Un régime de responsabilité civile pour l’intelligence artificielle
Le Parlement a adopté par 626 voix pour, 25 contre et 40 abstentions, une résolution contenant des recommandations à la Commission sur un régime de responsabilité civile pour lintelligence artificielle (IA).
Le Parlement a invité la Commission à proposer un règlement définissant les règles applicables aux actions en responsabilité civile des personnes physiques et morales engagées à lencontre des opérateurs des systèmes dIA.
Responsabilité et intelligence artificielle
La directive sur la responsabilité du fait des produits a, depuis plus de 30 ans, prouvé son efficacité en tant quoutil permettant dobtenir réparation du préjudice causé par un produit défectueux. Toutefois, il conviendrait de la réviser afin quelle soit mieux adaptée au monde numérique et à même de relever les défis posés par les technologies numériques émergentes.
Les députés estiment quil est impératif de garantir une sécurité juridique maximale tout au long de la chaîne des responsabilités, y compris pour le producteur, lopérateur, les personnes lésées et tout autre tiers, pour répondre aux nouvelles difficultés juridiques quengendrent les évolutions des systèmes dintelligence artificielle (IA). Les règles de responsabilité civile pour lIA devraient trouver un équilibre entre la protection des citoyens et le soutien à linnovation technologique.
Champ dapplication
La proposition de règlement demandée sappliquerait sur le territoire de lUnion lorsquune activité, un dispositif ou un procédé physique ou virtuel piloté par un système dIA a causé un préjudice ou un dommage sous la forme dune atteinte à la vie, à la santé ou à lintégrité physique dune personne physique ou aux biens dune personne physique ou morale, ou a causé un préjudice immatériel important entraînant une «perte économique vérifiable».
Le Parlement estime que les règles de responsabilité relatives à lopérateur devraient sappliquer à tous les types dexploitation des systèmes dIA, indépendamment du lieu de lexploitation et du fait que celle-ci soit de nature physique ou virtuelle.
Responsabilité objective du fait des systèmes dIA à haut risque
En vertu de la proposition demandée, lopérateur dun système dIA à haut risque serait objectivement responsable de tout préjudice ou de tout dommage causé par une activité, un dispositif ou un procédé physique ou virtuel piloté par un système dIA. Il ne pourrait sexonérer lui-même de sa responsabilité en faisant valoir quil a agi avec la diligence requise.
Bien que les technologies dIA à haut risque soient encore rares, les opérateurs de systèmes dIA à haut risque devraient souscrire une assurance responsabilité civile similaire à celle des véhicules à moteur. Le régime dassurance obligatoire pour les systèmes dIA à haut risque devrait couvrir les montants ainsi que létendue de lindemnisation. Lincertitude concernant les risques ne devrait toutefois pas se traduire par des primes dassurance dont le tarif serait prohibitif et constituerait un frein à la recherche et à linnovation.
Indemnisation
En vertu du règlement demandé, lopérateur qui a été tenu pour responsable dun préjudice ou dun dommage devrait procéder à une indemnisation:
- à concurrence dun montant maximal de deux millions deuros en cas de décès ou en cas datteinte à la santé ou à lintégrité physique dune personne lésée, résultant de lexploitation dun système dIA à haut risque;
- à concurrence dun montant maximal dun million deuros en cas de préjudice immatériel important entraînant une perte économique vérifiable, ou en cas de dommage causé aux biens.
Les actions en responsabilité civile fondées sur une atteinte à la vie, à la santé ou à lintégrité physique, seraient soumises à un délai de prescription spécial de 30 ans à compter de la date à laquelle le préjudice est survenu. Ce délai serait de 10 ans à compter de la date à laquelle le dommage a été causé aux biens ou à laquelle la perte économique vérifiable résultant du préjudice immatériel important est survenue.
Responsabilité pour faute du fait dautres systèmes dIA
Lopérateur dun système dIA qui nest pas défini comme un système dIA serait soumis au régime de la responsabilité pour faute en cas de préjudice ou dommage causé par une activité, un dispositif ou un procédé physique ou virtuel piloté par le système dIA. Lopérateur ne serait pas responsable sil peut prouver que le préjudice ou le dommage a été causé sans quil y ait eu faute de sa part.
Suivre les évolutions
La Commission est invitée à travailler en collaboration avec le marché de lassurance pour développer des produits dassurance innovants capables de combler le vide en matière dassurance.
Toute modification future du règlement devrait aller de pair avec la révision nécessaire de la directive sur la responsabilité du fait des produits, afin de garantir les droits et obligations de toutes les parties concernées tout au long de la chaîne de responsabilité.
Le Parlement a recommandé de dresser une liste exhaustive de tous les systèmes dIA à haut risque dans une annexe au règlement proposé. Compte tenu de la rapidité des évolutions technologiques, la Commission devrait revoir cette annexe au moins tous les six mois, et, si nécessaire, la modifier au moyen d'un acte délégué.