AVIS n° 7/2018 de la Cour des comptes sur les propositions de la Commission concernant les règlements relatifs à la politique agricole commune (PAC) pour la période postérieure à 2020.
La proposition législative concernant la PAC après 2020 examinée par la Cour des comptes comporte trois règlements accompagnés dune analyse dimpact, ainsi quun exposé des motifs portant sur les trois règlements.
Les principales modifications quil est proposé dapporter à la PAC pour laprès 2020 sont les suivantes :
- un plan stratégique relevant de la PAC par État membre, pour lensemble des dépenses au titre de celle-ci (paiements directs, développement rural et mesures de marché),
- une tentative dévoluer vers un système axé sur la performance,
- une tentative de redéfinir ladmissibilité des dépenses (réalisations déclarées et nouvelle conception de la légalité et de la régularité),
- des changements au niveau des systèmes de contrôle (modification du rôle confié aux organismes de certification).
Le «règlement relatif aux plans stratégiques relevant de la PAC» couvre les objectifs de la PAC, les types dinterventions financées au titre de la politique et les exigences générales applicables pour lélaboration des plans stratégiques relevant de la PAC.
Évaluation des besoins
La Cour des comptes note que dans certains domaines clés, la Commission na pas défini les besoins sur la base dinformations probantes solides. Ainsi, données et arguments employés par la Commission pour étayer lévaluation des besoins concernant le revenu des agriculteurs sont insuffisants.
La Commission a retiré de son analyse dimpact loption consistant à mettre un terme à la PAC, mais na pas apporté déléments probants solides, sur le plan économique, à lappui des options retenues en définitive et dans lesquelles les mesures traditionnelles de la PAC sont maintenues: les paiements directs, les mesures de marché et le développement rural.
Verdissement de la PAC
La proposition ne semble pas correspondre à un renforcement manifeste de ses ambitions en matière denvironnement et de climat. Dès lors quil reviendrait aux États membres de classer par ordre de priorité, dans leurs plans stratégiques relevant de la PAC, les types dinterventions à financer, il est difficile de savoir comment la Commission vérifierait si ces plans sont ambitieux dun point de vue environnemental et climatique. Dès lors, lestimation par la Commission de la contribution de la PAC aux objectifs de lUnion européenne correspondants semble peu réaliste.
Selon la proposition, les fonds de lUnion européenne ne seraient pas alloués sur la base dune évaluation des besoins entreprise à léchelle de lUnion ni en fonction des résultats escomptés. Chaque État membre affecterait une partie de son enveloppe financière préétablie à des interventions données en se fondant sur sa propre évaluation des besoins. Les États membres continueraient à se voir imposer lutilisation de paiements directs calculés sur la base du nombre dhectares de terre possédés ou cultivés.
La Cour estime que cet instrument nest pas adapté pour répondre à nombre de préoccupations environnementales et climatiques, et il ne représente pas non plus le moyen le plus efficient pour soutenir des revenus agricoles viables.
Simplification
La programmation combinée, en un seul plan stratégique national relevant de la PAC, de mesures réparties actuellement entre le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) et le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) pourrait contribuer à assurer la cohérence entre les différentes mesures de la PAC. Il est toutefois difficile de savoir si la PAC serait globalement simplifiée, car la complexité augmenterait à dautres égards (la proposition introduit par exemple un programme écologique dont les objectifs sont similaires à ceux de deux autres instruments environnementaux).
Modèle reposant sur la performance
La Cour estime que la proposition ne contient pas les éléments nécessaires à un système efficace de mesure de la performance. Labsence dobjectifs clairs, spécifiques et quantifiés au niveau de lUnion européenne génère des incertitudes concernant la manière dont la Commission évaluerait les plans stratégiques des États membres relevant de la PAC. La Cour recommande dinclure les éléments suivants :
- des objectifs clairs, spécifiques et quantifiés, fixés au niveau de lUnion européenne, et dont le degré de réalisation serait mesurable,
- des mesures clairement liées aux objectifs,
- un ensemble abouti dindicateurs de réalisation, de résultat et dimpact,
- lobligation faite aux États membres détablir des statistiques fiables et comparables sur le revenu disponible des agriculteurs,
- des critères transparents pour lévaluation du contenu et de la qualité des plans stratégiques relevant de la PAC,
-des paiements en faveur des États membres qui soient fondés sur la performance.