La Commission a présenté un rapport sur linterconnexion des mécanismes automatisés centralisés nationaux (registres centraux ou systèmes électroniques centraux de recherche de données) des États membres concernant les comptes bancaires.
Conformément à la directive anti-blanchiment (2015/849/UE), les États membres doivent mettre en place au 10 septembre 2020 des mécanismes automatisés centralisés nationaux, tels que des registres centraux ou des systèmes électroniques centraux de recherche de données, permettant lidentification de toute personne physique ou morale qui détient ou contrôle des comptes de paiement, des comptes bancaires et des coffres-forts.
Objectifs des mécanismes centralisés
Au titre de la directive anti-blanchiment, lobjectif des mécanismes centralisés concernant les comptes bancaires est daméliorer la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, et leur accès est limité à certains pouvoirs publics. La directive anti-blanchiment définit un ensemble minimal dinformations à inclure dans ces mécanismes centralisés. Elle prévoit par ailleurs que les cellules de renseignement financier devraient y avoir accès de manière immédiate et non filtrée, et que les autres autorités compétentes devraient également y avoir accès pour laccomplissement des missions qui leur incombent au titre de ladite directive.
Laccès des autorités compétentes aux registres centraux des comptes bancaires ou aux systèmes centraux de recherche de données aura une forte incidence dans la lutte contre le blanchiment de capitaux, les infractions sous-jacentes associées ou le financement du terrorisme et, plus généralement, dans la lutte contre les formes graves de criminalité. Ayant en vue les objectifs de la directive anti-blanchiment et de la directive facilitant laccès aux informations financières et dune autre nature, une interconnexion future des registres des comptes bancaires et des systèmes de recherche de données à léchelle de lUnion faciliterait la coopération transfrontière des autorités compétentes participant à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et dautres formes graves de criminalité.
La Commission doit évaluer les conditions et les spécifications techniques et procédures permettant dassurer une interconnexion sécurisée et efficace des mécanismes automatisés centralisés. Ainsi, ce rapport évalue les différentes solutions informatiques à léchelle de lUnion qui sont déjà opérationnelles ou en cours délaboration et qui pourraient servir de modèles pour une interconnexion possible des mécanismes centralisés. Un instrument législatif serait nécessaire pour assurer une telle interconnexion.
Le présent rapport doit être examiné en liaison avec le rapport de la Commission sur lévaluation supranationale des risques, le rapport de la Commission sur les cellules de renseignement financier et le rapport de la Commission sur lévaluation des récents cas présumés de blanchiment de capitaux impliquant des établissements de crédit de lUnion européenne, qui sont présentés parallèlement.
État des lieux
Registres centralisés ou systèmes électroniques de recherche de données concernant les comptes bancaires dans les États membres
À lheure actuelle, les mécanismes centralisés contenant des informations sur les comptes bancaires sont opérationnels dans 15 États membres. Daprès leurs réponses, les États membres ont une légère préférence pour la solution technique du registre centralisé : en effet, ils sont 17 à avoir ou à être sur le point davoir des registres centralisés, contre 9 à déclarer avoir ou envisager davoir des systèmes centraux de recherche de données. Ils ont également exprimé une préférence pour les systèmes qui contiennent plus de données que lensemble minimal dinformations relatives au profil du compte.
Systèmes européens assurant linterconnexion des bases de données électroniques nationales décentralisées
Plusieurs projets européens assurent linterconnexion décentralisée à léchelle de lUnion des bases de données électroniques nationales. Les systèmes informatiques jugés pertinents pour ce rapport sont les suivants :
Interconnecter les registres bancaires
Le système utilisé pour interconnecter les registres bancaires devra échanger des données entre différentes bases de données, chacune ayant ses propres modèles de données et normes sémantiques. Des normes sémantiques communes devront être établies, soit de façon native dans les systèmes ou en tant que couche de définition entre les différentes normes dans les États membres. Toutefois, avant de créer une nouvelle norme sémantique, la réutilisation de normes existantes doit être envisagée.
Prochaines étapes
Le rapport établit un ensemble déléments à prendre en compte pour pouvoir interconnecter les registres et les systèmes de recherche de données concernant les comptes bancaires, et illustre le fait que linterconnexion de ces mécanismes centralisés est techniquement possible. Un tel système pourrait être un système décentralisé sur une plateforme commune à léchelle de lUnion. La technologie déjà développée par la Commission européenne dans le contexte des différents modèles analysés pourrait être employée.
Ces dernières années, différents systèmes ont suivi la réutilisation des éléments constitutifs communs. Ces éléments constitutifs sont par essence un ensemble de normes et de spécifications techniques bien connus qui peuvent être appliqués aux difficultés récurrentes telles que léchange sécurisé dinformations. Le recours constant à ces éléments constitutifs est une approche prônée par la politique numérique actuelle de la Commission, envers laquelle les États membres se sont engagés dans la déclaration de Tallinn sur ladministration en ligne.
Une interconnexion future des mécanismes automatisés centralisés nationaux pourrait tirer parti de lutilisation des mêmes éléments constitutifs pour accélérer sa création et son alignement avec les règlements européens pertinents tels que le règlement eIDAS.
Étant donné quune future interconnexion à léchelle de lUnion des mécanismes centralisés accélérerait laccès aux informations financières et faciliterait la coopération transfrontalière des autorités compétentes, la Commission prévoit de consulter également les parties prenantes pertinentes, les pouvoirs publics, ainsi que les cellules de renseignement financier, les autorités répressives et les bureaux nationaux de recouvrement, car ils pourraient être les «utilisateurs finaux» dun possible système dinterconnexion.