Conformément à la directive (UE) 2015/849 (quatrième directive antiblanchiment), la Commission doit réaliser une évaluation des risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme pesant sur le marché intérieur et liés à des activités transfrontières et de la mettre à jour tous les deux ans (ou plus fréquemment si nécessaire). Ce rapport met à jour la première évaluation supranationale des risques de la Commission publiée en 2017. Il évalue la mise en uvre des recommandations de la Commission ainsi que les risques qui subsistent, y compris ceux liés à de nouveaux produits et secteurs.
Le rapport fournit une analyse systématique des risques de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme liés à des produits et services spécifiques. Il porte sur les vulnérabilités recensées au niveau de lUE, en ce qui concerne tant le cadre juridique que lefficacité de son application, et fournit des recommandations en vue de les traiter.
La présente évaluation supranationale des risques tient compte des exigences de la quatrième directive antiblanchiment, dont la transposition aurait dû avoir lieu en juillet 2017 au plus tard. Les changements supplémentaires introduits par la cinquième directive antiblanchiment, qui doit être transposée dici janvier 2020, ont été anticipés lors de la définition des nouvelles mesures datténuation.
Conclusions de lévaluation
Dans cette deuxième évaluation supranationale des risques, la Commission a recensé 47 produits et services susceptibles d'être exposés aux risques de blanchiment de capitaux/financement du terrorisme, contre 40 en 2017. Ces produits et services concernent 11 secteurs, dont 10 secteurs ou produits recensés dans la quatrième directive antiblanchiment, et une catégorie supplémentaire de produits et services pertinente aux fins de lévaluation des risques.
Principaux risques dans les secteurs concernés
Les principaux risques pour le marché intérieur dans les secteurs concernés sont les suivants :
- liquidités et avoirs assimilés : si les consommateurs se détournent des liquidités, celles-ci restent l'instrument de blanchiment privilégié des criminels. C'est principalement le recours aux paiements en espèces qui permet d'établir une déclaration de transactions suspectes.
Depuis lévaluation supranationale des risques de 2017, le cadre juridique applicable a été renforcé. La quatrième directive antiblanchiment vise les négociants de biens qui effectuent ou reçoivent des paiements en espèces dun montant égal ou supérieur à 10 000 EUR. Les États membres peuvent adopter des seuils plus bas, des restrictions générales supplémentaires en ce qui concerne les paiements en espèces ainsi que des dispositions plus strictes.
Le règlement révisé sur les contrôles de largent liquide applicable à partir du 3 juin 2021 oblige tout voyageur entrant dans lUnion ou sortant de l'Union et transportant de largent liquide pour un montant égal ou supérieur à 10 000 EUR à le déclarer aux autorités douanières.
Il étend également la définition de largent liquide pour y englober non seulement les billets de banque, mais aussi dautres instruments ou les marchandises servant de réserves de valeur très liquides, tels que les chèques, les chèques de voyage, les cartes prépayées et lor.
Les avoirs présentant les mêmes caractéristiques que les espèces (comme lor ou les diamants) ou les biens de grande valeur (par exemple, objets culturels, voitures, bijoux, montres) présentent également un risque élevé, du fait de linsuffisance des contrôles.
- secteur financier : le rapport sur lévaluation de récents cas présumés de blanchiment de capitaux impliquant des établissements de crédit de lUnion recense les facteurs qui ont contribué aux cas récents de blanchiment au sein de banques de lUnion, ainsi que les enseignements qui en ont été tirés, en vue détayer de futures mesures stratégiques.
Le recours à de nouvelles technologies (FinTech) qui permettent des transactions rapides et anonymes dans le cadre de relations daffaires impliquant de moins en moins la présence physique des parties présente un risque plus élevé si les mesures de surveillance concernant la vigilance à légard de la clientèle et les opérations effectuées ne sont pas mises en uvre efficacement tout le long du canal de distribution.
- secteurs et produits non financiers : une étude indique quentre 20 et 30% de l'ensemble des produits du crime sont blanchis dans le secteur non financier. Lexposition aux risques est donc jugée globalement importante voire très importante dans ce secteur.
- nouveaux produits/ secteurs : les plateformes de change et les prestataires de services de portefeuilles, le football professionnel, les ports francs et les programmes de citoyenneté et de résidence par investissement («passeports/visas dorés») ont tous été recensés en tant que nouveaux secteurs à risque.
Mesures datténuation de lUE
La plupart des mesures législatives mentionnées dans lévaluation supranationale des risques de 2017 ont été adoptées, notamment la cinquième directive antiblanchiment, le nouveau règlement sur le contrôle des mouvements dargent liquide, la directive visant à lutter contre le blanchiment de capitaux au moyen du droit pénal et le règlement concernant limportation de biens culturels.
La révision des règlements instituant les autorités européennes de surveillance a renforcé le mandat de lAutorité bancaire européenne en matière de collecte, danalyse et de diffusion des informations afin de garantir que lensemble des autorités compétentes surveillent de façon efficace et cohérente les risques de blanchiment de capitaux.
Le pouvoir qu'a lAutorité bancaire européenne dagir en cas de violation du droit de lUnion a également été précisé et renforcé. Ladoption de la cinquième directive sur les exigences de fonds propres a supprimé les obstacles à la coopération entre les autorités de surveillance prudentielle et les autorités de surveillance en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux/le financement du terrorisme.
Recommandations aux États membres
La Commission a assuré le suivi des recommandations de 2017 adressées aux États membres en effectuant des contrôles de la transposition de la quatrième directive antiblanchiment, en adressant aux États membres des questionnaires concernant le suivi des recommandations de 2017 et en mettant à jour les évaluations nationales des risques.
Pour certaines recommandations, soit les informations reçues ne sont pas significatives, soit les autorités nationales ont mis en évidence le délai limité dont elles disposent afin de les mettre en uvre. La Commission a insisté sur la nécessité de poursuivre ou dintensifier les efforts actuels.
Conclusion
La Commission continuera de surveiller la mise en uvre des recommandations de lévaluation supranationale des risques et présentera un nouveau rapport dici 2021. Ce nouveau rapport évaluera aussi la façon dont les mesures prises à léchelon européen et national influent sur les niveaux de risque, et examinera lincidence de changements plus récents apportés au cadre réglementaire. La Commission réalisera également une étude concernant la mise en uvre effective de la quatrième directive antiblanchiment par les États membres.