Le Parlement européen a adopté par 521 voix pour, 4 contre et 110 abstentions, une résolution sur la situation des personnes LGBTI en Ouganda. Le texte adopté en plénière avait été déposé en tant que résolution commune par les groupes PPE, S&D, Renew, Verts/ALE et GUE/NGL.
Ces dernières semaines, lOuganda a connu une reprise du discours extrêmement homophobe par les autorités. En particulier, Simon Lokodo, ministre de lÉtat ougandais chargé de léthique et de lintégrité a fait part, le 10 octobre 2019, du projet de représenter le projet de loi contre lhomosexualité, qui prévoirait la peine de mort pour «homosexualité aggravée». La loi contre lhomosexualité avait déjà été présentée en 2014, à linitiative du Président Museveni, mais elle avait ensuite été déclarée nulle et non avenue par la Cour constitutionnelle ougandais et condamnée par la communauté internationale.
Les députés ont rappelé que les dispositions actuelles du code pénal violaient les droits de lhomme et criminalisaient lhomosexualité, soulignant que la constitution ougandaise interdisait la discrimination fondée sur divers motifs, mais quelle nétendait pas cette interdiction à la discrimination fondée sur lorientation sexuelle.
Le Parlement sest dit vivement préoccupé par la réapparition du projet de loi contre lhomosexualité dans le débat politique ougandais. Il a condamné les propos de Simon Lokodo attisant lhomophobie et la haine et rappelé son opposition à toute forme de discrimination fondée sur lorientation sexuelle ainsi que toute incitation à la haine et à la violence à légard des personnes LGBTI.
Les députés ont rejeté résolument le recours à la peine de mort quelles que soient les circonstances ainsi que tout texte de loi qui imposerait la peine de mort pour homosexualité. Ils ont regretté que la loi ougandaise fasse toujours preuve dune telle discrimination à légard des personnes LGBTI et ont demandé aux autorités ougandaises de revoir toute disposition législative criminalisant lhomosexualité et les militants LGBTI.
Préoccupé par la détérioration générale de la situation des droits fondamentaux des personnes LGBTI en Ouganda ainsi que par les violations de plus en plus nombreuses de leurs droits, les députés ont demandé aux autorités ougandaises de mener une enquête approfondie et impartiale sur les actes de violence et les attaques perpétrés à lencontre de personnes LGBTI ainsi quà en poursuivre les auteurs. Ils ont invité le gouvernement ougandais à renforcer, au sein de la police, les procédures de recours contre les violations des droits de lhomme.
Le Parlement a invité lUnion européenne :
- à surveiller la situation des personnes LGBTI et à soutenir activement sur le terrain les organisations de la société civile, les défenseurs des droits de lhomme et les personnes LGBTI;
- à recourir au dialogue politique prévu à laccord de Cotonou ainsi quaux instruments LGBTI dans le dialogue quelle mène avec les autorités ougandaises pour les aider à dépénaliser lhomosexualité et à réduire la violence et les discriminations ;
- à améliorer la protection et la promotion des droits de lhomme en Ouganda, notamment par un soutien ciblé aux organisations de la société civile et la mise en uvre intégrale des orientations de lUE concernant les défenseurs des droits de lhomme.
Le Parlement a rappelé que 32 pays africains sur un total de 54 criminalisent les relations entre personnes de même sexe et que la Mauritanie, le Soudan, le nord du Nigeria et la Somalie punissent lhomosexualité de la peine de mort. La Commission et le Conseil ont été invités à inscrire linterdiction des discriminations fondées sur lorientation sexuelle dans tout accord futur qui remplacera laccord de Cotonou.