Coopération judiciaire pénale: droit d'accès à un avocat dans le cadre des procédures pénales et des procédures relatives au mandat d'arrêt européen, et droit de communiquer après l'arrestation
La Commission a présenté un rapport concernant la mise en uvre de la directive 2013/48/UE du Parlement européen et du Conseil relative au droit d'accès à un avocat dans le cadre des procédures pénales et des procédures relatives au mandat d'arrêt européen, au droit d'informer un tiers dès la privation de liberté et au droit des personnes privées de liberté de communiquer avec des tiers et avec les autorités consulaires.
La directive a été adoptée pour veiller à ce que le droit des suspects et des personnes poursuivies davoir accès à un avocat et de communiquer dès leur arrestation soit garanti dans le cadre tant des procédures pénales que des procédures relatives au mandat darrêt européen.
Le rapport se concentre sur les dispositions prises à ce jour par les États membres pour mettre en uvre la directive. Il évalue si les États membres ont transposé la directive dans les délais impartis et si la législation nationale atteint les objectifs et satisfait aux exigences de la directive.
Les principaux constats sont les suivants :
Valeur ajoutée européenne
Le rapport montre que la directive contribue à améliorer la confiance mutuelle entre les États membres, comme le prévoit la feuille de route visant à renforcer les droits procéduraux des suspects ou des personnes poursuivies dans le cadre des procédures pénales.
En fixant des normes minimales européennes communes, la directive a une incidence significative sur la protection des suspects et des personnes poursuivies dans les États membres. Elle atteint cet objectif en assurant une mise en uvre plus cohérente des droits et des garanties prévus aux articles 47 et 48 de la charte des droits fondamentaux de lUnion européenne et à larticle 6 de la Convention européenne des droits de lhomme.
Globalement, la directive a apporté une valeur ajoutée européenne en améliorant la protection des citoyens impliqués dans des procédures pénales, en particulier dans certains États membres dans lesquels le droit daccès à un avocat nétait pas accordé à lensemble des suspects et des personnes poursuivies, surtout aux premiers stades de la procédure. En outre, un droit daccès à un avocat dans lÉtat membre qui émet un mandat darrêt européen est désormais clairement établi.
Difficultés persistantes concernant des dispositions clés de la directive
À la date dexpiration de la période de transposition fixée au 27 novembre 2016, neuf États membres navaient pas transmis les mesures nécessaires à la Commission: la Bulgarie, Chypre, lAllemagne, la Grèce, la France, la Croatie, le Luxembourg, la Slovénie et la Slovaquie. Cest pourquoi la Commission a décidé, en janvier 2017, de lancer des procédures dinfraction contre ces neuf États membres pour non-communication de leurs mesures de transposition. Entre-temps, tous les États membres ont notifié une transposition complète. Des procédures dinfraction sont toujours pendantes, étant donné que toutes les dispositions de la directive nont pas été transposées.
Lampleur de lincidence de la directive sur les États membres varie en fonction des systèmes nationaux de justice pénale en place. Lévaluation des mesures nationales de transposition a mis en lumière certains problèmes de conformité dans plusieurs États membres. Les problèmes les plus importants concernent les quatre points suivants:
1) la portée des droits prévus par la directive
Dans quatre États membres, des droits conférés par la directive sont subordonnés à un acte formel. Cet acte formel est souvent aussi la condition nécessaire pour acquérir le statut de suspect ou de personne poursuivie. Dans un nombre réduit dÉtats membres, la législation nest pas claire en ce qui concerne les personnes qui ne sont pas privées de liberté.
2) létendue des dérogations possibles, en particulier au droit daccès à un avocat
Des dérogations ont par exemple été recensées dans 20 États membres, justifiées par des risques pour les personnes ou pour les besoins en matière denquête. Dans certains cas, la législation nationale pourrait ne pas mentionner clairement que les dérogations ne devraient sappliquer que dans des circonstances exceptionnelles et dans la mesure où cela est justifié compte tenu des circonstances particulières du cas despèce. Une autre inquiétude réside dans la circonstance que la possibilité de dérogation puisse se prolonger au-delà de la phase préalable au procès pénal.
3) la renonciation au droit daccès à un avocat
Un nombre considérable dÉtats membres disposent dune législation régissant la possibilité de renoncer au droit daccès à un avocat. Cinq États membres ne disposent daucune législation de ce type. Un État membre noffre aucune possibilité de renoncer au droit daccès à un avocat, et la défense est donc toujours obligatoire. Alors que trois États membres ont transposé la directive presque littéralement, de nombreuses lacunes dans la transposition ont été relevées.
4) le droit daccès à un avocat dans lÉtat membre qui émet un mandat darrêt européen
Dans la plupart des États membres, la législation prévoit lapplication mutatis mutandis dune partie ou de lensemble des règles concernant les procédures pénales. Cela signifie que les droits accordés dans les affaires où il est fait usage du mandat darrêt européen correspondent, en substance, au droit dont les suspects et les personnes poursuivies bénéficient durant les procédures pénales nationales. Dans cinq États membres, la transposition du droit daccès à un avocat repose exclusivement sur des règles spécifiques régissant les procédures relatives au mandat darrêt européen et abordant les droits de la directive dans ce contexte.
Améliorer la transposition
Le rapport conclut que, sil nest actuellement pas nécessaire de réviser la directive, sa transposition en droit national et son application dans la pratique doivent être améliorées. En effet, les lacunes constatées risquent de nuire à la bonne mise en uvre des autres directives relatives aux droits procéduraux, en particulier la directive (UE) 2016/1919 concernant laide juridictionnelle dans le cadre des procédures pénales, qui repose sur cette directive. La directive (UE) 2016/1919 devait être transposée par les États membres au plus tard le 5 mai 2019.
La Commission continuera dévaluer le respect de la directive par les États membres et prendra toutes les mesures appropriées pour assurer la conformité avec ses dispositions dans lensemble de lUnion européenne.