évaluer la valeur ajoutée de ce dernier.