Mise en œuvre du mandat d'arrêt européen et des procédures de remise entre États membres
La commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures a adopté un rapport dinitiative de Javier ZARZALEJOS (PPE, ES) sur la mise en uvre du mandat darrêt européen et des procédures de remise entre États membres.
Le présent rapport évalue lapplication du mécanisme institué par la décision-cadre 2002/584/JAI relative au mandat darrêt européen dans les États membres concernés. Cet instrument repose sur le principe de reconnaissance mutuelle, ce qui signifie que les mandats darrêt européens émis dans un État membre doivent être directement reconnus et exécutés dans un autre État membre, sauf dans certains cas spécifiques.
Évaluation générale de la mise en uvre du mandat darrêt européen
Les députés reconnaissent que le mandat darrêt européen est un instrument efficace pour combattre la criminalité transfrontière grave et pour traduire en justice les auteurs dinfractions pénales graves au sein de lÉtat membre dans lequel des procédures pénales ont été engagées ou sont en cours. Ils relèvent toutefois que certains problèmes se posent et font apparaître la nécessité de laméliorer pour le rendre plus efficace,
Les problèmes rencontrés concernent principalement :
- les conditions de détention et dincarcération, la proportionnalité et la mise en uvre des garanties procédurales inscrites dans le droit de lUnion, en particulier le droit de double représentation en justice dans les États tant dexécution que démission;
- la formation;
- les questions spécifiques détat de droit, lexécution des peines privatives de liberté, les délais et les décisions par contumace;
- la question de la double incrimination;
- lincohérence dans lapplication des motifs de refus dexécution des mandats darrêt européens;
- labsence dun système de données complet permettant de produire des statistiques fiables sur les aspects tant qualitatifs que quantitatifs de lémission, de lexécution ou du refus dexécution des mandats darrêt européens.
Les députés recommandent de ne pas employer abusivement le mandat darrêt européen pour des infractions mineures, lorsquil nexiste pas de motifs de détention provisoire tout en suggérant de limiter le recours au mandat darrêt européen aux infractions pénales graves.
Recommandations pour améliorer le fonctionnement du mandat darrêt européen
Le rapport formule en particulier les recommandations suivantes :
- collecter des données fiables et à jour et les transmettre à la Commission de manière systématique de façon à mieux évaluer la coopération judiciaire et détecter les faiblesses;
- renforcer le principe de coopération loyale et clarifier la question de la double incrimination, laquelle constitue un problème dans certains cas, essentiellement en ce qui concerne les divergences dinterprétation du champ dapplication de la vérification et la question de la liste des infractions pour lesquelles aucune vérification ne devrait avoir lieu;
- veiller à la pleine application directives relatives aux droits procéduraux en vue de garantir le droit à un procès équitable;
- procéder à une analyse des infractions communes entre les États membres afin de mieux définir quand il convient de recourir au mandat darrêt européen;
- évaluer lajout de nouvelles infractions ou catégories dinfractions, telles que les infractions contre lenvironnement, certaines formes de fraude fiscale, les infractions motivées par la haine, les abus sexuels, les violences sexistes, les infractions commises au moyen doutils numériques, les infractions impliquant le recours à la violence ou constituant une menace grave contre lordre public des États membres, les crimes de génocide, les crimes contre lhumanité et les crimes de guerre;
- définir plus précisément les obligations et compétences des autorités nationales et des instances de lUnion participant aux procédures relatives au mandat darrêt européen et veiller à ce quelles soient spécialisées et fortes dune expérience pratique;
- assurer une application uniforme et un suivi efficace en matière de délais;
- prévoir un financement suffisant pour laide juridictionnelle apportée aux personnes sous le coup de procédures de mandat darrêt européen;
- soutenir le Réseau européen de formation judiciaire et les plateformes nationales de formation existantes pour les magistrats, ainsi que lancer, si nécessaire, une nouvelle plateforme de formation à destination des praticiens consacrée aux instruments de reconnaissance mutuelle.
Droits fondamentaux
Le rapport demande aux États membres de respecter les obligations découlant de larticle 2 du traité UE en matière de dignité humaine, de liberté, de démocratie, dégalité, détat de droit et de droits de lhomme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités. Les conditions de détention devraient à cet égard respecter la dignité humaine et des enquêtes devraient être menées en cas de violation des droits.
Tout en réaffirmant limportance dun mécanisme de lUnion pour la démocratie, létat de droit et les droits fondamentaux, les députés ont invité la Commission : i) à étudier la faisabilité dinstruments complémentaires en matière de droits procéduraux, concernant par exemple ladmissibilité des preuves et les conditions de détention provisoire, fondés notamment sur les normes du Conseil de lEurope et ii) à mettre en place une évaluation du respect du principe ne bis in idem et un contrôle de la proportionnalité lors de lémission dun mandat darrêt européen.
Assurer la cohérence du cadre juridique du mandat darrêt européen
Les députés estiment que la cohérence et lefficacité demeurent les principaux problèmes, et quune amélioration à cet égard reste possible. Ils invitent la Commission à assurer la cohérence en matière de reconnaissance mutuelle, afin de tenir compte de la jurisprudence de la Cour de justice de lUE, du niveau actuel dharmonisation du droit pénal et des procédures pénales des États membres, ainsi que des droits fondamentaux reconnus par la charte des droits fondamentaux.